Ile Maurice: Constats

1 Septembre 2024

Quand on voit la fréquence avec laquelle des déchets domestiques de toutes sortes sont nonchalamment éparpillés un peu partout dans le pays, on ne peut que conclure à une citoyenneté en décrépitude et pousser un long soupir de désespoir.

Il est évident que tous les citoyens ne sont pas concernés, que certains font même du tri, qu'ils utilisent les bennes appropriées en conséquence, qu'ils font du compostage et militent même parfois activement en nettoyant des plages ou en offrant des poubelles dans un village.

Mais qui sont donc ces foutriquets qui jettent, par contre, leurs boîtes de McDo/KFC, ou leurs chopines PET dans la nature, plutôt que de les ramener dans une poubelle chez eux ? Qui sont ces hommes méprisables (je ne sais pas pourquoi, mais je prends le pari d'être sexiste sur cette question...) qui, plutôt que de payer un « transport » pour jeter leur frigo décédé ou leurs « restes de chantier » CHOISISSENT plutôt un « petit tour » vers un endroit discret et généralement vert, pour évacuer leur problème illico presto.

Qui sont donc ces inconscients qui utilisent les rivières et les drains comme les convoyeurs épisodiques de la merde qu'ils débarrassent de chez eux : matelas, fauteuils cassés, plastiques divers, jouets déglingués, bouteilles de javel ou pots de peinture vides, pinceaux et brosses à dents en fin de vie... Cette semaine même, on pouvait y rajouter une poubelle à ciel ouvert d'un richissime commerçant, à la rue Simonet à Floréal, ou les environs de la clinique Agarwal à Ébène ou encore le nouvel embranchement menant du pont SAJ vers Gros-Cailloux...

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Le constat est accablant si l'on veut bien regarder autour de soi, ce à quoi les autorités gouvernementales ou régionales ne semblent pas accorder beaucoup de temps. Ces mêmes autorités ne paraissent pas, non plus, prendre des mesures correctives en amont, préférant peut-être privilégier les contrats de nettoyage aux parasites du pouvoir en aval, plutôt que de favoriser et d'insister pour une éducation civique soutenue, des poubelles, un service gratuit pour enlever les déchets lourds qui ne s'arrêtera pas aux seules maisons bourgeoises et des déchetteries qui fonctionneraient mieux, favorisant le tri, le recyclage, la production d'énergie et le compostage...

Nous avons, me dit-on, un ministère de l'Environnement ? Qui s'occupe aussi de Solid Waste Management ? En sommes-nous, cependant, certains ?

Les gros bras qui ont arrêté les manifestants du groupe Rann Nou Later à Côte-d'Or mardi ont commis une erreur qui aurait pu être évitée. En effet, les participants à ce rassemblement respectaient la loi (moins de 11 personnes peuvent se rassembler sans la permission de la police), animaient un rassemblement de protestation pacifiquement et n'étaient ni rogue, ni vagabond, dans aucun sens consacré de ces termes.

La police, quant à elle, n'avait aucune raison de croire que les animateurs de Rann nou later avaient commis quelque crime ou qu'ils étaient en instance d'en commettre un ou qu'ils étaient seulement capables de troubler la paix publique. Le fait que les policiers étaient bien plus nombreux que les manifestants suggère qu'ils n'étaient pas là par hasard et qu'ils s'étaient donné les moyens de dissuader tous les dérapages possibles...

Entre dissuasion et répression, il y a quand même de la marge ? À l'initiative de qui choisit-on la répression ? Il faut le savoir et il faudrait que le donneur d'ordre assume ses responsabilités !

L'inspecteur Shiva Coothen aurait déclaré, selon Le Défi que « pour certaines invitées, cette manifestation n'augurait rien de bon ». Est-ce bien suffisant de se baser sur le « sentiment d'invités » plutôt que sur ce que pensait la police elle-même des risques de dérapage ? Car, si, sous la Constitution, les libertés fondamentales qui comprennent la liberté de conscience, la liberté de s'exprimer et la liberté de mouvement (articles 3, 5, 11, 12 et 15) peuvent être mises de côté et bafouées aussi facilement, le danger pour le pays est clair !

Cette intervention musclée de la police basée sur le « sentiment d'invités » à une cérémonie gouvernementale, à côté à Côte-d'Or, va, au final, donner une affreuse image de répression intempestive au gouvernement. Car si ce n'est certainement pas encore une situation de tontons macoutes, les arrestations de Côte-d'Or, pour reprendre les termes de « certains invités », n'augurent rien de bons non plus pour les semaines à venir et peut-être même pour nos avenirs communs...

