Vendredi 30 août 2024, sur la piste d'athlétisme du Stade de France, Fayssal Atchiba a battu son record personnel en courant le 100 mètres de sa catégorie en 11 secondes 24. Insuffisant pour aller en finale des Jeux paralympiques de Paris. Mais, trois ans après ses premiers Jeux à Tokyo, le Béninois de 32 ans l'assure : ce n'est qu'une nouvelle étape.
« Même si je n'ai pas pu tirer mon épingle du jeu, j'ai fait un nouveau pas en avant. » La médaille dont il rêvait tant, celle qui aurait été la toute première de l'histoire du Bénin aux Jeux paralympiques, Fayssal Atchiba n'a pas pu la décrocher, ce 30 août 2024, sur la piste humide du Stade de France. Le Béninois a en effet fini 12ème (sur 18) des séries du 100 mètres T47 [1]. Mais il donne d'ores et déjà rendez-vous à Los Angeles, dans quatre ans. « Je ne compte pas m'arrêter là parce que l'objectif n'est pas encore atteint, affirme-t-il. Je vais continuer jusqu'à avoir cette médaille ».
Fayssal Atchiba assure se sentir poussé en ce sens et remercie grandement les autorités de son pays pour leur soutien en vue de Paris 2024. Mais il les appelle aussi à l'aider encore plus pour 2028 : « On a bénéficié d'un stage de deux mois à Montfort-le-Gesnois [centre-ouest de la France, NDLR] pour préparer ces Jeux et on a senti une amélioration des performances, avec un chrono qui est passé de 11 secondes 35 à 11"24. Je pense donc que, si cela avait été un stage de 2 ou 3 ans, on aurait peut-être eu encore davantage de surprises ! J'implore le gouvernement de ne pas s'arrêter à un stage de 2 mois. »
En attendant cet éventuel nouvel effort du gouvernement du Bénin, l'athlète de 32 ans va regagner Abomey-Calavi, commune située à quelques kilomètres de Cotonou, où il subsiste grâce des petits boulots. « Tout ça, c'est difficile, parce que le haut-niveau nécessite des moyens financiers, surtout pour nous, les personnes en situation de handicap, insiste le sprinteur. On n'a pas de sponsors. On pratique le sport grâce à nos propres moyens, alors qu'on est limité financièrement ».
Amputé à l'âge de 12 ans, il a dû abandonner le football
Au moins, là-bas, peut-il compter ponctuellement sur les précieux conseils de ses aînées, la coureuse de demi-fond Noélie Yarigo et l'heptathlonienne Odile Ahouanwanou, références béninoises en athlétisme. « Noélie est une amie et on rigole ensemble. Quand elle vient au pays, on s'entraîne parfois ensemble. Elle me fait aussi des petits présents parce que je suis son petit frère », sourit-il.
Des gestes qui redonnent du courage à Fayssal Atchiba et l'encouragent à persévérer dans l'athlétisme, lui qui ne jure pourtant que par le football. « C'était ma passion, mais j'ai été amputé à l'âge de 12 ans, explique l'intéressé, au sujet d'un accident survenu sur un marché de Bassila, la ville d'où il vient. J'ai ensuite voulu revenir au ballon rond, mais c'est très compliqué d'avoir des débouchés dans ce sport quand on est handicapé. Et c'est pour ça que je me suis tourné un jour vers un club de para-athlétisme ». Mais il ne ferme pas totalement la porte à un retour vers son premier amour. « Si l'occasion se présente, j'aimerais bien me lancer aussi dans du football pour amputés [2] parce que c'est une nouvelle discipline qui prend de l'ampleur. Et j'y serai gardien de but ! », conclut-il dans un large sourire, bien décidé à briller encore plus.
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[1] Catégorie réservée aux athlètes avec une amputation ou une déficience sous le coude ou le poignet.
[2] Dans ce sport qui se joue à 7 contre 7, les joueurs de champ n'ont qu'une seule jambe et les gardiens de but n'ont qu'une seule main.