Afrique: Mpox - Les premières doses de vaccins disponibles en Afrique

30 Août 2024

YAOUNDE — Le Nigeria est le premier pays africain à avoir reçu, ce 28 août, 10 000 doses de vaccins (Jynneos MVA) contre le Mpox, fabriqués par la firme pharmaceutique danoise, Bavarian Nordic.

Offerts par le gouvernement américain, ces vaccins seront administrés en deux doses à 5 000 personnes, principalement dans les États où le taux de morbidité est le plus élevé.

Quant à la République démocratique du Congo (RDC), pays africain le plus touché par cette maladie virale, les premières doses du vaccin contre le Mpox sont attendues dès le 1er septembre, a annoncé Jean Kaseya, directeur général du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC), au cours d'une conférence de presse en ligne tenue le 28 août.

"Ce vaccin est le même qui a été utilisé aux États-Unis et en Europe. Il a été donné à des millions d'Américains et d'Européens ; ce qui a permis d'arrêter l'épidémie [déclarée en 2022]. Nous avons fait toutes les études, nous veillons à ce que la qualité de ce vaccin soit la même que les autres ont reçu"Jean Kaseya, Africa CDC

Ce sont au total 65 000 doses, soit 50 000 doses envoyées par les États-Unis et 15 000 fournies par l'Alliance du vaccin, GAVI. Selon Jean Kaseya, en dehors de la surveillance épidémiologique et du dépistage, le vaccin est l'un des moyens les plus sûrs d'arrêter cette épidémie.

« Ce vaccin est le même qui a été utilisé aux États-Unis et en Europe. Il a été donné à des millions d'Américains et d'Européens ; ce qui a permis d'arrêter l'épidémie [déclarée en 2022]. Nous avons fait toutes les études, nous veillons à ce que la qualité de ce vaccin soit la même que les autres ont reçu », a-t-il rassuré.

Africa CDC va également déployer dans les zones affectées par la maladie, au cours du mois de septembre, 72 épidémiologistes qui devront « vérifier la qualité des données ».

« Nous avons vu des situations où il y a eu un problème de données. Voilà pourquoi ces épidémiologistes, en plus de l'appui qu'ils vont donner aux équipes de terrain, vont aussi s'appesantir sur la qualité des données, afin que nous puissions avoir des données qui nous permettent de prendre de bonnes décisions... Vous allez voir que dans les prochaines semaines, nous allons commencer à donner ce que nous pensons être des données de qualité grâce à cet appui « , précise le DG d'Africa CDC.

Plans de riposte continental

Pour la première fois depuis sa création, Africa CDC a déclaré, le 13 août dernier, que cette nouvelle épidémie de Mpox constituait « une urgence de santé publique de portée continentale (PHECS) en Afrique ».

« Cette déclaration marque un moment important dans l'histoire de la santé publique en Afrique et montre la gravité de la situation et la nécessité d'une réponse unifiée, à l'échelle du continent, à cette maladie qui se propage rapidement », explique Nicaise Ndembi, conseiller scientifique du directeur d'Africa CDC et coordonnateur de la réponse au virus Mpox pour l'Union africaine et Africa CDC.

Interrogé par SciDev.Net, il souligne qu'il est désormais « urgent de mener des actions coordonnées aux niveaux national, régional et international pour arrêter la propagation du Mpox ».

Outre les actions prises pour lutter contre la propagation de cette maladie, Africa CDC travaille sur l'élaboration d'un « plan de riposte continental ».

Ce plan, a indiqué Jean Kaseya, devrait tenir compte des besoins et spécificités de chaque pays. Le plan de riposte continental consolidé devrait être présenté « dans les prochaines semaines par le comité des chefs d'État africains qui devrait l'entériner », a-t-il précisé.

Contrairement à Africa CDC, l'OMS a déjà lancé un plan stratégique mondial de préparation et de riposte globale au Mpox. Ce plan nécessite 87,4 millions de dollars au cours des six prochains mois (septembre 2024-février 2025).

Ce besoin financier devrait permettre de « maitriser ces flambées épidémiques, notamment dans le cadre d'une surveillance, d'une riposte intégrée, minimisant les transmissions zoonotiques et permettant aux communautés de participer de manière active à la prévention et à la maitrise des flambées épidémiques », a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, à l'ouverture de la 74e session du Comité régional de l'OMS pour l'Afrique, le 26 aout à Brazzaville au Congo.

Le patron de l'OMS ajoute qu'il s'agira aussi de faire avancer la recherche ainsi que l'accès équitable aux moyens de lutte, dont la vaccination. « Je suis certain qu'avec le leadership des pays touchés ainsi que l'appui de l'OMS, des partenaires tels que Africa CDC et les autres partenaires, nous arriverons à maitriser cette épidémie rapidement, comme nous avons pu le faire avec d'autres épidémies au cours des dernières années », a-t-il confié.

Nouveaux variants

Selon les dernières données épidémiologiques publiées par l'OMS, le 28 août, 14 pays africains ont déclaré des cas de variole simienne Mpox. Le Gabon a confirmé un premier cas du virus sur son sol le 22 août. La RDC demeure le pays africain le plus touché par l'épidémie avec un total de 3 244 cas et 25 décès enregistrés en 2024.

Le Burundi (231 cas, 0 décès), la République centrafricaine (45 cas, 1 décès), le Nigeria (41 cas, 0 décès), la Côte d'Ivoire (28 cas, 1 décès), l'Afrique du Sud (24 cas, 3 décès) et le Congo (23 cas, 0 décès), figurent parmi les pays qui enregistrent une flambée des cas.

Pour Flaubert Mba, spécialiste de la faune sauvage et point focal One Heath au Centre de recherche sur les maladies émergentes et re-émergentes (CREMER) au Cameroun, « la survenue du nouveau variant (clade Ib) plus virulent et l'augmentation de la transmission Homme-Homme, avec de nouvelles voies telles que la transmission sexuelle, reste inquiétante ».

En plus de la vaccination et des mesures d'hygiène recommandées, il estime que les États africains doivent mettre un accent sur la surveillance épidémiologique, et en particulier la surveillance épidémiologique de la faune sauvage et des zones d'interface de celle-ci avec les hommes.

« Notons que le Mpox est une zoonose ré-émergente, donc maladie transmise de l'animal à l'homme et vice versa. Un accent particulier doit être mis dans les zones à risque associées à une cartographie de risque et les zones des anciens foyers », suggère le virologue.

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