Ile Maurice: Adi Sankara Peruman, président du MTCCT, s'exprime

1 Septembre 2024

Le centre culturel tamoul qui devait voir le jour initialement à Réduit continue à faire des vagues. Cela, parce que d'aucuns conteste sa relocalisation à Côte-d'Or, comme l'a décidé le gouvernement. Et puis mardi, la situation a pris une nouvelle tournure. Alors que le Premier ministre participait à une fonction officielle pour remettre le leasing agreement du terrain à Côte-d'Or pour le centre en question, des membres du mouvement Rann Nou Later tenaient une manifestation qui a rapidement dégénéré. L'élément déclencheur, selon eux, a été la démonstration de force de certains membres de la police qui leur auraient arraché leur pancarte des mains alors qu'ils manifestaient pacifiquement et n'avaient pas dépassé les 12 personnes requises pour demander l'autorisation de la police.

Les choses se sont envenimées lorsque, face à la brutalité des policiers et la réticence des manifestants, Rajen Narsinghen a animé un point de presse sur les lieux. Il a alors été traîné et embarqué de force avant d'être conduit au poste de police de Quartier-Militaire, puis à la clinique de Wellkin où il a été admis. Le juriste et ex-chargé de cours à l'université de Maurice (UoM) a indiqué avoir subi des blessures aux genoux, au bas du dos et au torse. Il a quitté l'établissement hospitalier jeudi et se fait désormais suivre par plusieurs médecins. Il compte, dès qu'il sera rétabli, porter plainte pour violence, non-assistance à personne en danger, intrusion dans la vie privée et aussi le fait qu'on ne l'ait pas laissé choisir son médecin, entre autres. Il a indiqué pouvoir identifier plusieurs - au moins trois pour l'heure - policiers en civil qui l'ont malmené.

Entre-temps, alors que les membres du mouvement Rann Nou Later ont été interpellés mardi - parmi Devarajen Kanaksabee, Veda Gounden ou encore Viralen Sooben, arrêté jeudi sous une charge de «molesting public officer» - le président du Mauritius Tamil Cultural Centre Trust (MTCCT), Adi Sankara Peruman, et quelques autres personnes assistaient à la fonction ou était Pravind Jugnauth. Ce qui a engendré la polémique sur les réseaux sociaux, des internautes traitant Peruman de «chatwa». Nombreux sont ceux qui lui ont demandé de prendre position sur l'incident. Contacté vendredi après-midi, le président du MTCCT soutient qu'il condamne toute forme de violence mais qu'il faut aussi reconnaître que les manifestants avaient eux aussi utilisé un «langage vulgaire. Que chacun assume sa responsabilité», a-t-il lancé.

Il ajoute qu'il faut reconnaître que le gouvernement donne non seulement un terrain d'un arpent pour ce centre culturel tamoul mais aussi un bâtiment qui coûtera environ Rs 50 millions. «Qui aurait fait autant pour cette cause ?» Certains de ses détracteurs avancent que la majorité des fédérations n'étaient pas d'accord pour quitter Réduit pour La Vigie, dans un premier temps, et désormais Côte-d'Or. Adi Sankara Peruman souligne ne pas être au courant du courroux de cette «majorité». «Kot bann lezot-la alor kan zot finn manifeste ?» Ils n'étaient que quelques-uns, dit-il, alors qu'un bon nombre de personnes étaient sous la tente dans la fonction. «Partou kot mo pe pase, dimounn pe dir nou fonsé, nou ek zot !»

Pour rappel, le terrain de Réduit avait été accordé à la Mauritius Tamil Temples Federation (MTTF) par le gouvernement en 2003. Mais le gouvernement actuel a décidé de reprendre ce terrain en donner un autre à La Vigie en premier lieu. Ce qui n'était qu'une rumeur en début d'année dernière été confirmée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, le 14 avril 2023 toujours, lors des célébrations de Varusha Pirrapu à l'institut Mahatma Gandhi. Selon lui, l'État avait besoin de ce terrain pour des projets de développement.

Le mouvement contestataire ne veut rien entendre. Ainsi a débuté toute la campagne Rann Nou Later : réunions, mobilisations et manifestations pacifiques dans les rues de la capitale et devant le Parlement. D'ailleurs ce sujet avait fait l'objet d'au moins deux Private Notice Questions (PNQ) de l'ex-leader de l'opposition, Xavier-Luc Duval. C'est d'ailleurs lors de la première PNQ que le nom d'Avinash Gopee avait été cité. Xavier-Luc Duval avait notamment demandé à l'adjoint au Premier ministre Steven Obeegadoo si, en réalité, le terrain n'avait pas été repris pour être offert au groupe Gopee - qui possède déjà une maison de retraite et une clinique à côté. Steven Obeegadoo s'était embarqué dans une longue explication sans répondre à la question.

Lors de la deuxième PNQ, toujours destiné à Obeegadoo, ce dernier avait indiqué que le terrain en question ne serait pas restitué à la MTTF. Il faut noter que de 2005 à 2014, il n'y a eu aucun développement sur ledit terrain à Réduit en raison de problèmes de permis notamment. Aujourd'hui encore, la question entourant le prochain occupant du terrain de Réduit reste posée. «Le temps nous dira si nous avons raison. Mais il faudra maintenant connaître la position de Xavier-Luc Duval sur le combat de Rann Nou Later. Il avait même, à un moment donné, participé aux manifestations de la MTTF», rappelle un proche du mouvement.

Il faut aussi savoir qu'en ces temps de polémique, la Mauritius Broadcasting Corporation a publié une nouvelle, jeudi. «Une statue de Muruga de 17 mètres de haut sortira bientôt de terre dans le nord, plus précisément à Cap-Malheureux. Ce sera l'une des plus grandes statues de la divinité Muruga au monde. La sculpture de cet ouvrage architectural est assurée par des artisans de Chennai. Les travaux devraient durer trois mois.» Est-ce pour apaiser la colère de la communauté tamoule alors que les législatives approchent ? C'est en tout cas ce qu'insinuent des détracteurs...

Nouvelle réunion de mobilisation hier

Une importante réunion de mobilisation, regroupant plusieurs membres des fédérations tamoules, s'est tenue hier au siège de la Mauritius Tamil Temples Federation (MTTF). L'objectif, selon les interventions des participants : réfléchir «plus loin» sur la stratégie à adopter afin d'obtenir du gouvernement le terrain au Réduit Triangle pour la construction du centre culturel tamoul, projet qui, rappelons-le, aura été finalement réalisé à Côted'Or, contre la volonté de plusieurs personnes. Durant cette réunion, plusieurs participants ont exprimé leur solidarité envers les membres malmenés lors de la manifestation pacifique de mardi, dont Rajen Narsinghen. Parmi les orateurs, Rajen Valayden s'est s'interrogé sur la «personne ou le groupe» qui pourrait occuper le terrain à Réduit au détriment de la communauté tamoule.

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