Burkina Faso: Silvère Salga, chercheur indépendant, à propos de la lutte contre le chômage - « Il faut former maintenant des créateurs de richesses et non des chercheurs d'emplois »

2 Septembre 2024
interview

Notre invité est un jeune inventeur et écrivain bien connu du public burkinabè. Silvère Salga, puisque c'est de lui qu'il s'agit, évolue dans tout ce qui est innovation technologique et sociale.

Il nous a accordé une interview le 22 août 2024 à son cabinet, à Ouagadougou. Si l'homme dit partager la vision actuelle des nouvelles autorités, il n'a pas manqué de les appeler à se pencher aussi sur les questions civiles.

De quoi est faite votre journée ?

Ma journée est faite de ce que vous connaissez. Mon maximum de temps est consacré à mes travaux. Il y a certes la conception au bureau mais il y a aussi la mise en oeuvre des idées. Nous intervenons aussi à l'extérieur dans certains pays comme le Mali, le Niger et la République démocratique du Congo. Ma journée est faite de combats. Les Africains ne doivent pas dormir. Il faut travailler pour rattraper notre retard.

Si ce n'est pas un secret, quels sont les travaux que vous menez actuellement ?

Le maximum de mes travaux, je les ai réalisés avant l'âge de 24 ans. Maintenant, je suis en train de mettre en oeuvre les idées émises durant mes années de réflexion. C'est depuis 2016 que j'ai commencé à présenter mes travaux sur les innovations technologiques et sociales pour le développement. Je profite remercier le journal "Le Pays" qui est l'une des presses qui ont accepté de m'accompagner depuis tout ce temps.

J'ai parlé avec vous de l'innovation pour avoir une deuxième saison pluvieuse. On a parlé du système de démondification universelle. Ce que nous vivons actuellement dans le monde, depuis 2016, j'en avais déjà parlé sur une théorie : « Humanité transformante ». J'avais dit qu'il y a des crises qui vont venir et indiqué comment elles vont se dérouler et comment l'Afrique qui est délaissée va devenir le centre du monde.

Il y a aussi des innovations technologiques comme les chambres froides solaires pour endiguer le mal de la conservation des produits agro-sylvo-pastoraux. Cette innovation a été sanctionnée par un brevet d'invention en 2018 par l'OAPI (Organisation africaine de la propriété intellectuelle). Sur le plan de l'innovation sociale, nous travaillons sur tout ce qui est réinvention politique.

J'avais fait un appel en 2020 en invitant à la réinvention politique. Le système à l'époque ne pouvait pas continuer. Le monde évolue à un rythme tel qu'il fallait revoir les choses. On a des innovations dans l'éducation. Il s'agit de l'éducation tridimensionnelle que j'avais théorisée afin de trouver un système éducatif propre à l'Afrique.

Je l'expérimente actuellement avec un lycée que j'ai nommé le lycée géniocratique dans la zone du Kourittenga. On veut donner l'exemple que c'est possible de donner un système éducatif propre à l'Afrique et qui va pouvoir relever les défis du développement. Il y a d'autres innovations. Ce sont des livres comme « Batle for Africa », « Discours de la révolution civilisationnelle » C'est un livre qui traite de comment on va continuer l'oeuvre de Thomas Sankara et non juste brandir le poing levé révolutionnaire et diffuser des slogans. Ce livre parle de sept chantiers du développement du Burkina.

Que pensez-vous de la volonté du Burkina de construire une centrale nucléaire pour répondre au besoin croissant du pays en électricité ?

C'est une très belle initiative. Car l'un des défis majeurs du développement de l'Afrique, c'est la révolution éducationnelle et des mentalités asservissantes et anti-développement. A chaque fois, nous sommes prompts à jeter la balle sur ceux qui nous ont colonisés. Le monde est un ring de boxe. Vous n'allez pas demander à votre adversaire d'être gentil avec vous.

L'afro-pessimisme doit faire place à l'afro-optimisme, à l'afro-possibilité. Nous devons être des combattants. Dans ce monde, ce sont les forts qui existent. L'Afrique doit être forte. Nous avons des ressources que nous n'arrivons pas à exploiter. Au-delà des paroles et de la volonté de faire qui est déjà bien, il faut maintenant passer à l'action.

