Ile Maurice: Petites et moyennes entreprises, grand stress

1 Septembre 2024

Trois semaines après l'annonce de la révision de la relativité salariale dans le secteur privé, la Mauritius Revenue Authority (MRA) a dévoilé les modalités d'un soutien financier destiné aux employeurs éligibles. Cette initiative, mise en place dans le cadre de l'ajustement salarial décidé par le gouvernement, vise à compenser partiellement les entreprises de fabrication et les petites et moyennes entreprises (PME) en difficulté financière. Cependant, malgré cet appui gouvernemental, cette augmentation suscite des inquiétudes croissantes au sein des PME, qui se retrouvent confrontées à des défis majeurs.

L'une des principales préoccupations exprimées par les entreprises est que cette révision salariale dépasse les simples augmentations des salaires directs. Elle inclut également une hausse des charges patronales, ce qui pourrait entraîner une augmentation des coûts opérationnels, aggravant ainsi les difficultés financières déjà rencontrées par les PME. En effet, selon ces entreprises, ces nouvelles charges interviennent dans un contexte économique difficile, caractérisé par la dépréciation de la roupie, l'augmentation des frais de fret et la montée des prix des importations.

Les inquiétudes des dirigeants d'entreprises ne cessent de croître. De nombreux acteurs économiques craignent que l'augmentation des salaires n'entraîne des licenciements massifs. Ghanshyam Beekhee, directeur de BIO 365 Fruits and Vegetables Company Ltd, une entreprise spécialisée dans la culture et la distribution de fruits et légumes tels que les tomates et les bananes, souligne que la situation est déjà compliquée en ce qui concerne la main-d'oeuvre dans les plantations. Avec un effectif réduit, dit-il, l'augmentation des coûts de production représente un obstacle supplémentaire. Il précise que si l'entreprise ne peut pas rémunérer correctement ses employés, elle pourrait être contrainte de réduire son personnel, ce qui serait préjudiciable à l'entreprise. Ghanshyam Beekhee ajoute que l'emploi de travailleurs étrangers, qui nécessite des investissements en logement et en alimentation, n'est pas suffisamment pris en compte dans les aides gouvernementales.

De son côté, N. G., directrice d'une entreprise spécialisée dans les services de petite enfance et de garderie, exprime ses préoccupations concernant les risques de frustration au sein des entreprises. Selon elle, l'écart salarial entre les employés expérimentés et les débutants pourrait créer des tensions. Les employés plus anciens, qui possèdent des qualifications de base telles que le SC/HSC, pourraient se retrouver avec le même salaire que des employés sans expérience, ce qui pourrait générer un sentiment d'injustice. Cette situation pourrait pousser les employés insatisfaits à chercher de meilleures opportunités ailleurs, compromettant ainsi la stabilité de l'entreprise. Elle ajoute également que si les coûts continuent d'augmenter, de nombreuses entreprises pourraient être confrontées à des difficultés insurmontables, mettant en péril leur survie.

Abdool Mossadeck Carrim, directeur d'A.M. CARRIM LTD, une entreprise spécialisée dans la construction et les travaux publics, évoque les défis spécifiques rencontrés par son secteur. Avec une vingtaine d'employés, Abdool Mossadeck Carrim constate que les salaires versés sont déjà au-dessus des normes recommandées dans le domaine. Il explique que la mise en place d'une grille salariale uniforme pour le secteur de la construction est problématique, car elle ne prend pas en compte les variations des coûts et des conditions de travail. «Certaines entreprises envisagent même de licencier des employés et de gérer les affaires avec des membres de la famille pour réduire les coûts salariaux», dit-il.

Bien que le gouvernement ait mis en place des mesures de soutien pour les entreprises en difficulté, la révision salariale soulève des préoccupations importantes parmi les PME. L'augmentation des charges patronales, l'impact sur les budgets établis, les risques de frustration et les défis spécifiques à certains secteurs mettent en lumière les lacunes et les défis de cette mesure telle qu'elle est actuellement appliquée.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.