Madagascar: Insécurité - Rajoelina met le holà aux kidnappings

Sans ambages, le président de la République ordonne aux Forces de défense et de sécurité de mettre un terme aux enlèvements en milieu rural. Il a particulièrement mis l'accent sur le cas d'Anjozorobe.

Un ordre direct. C'est ce que Andry Rajoelina, président de la République, a donné aux Forces de défense et de sécurité (FDS) au sujet de la lutte contre le kidnapping qui sévit en milieu rural depuis plusieurs mois. En somme, l'ordre consiste à y mettre un terme dans les plus brefs délais.

Cet ordre a été donné par le chef suprême des Forces armées durant son discours à la cérémonie de sortie de promotion des nouveaux officiers de l'Académie militaire (Acmil) d'Antsirabe, hier matin. Juste avant la cérémonie, en effet, l'information selon laquelle cinq otages ont été exécutés par leurs ravisseurs dans le district d'Ankazobe a été publiée. Une information énoncée de vive voix par le Président pour souligner la tournure dramatique que prend l'insécurité dans cette circonscription et ses environs.

Devant la majorité des hauts responsables des FDS, Andry Rajoelina déclare alors : « À tous les responsables, à tous les niveaux, voici ma directive : Nous devons tout faire pour vaincre les kidnappeurs qui terrorisent nos compatriotes », en ajoutant :

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« Si je dis cela ici, c'est qu'il est inconcevable et douloureux de savoir que des Malgaches osent assassiner leurs compatriotes. »

Outre les trois ministres représentants des FDS, le chef d'état-major des armées, le commandant de la gendarmerie nationale et le directeur général de la police nationale ont été présents durant la cérémonie à l'Acmil. L'autre directive présidentielle, annoncée de vive voix hier, est que les responsables se rendent sur place afin d'organiser une reprise en main rapide de la situation sécuritaire.

Rançon astronomique

L'ordre présidentiel est visiblement reçu puisque, immédiatement après la cérémonie de sortie de promotion, le chef d'état-major des armées et le commandant de la gendarmerie nationale ont embarqué dans un hélicoptère en direction d'Anjozorobe. Toutefois, à l'entendre, plus que les descentes sur le terrain et l'élaboration de plans de bataille, le locataire d'Iavoloha veut aussi des résultats probants.

Cette obligation de résultat de la part des responsables à tous les niveaux, le locataire d'Iavoloha l'a glissée dans le message qu'il a adressé aux nouveaux sortants de l'Acmil. « Le plus important, ce n'est pas de partir en mission, mais de la réussir », lance ainsi le président Rajoelina. C'est justement après avoir fait part de cette citation dont il souligne être l'auteur que le chef de l'État a donné l'ordre aux FDS d'éradiquer les rapts meurtriers dans les circonscriptions des régions Analamanga, Anjozorobe et Betsiboka.

Une mission est vaine s'il n'y a pas d'accomplissement au bout, renchérit donc le président de la République. Les actes de kidnapping terrorisent et endeuillent plusieurs localités rurales voisines, réparties dans les trois régions précises, depuis plusieurs mois. Au départ, le district de Tsaratanàna était le théâtre de ces kidnappings qui se concluent souvent par l'assassinat des otages. Alors qu'une certaine accalmie est constatée à Tsaratanàna, c'est dans le district d'Anjozorobe que les ravisseurs sévissent depuis plusieurs semaines.

Les cinq otages dont le Président a annoncé l'assassinat avaient été enlevés près de la commune rurale de Marotsipoy, dans le district d'Anjozorobe. Membres d'une même famille, ils avaient été capturés le 4 août alors qu'ils se rendaient à Marotsipoy pour récolter des produits agricoles. Ce sont les ravisseurs eux-mêmes qui ont informé la famille de l'exécution des otages, jeudi en milieu de journée.

Selon les explications de sources avisées, « les réseaux de voleurs de bovidés dans cette zone se sont convertis dans le kidnapping, qu'ils estiment plus rentable. Ils estiment probablement que c'est de l'argent facile à se faire. Par ailleurs, il n'y a plus beaucoup de bétail à voler dans cette partie du pays. » Les rançons demandées par les kidnappeurs sont d'un montant astronomique. Pour les cinq victimes à Marotsipoy, la rançon demandée a été de 200 millions d'ariary.

Selon les explications toujours, la géographie de la zone où sévissent et se cacheraient les auteurs des rapts rendrait la traque difficile. Depuis l'année dernière, les opérations spéciales pour une reprise en main de la situation sécuritaire se succèdent. Des éléments d'élite de l'armée, de la gendarmerie et de la police s'y activent. Du matériel de géolocalisation des téléphones mobiles et des hélicoptères sont déployés pour intensifier les traques. La violence de certaines opérations pourrait même choquer les défenseurs des droits de l'homme.

Les opérations déployées par les FDS sont suivies d'une période d'accalmie. Pourtant, après le retrait des troupes, les rapts reprennent de plus belle et sont plus délétères.

« De prime abord, les opérations spéciales n'ont pas pu ou n'ont pas su démanteler les réseaux de kidnappeurs. Un autre fait frappant est que les bandes de ravisseurs disposent d'arsenal impressionnant, dont du matériel militaire. Ce qui pourrait être un indicatif des ressources dont ils disposent », s'accordent les sources, du reste.

Le fait que le président de la République fasse une déclaration publique sur le sujet, et qu'il aille jusqu'à en donner l'ordre d'y mettre un terme publiquement, témoigne que l'ampleur prise par les actes de kidnapping en milieu rural a atteint un seuil inacceptable. Aux responsables des FDS donc d'en prendre acte, d'agir en conséquence pour des résultats probants et durables.

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