Afrique: L'Accord militaire entre l'Égypte et la Somalie alarme l'Éthiopie

« La région entre dans des eaux inconnues », prévient une note du ministère des Affaires étrangères de la Fédération éthiopienne, en référence à la nouvelle situation qui s'est créée en Somalie, avec la fin de la mission militaire de l'Union africaine (African Union Transition Mission in Somalia ATMIS) et le lancement d'une nouvelle mission de soutien. Il s'agit de la Mission de soutien de l'Union africaine en Somalie (AUSSOM), à laquelle participeront des militaires burundais, ougandais et égyptiens.

« L'Éthiopie ne peut rester les bras croisés alors que d'autres acteurs prennent des mesures pour déstabiliser la région », affirme le communiqué éthiopien, qui s'adresse, sans la nommer, à l'Égypte, pays avec lequel un conflit amer est en cours au sujet du barrage de la Grande renaissance éthiopienne sur le Nil, que Le Caire considère comme une menace pour sa sécurité en matière d'eau et d'alimentation.

Le communiqué d'Addis-Abeba a été publié au lendemain de la signature par l'Égypte et la Somalie d'un pacte de défense et d'un protocole de coopération militaire, dans lesquels les deux pays réaffirment leur engagement à renforcer les liens bilatéraux et à consolider la sécurité régionale. Le pacte a été signé lors d'une visite du président somalien Hassan Sheikh Mohamud au Caire le 14 août, où il a rencontré le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi.

La signature de l'accord entre Le Caire et Mogadiscio a été suivie par l'atterrissage d'au moins deux avions-cargos de l'armée de l'air égyptienne transportant des armes et des équipements destinés à l'armée somalienne.

Le Caire consolide ainsi sa présence militaire en Somalie, pays qui entretient à son tour des relations difficiles avec l'Éthiopie en raison de l'accord militaro-naval conclu avec la région sécessionniste du Somaliland (voir Fides 3/1/2024 et 9/1/2024). Selon cet accord, en échange de la cession d'une base navale (l'Éthiopie a perdu l'accès à la mer après l'indépendance de l'Érythrée en 1993), Addis-Abeba s'est engagée à reconnaître le Somaliland comme un État souverain et indépendant. Cette démarche est inacceptable pour le gouvernement somalien, qui a déclaré qu'il n'accepterait pas la participation de l'Éthiopie à la mission de l'AUSSOM si Addis-Abeba ne renonçait pas à ses arrangements avec le Somaliland.

En même temps, l'Egypte entre en collaboration/concurrence avec la Turquie, un autre sponsor important de la Somalie, avec laquelle elle a signé des accords militaires et navals (voir Fides 22/2/2024) dans lesquels Ankara s'engage à garantir la sécurité de la côte somalienne et obtient en échange des droits d'exploitation des ressources offshore de Mogadiscio.

Des soldats turcs sont déjà officiellement présents en Somalie depuis un certain temps pour former des soldats et des policiers somaliens. Selon certaines sources, l'Égypte se prépare également à déployer jusqu'à 10 000 militaires en Somalie dans le cadre de la mission AUSSOM qui débutera officiellement en janvier 2025.

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