Burkina Faso: Une partie des paramilitaires russes de la Brigade Bear quitte le pays

L'avenue Kwame Nkrumah, dans le centre de Ouagadougou, au Burkina Faso (illustration).

Une partie des paramilitaires de la société russe Brigade Bear, arrivée à Ouagadougou en mai 2024, font déjà ses valises pour faire face à l'avancée de l'armée ukrainienne dans le territoire russe. Au Burkina Faso, la Brigade Bear était chargée de la sécurité de hautes personnalités, parmi lesquelles pourrait figurer le président Ibrahim Traoré.

« En lien avec les événements récents, la brigade retourne en Crimée. » C'est ainsi, il y a deux jours sur sa chaîne Telegram, que la Brigade Bear annonçait son départ du Burkina Faso pour riposter à l'offensive ukrainienne à Koursk. Le retrait serait d'au moins 100 hommes sur un total de 300. Les éléments de la société paramilitaire russe avaient fait une entrée remarquée au Sahel en partageant des photos les montrant dans un vol de la compagnie panafricaine ASky ou encore devant les drapeaux nigérien et burkinabè.

Dans le journal Le Monde, le commandant des Bear, Viktor Yermaloev, surnommé « Jedi » explique devoir défendre son pays face à l'Ukraine et assure que sa brigade « retournera en Afrique dès qu'elle aura terminé son travail » en Russie. Le groupe paramilitaire affirme avoir été chargé de la sécurité de l'ambassadeur russe au Burkina Faso, mais en août, une vidéo montrait le président Ibrahim Traoré, entouré par des soldats assurant sa protection, cagoulés et portant un uniforme frappé du drapeau russe. Ce que confirme la Brigade Bear sur sa chaine Telegram.

« On n'a pas eu de détails par rapport aux contrats, mais si on suit l'habituel déploiement des paramilitaires russes dans un premier temps leur activité est surtout de protéger le régime en place. Et là, en l'occurrence d'après quelques vidéos, on les a vu entourer les forces du capitaine Traoré », abonde Dimitri Zufferey, du collectif All Eyes on Wagner.

Pour Maxime Audinet, chercheur à l'IRSEM Institut de recherche Stratégique de l'École Militaire, ce départ est une sérieuse coupe dans les effectifs. « Le rôle de garde prétorienne qu'assurent ces groupes paramilitaires, il est évident que réduire de moitié sa garde prétorienne est susceptible d'affaiblir la sécurité du régime. »

Jabir Touré, consultant en stratégie militaire, pense au contraire que cette annonce n'aura pas d'effet sur la sécurité du régime en place. « Même si cette brigade se retire, il va rester 200 hommes qui ne sont pas là pour faire de la lutte contre le terrorisme, mais plutôt pour sécuriser le régime. Je pense que 200 hommes sont largement suffisants. »

Pour le moment pas de calendrier sur le départ des supplétifs russes au Burkina Faso.

Ce départ intervient moins d'une semaine après le massacre de Barsalogho dans la région Centre-Nord du Burkina Faso où les jihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim) ont assassiné plus de 200 personnes. Un chiffre non confirmé par les autorités burkinabè.

Le rôle de garde prétorienne qu'assurent ces groupes paramilitaires, il est au coeur du package de l'offre sécuritaire qui était proposé avant par Wagner et qui est proposé maintenant par l'Africa Corp, cette nouvelle organisation parapluie qui justement gère ce corps expéditionnaire russe pour protéger les régimes amis, qui sont souvent des régimes issus de coup d'État.

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