Afrique: Jeux paralympiques - Avec la nageuse ougandaise Kukundakwe, la valeur n'attend pas le nombre des années

Elle était la plus jeune athlètes des Jeux paralympiques de Tokyo. Trois ans plus tard, à Paris, revoilà Husnah Kukundakwe, encore plus déterminée à briller dans les bassins olympiques. À 17 ans, l'Ougandaise affiche une volonté et surtout une maturité impressionnantes.

De notre envoyé spécial aux Jeux paralympiques 2024,

Husnah Kukundakwe dépose précautionneusement son sac de sport, quelques minutes après avoir fini septième de sa série, lors du 100 mètres brasse catégorie SB8 des Jeux paralympiques de Paris 2024, ce vendredi 29 août à La Défense Arena. La para-nageuse chausse alors une petite paire de lunettes rondes qui lui donne un petit coup de vieux et ferait presque oublier qu'elle n'a que 17 ans. « J'ai eu une approche évidemment différente pour ces Jeux, par rapport à ceux de Tokyo, explique-t-elle d'un ton très assuré. Déjà, je suis plus âgée qu'en 2021. Je suis peut-être un peu plus grande aussi en taille. Et j'ai plus d'expérience dans cette épreuve ».

Au Japon, l'Ougandaise était la benjamine des Jeux paralympiques. Un statut à double tranchant. D'un côté, il lui avait offert une médiatisation exceptionnelle. Mais, de l'autre, cette étiquette avait aussi mis une pression certaine à la jeune fille, alors âgée de 14 ans. « Rétrospectivement, c'était assez difficile à vivre, parce que j'étais nerveuse. Mais, en même temps, mon objectif principal était de faire de mon mieux et de m'amuser en le faisant. Ce qui n'est pas foncièrement différent de maintenant. Sauf que je suis plus âgée », tempère-t-elle.

« Les Jeux paralympiques ont changé ma vie »

Ce qui a changé pour celle qui est née sans avant-bras droit et avec une malformation à la main gauche, c'est surtout l'assurance acquise. Elle insiste là-dessus : « Les Jeux paralympiques ont changé ma vie car j'ai décidé de devenir un modèle, notamment pour les jeunes enfants qui veulent réaliser leurs rêves. En plus de ça, je suis devenue une sorte de conférencière en motivation. J'ai plus confiance en moi et j'ai beaucoup exercé mon discours. »

Il est loin le temps où la jeune femme tentait de cacher son handicap. Husnah Kukundakwe sait ce qu'elle veut et l'assume, avec un emploi du temps spartiate à Kampala, entre école et entraînements intensifs dans un petit bassin (25 mètres) loin des standards internationaux : « C'est assez difficile, car j'ai du mal à trouver du temps, notamment pour réviser. De 5 à 7 heures du matin, je vais nager. Et puis, de 18h à 20h, je nage encore. Mais entre les deux, je dois trouver le temps de me plonger dans mes livres ou de rattraper mon retard scolaire, surtout lorsque je voyage. J'essaie d'avoir toujours une routine stricte et de la respecter afin de trouver un équilibre entre les deux, pour être performante dans les deux, car je suis aussi très impliquée dans ma scolarité ».

Devenir médecin pour comprendre son handicap

À terme, l'athlète espère en effet devenir médecin. « C'est dû à mon envie de savoir comment j'ai contracté mon handicap, glisse l'intéressée. J'ai donc toujours été curieuse et je me suis retrouvée à ne pas comprendre ce que je lisais sur le sujet sur Google. Je veux donc découvrir la science, la réalité scientifique derrière tout ça, et ça n'est possible que grâce à la médecine. C'est donc mon prochain rêve, après en avoir fini de la natation ».

Mais, celle qui a découvert ce sport à l'âge de trois ans, n'est pas prête à jeter sa serviette de bain. « Pourquoi est-ce que je ne continuerais pas ? C'est amusant la compétition, lance-t-elle. J'adore être au contact de la foule, comme ici. C'est un terrain immense. La natation est un sport tellement divertissant ».

Et quand Husnah Kukundakwe est rattrapée par la réalité de son âge et les difficultés qui vont avec, elle sait comment gérer. « À chaque fois que j'ai besoin de faire un break, j'en parle toujours à ma mère et à mon coach et ils comprennent, car j'ai vraiment un long chemin devant moi et je compte en profiter au maximum. Mais, pour l'instant, je profite autant que je peux. Parce qu'on ne sait jamais ce qui va se passer dans le futur. Il s'agit de tirer le meilleur du moment présent et non de demain. Je suis assez passionnée », conclut l'Ougandaise, avant de reprendre son sac et de filer vers ses deux prochaines épreuves : les 50 m nage libre le 5 septembre et le 100 m papillon le 7 septembre.

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