Car ces arrestations brutales confirment, malheureusement, un pas de plus dans le cheminement vers nos tontons à nous !

La cadence à laquelle on construit de nouvelles stations d'essence localement est, je suppose, en phase avec la vitesse avec laquelle on vend de nouvelles voitures, principalement à essence, malgré la politique gouvernementale de détaxer et même d'un peu subventionner les voitures électriques, grâce à un droit d'accise négatif de 10 %, plafonné à Rs 200 000 ? En fait, les chiffres indiquent une accélération de la vente des véhicules électriques qui passent de 7,2 % du total des nouveaux véhicules en 2023 à 9 % pour les sept premiers mois de 2024. Pour les hybrides, la progression est plus forte, passant de 18,3 % à 24,6 % du total. Mais il faudra clairement accélérer... pour brûler moins d'essence ou de diesel !

Cependant, à voir ces nouveaux débits d'essence, il y a sûrement un peu d'incohérence quelque part si l'on est vraiment en route vers 60 % d'énergie renouvelable en 2030 ? Et si l'on veut vraiment réduire la note pétrolière du pays qui, à 1,15 milliards USD et 16,8 % du total de nos importations de 2022, reste, de loin, l'item le plus important de notre note d'importations avec, ironiquement en deuxième position, les briquettes de charbon avec 314 millions USD et, en troisième position... les voitures, elles-mêmes, avec 248 millions USD.

Quel peut, en effet, être l'espoir d'amortir une station essence, au fur et à mesure que le moteur à essence est forcément remplacé par l'hybride plug-in, le véhicule électrique, voire éventuellement le moteur à hydrogène annoncé par Toyota ? (*)

L'hydrogène ! C'est peut-être cela l'avenir à moyen/long terme des stations essence d'aujourd'hui ? Puisque contrairement aux EV, le réapprovisionnement en hydrogène ne prendra que cinq minutes, c.-à-d., bien moins de temps que le plus rapide des fast chargers électriques du jour...

Il faudra cependant attendre encore quelques années !

Une déclaration du General Manager (GM) de la State Trading Corporation (STC), importateur exclusif de notre pétrole, dans Business Magazine cette semaine, m'interpelle. Dans un sujet journalistique qui prédit que la note pétrolière du pays va dépasser les Rs 70 milliards en 2024 (+22 %), tous les intervenants s'accordent à dire que la dépréciation de la roupie est un des facteurs clés expliquant cette hausse, puisque le prix du baril, quant à lui, a oscillé autour de 80 USD, avec des pointes très temporaires de 92 USD en septembre 2023 et avril 2024.

Les sommets de 120 USD, atteints après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, n'auront duré que six mois. Or, c'est un fait, la moyenne annuelle du coût du dollar américain en 2023 a été de Rs 45,115 et n'a augmenté qu'à une moyenne de Rs 46,055 cette année, jusqu'ici (+2,1 %) Cet article semble aussi exonérer le fret, le Baltic Clean Tanker Index, indicateur, nous dit-on, de l'évolution des prix du transport maritime des produits pétroliers, ayant chuté de 55 % de son plus haut niveau de janvier.

Le coupable est ailleurs ! À première vue, les 22 % d'augmentation de la facture pétrolière ne pourraient alors que provenir principalement d'une consommation accrue ! Le GM de la STC y fait subtilement référence. Ces importations qui explosent seraient donc plutôt liés au fait que nous avons plus de véhicules sur nos routes(**), que la transition vers les véhicules électriques est plutôt lente et, peut-être même, que la moyenne des véhicules que nous importons consomme plus de litres d'essence par kilomètre de route, parce qu'influencée par de plus grosses cylindrées ? Plus d'avions ? De bunkering ? Une enquête plus poussée sera nécessaire.

Ce qui m'interpelle particulièrement dans la déclaration du GM de la STC, c'est qu'il avance : «Évidemment, l'appréciation du dollar y est pour quelque chose dans l'augmentation de la facture d'importation nationale.» Or, que le dollar soit plus stable ou pas (voir ci-dessus), nous pensions tous que la STC avait trouvé une formule magique pour importer du pétrole... en payant en roupies ! Ce dont son communiqué officiel du 11 septembre 2023 se vantait, d'ailleurs, plutôt généreusement(***).

Le fournisseur de pétrole jusqu'à juillet 2024, c.-à-d., Mercantile and Maritime Group, qui raflait le contrat de gré à gré, après l'annulation d'un appel d'offres en bonne et due forme, aurait-il résisté au bonheur d'un nouveau paiement en roupies ? La disparition de la Silver Bank, en février 2024, y serait-elle pour quelque chose ?

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