L'idée du nucléaire s'inscrit dans cette vision. Dans la quête du développement, il faut conquérir la puissance scientifique et technologique. Aucun Etat ne peut être puissant sans le savoir et la puissance scientifique et technologique. C'est valable dans tous les domaines. Il faut mettre le savoir au centre du pouvoir. Cette centrale nucléaire va permettre de développer de nouvelles compétences en énergie nucléaire et atomique.

Cela va permettre au Burkina de préparer une génération de savants et former le maximum d'ingénieurs possibles. Mais il faut aller dans un transfert technologique et intellectuel, cela est très important. Dans les clauses, il faut prévoir d'envoyer de nombreux étudiants et des enseignants d'université pour aller étudier cette question afin de faciliter après la prise en charge des installations.

Est-ce que vous avez été approché depuis le début de vos travaux par les autorités successives ?

Que nous ayons été approchés ou non, nous devons nous engager pour la sécurité et le développement. Nous avons actuellement un président (le capitaine Ibrahim Traoré, ndlr) qui est très visionnaire. C'est un génie qui sait vraiment ce qu'il veut et vers où conduire ce peuple malgré les difficultés et les obstacles. C'est ce qui amène tout le monde à vouloir s'engager.

Il faut toujours proposer des idées et c'est ce que j'ai toujours fait. Je remercie aussi certaines autorités qui ont eu une oreille attentive à mes idées. Je suis totalement engagé pour le développement du pays. Dans mes travaux, j'ai affronté beaucoup de difficultés. Je ne donne ma vision que quand c'est vraiment important. Il faut proposer, parler, approcher, aller sur le terrain pour réaliser des choses concrètes. Je suis dans cette dynamique pragmatique.

En 2020, votre candidature à la présidentielle a été rejetée pour défaut d'âge. Aujourd'hui, bien des personnes accusent les Hommes politiques d'être à la base de ce que vit actuellement le Burkina. Qu'en dites-vous ?

J'avais, en son temps, fait un grand appel. J'ai fait cet appel avant ma candidature. Selon moi, le système ne pouvait pas continuer. Les politiciens eux-mêmes savaient qu'un système pourri de l'intérieur, ne pouvait pas continuer. On ne pouvait pas continuer dans cette corruption politicienne. Le monde est un cycle. On a fait plus de trente ans dans cette politique politicienne avec le régime Compaoré et d'autres.

Cela devait changer. Tout le monde devait s'attendre à cela. J'ai fait l'appel pour que ceux qui ne s'engagent pas en politique, puissent le faire. Ce n'est pas la politique qui est mauvaise, ce sont des gens mauvais qui sont dans la politique. Il faut donc être dans le système pour améliorer les choses et non être à côté pour critiquer. Les gens ont passé leur temps à être les bons petits des Hommes politiques. Ce n'était pas logique. On avait une classe politique vieillissante. Et les jeunes s'affirmaient moins.

Qui allait prendre la relève ? C'est à nous d'être devant et aux anciens ou devanciers de nous soutenir avec des stratégies et des conseils et non l'inverse. Nous sommes dans un pays de jeunes. On ne peut pas limiter l'âge à la présidentielle à trente-cinq ans. Nous avons au moins 70% de la population qui n'a même pas cet âge.

Qui votent ? Ce sont les jeunes. Autant on est électeur, autant on est éligible. Nous aussi on veut gouverner autrement. Le monde a changé et il y a de nouvelles idées, de nouveaux savoirs et de nouvelles manières de faire. Il faut des fois, un peu d'orgueil ou d'ego pour affirmer son leadership. Avec cette candidature, de nombreux jeunes ont eu confiance en eux et se sont engagés en politique. J'étais aussi candidat aux législatives de 2020. J'ai affronté ces grands partis politiques dans ma province.

Ma conception de la politique, ce n'est pas celle des postes. Mais la politique de développement et de l'action. On n'a pas besoin de clivage majorité-opposition. Il y a des associations qui sont plus pragmatiques que des partis politiques. Quand il n y a plus d'élections, on ne les voit plus. Il y avait du copinage et du népotisme. Je savais que les choses n'allaient pas continuer de cette façon. Ils ont dit qu'à cet âge, je ne peux pas être candidat. Dieu merci, voilà on a eu un président qui avait à peine cet âge quand il venait aux affaires.

Vous avez fait un diagnostic mais partagez-vous la méthode pour résoudre cette question ?

La méthode, c'est-à-dire ?

Que cela soit par un coup d'Etat que des jeunes viennent au pouvoir.

Je suis d'accord. Par tous les moyens, il fallait changer les choses. C'était prévisible. Nous sommes en train de sauver le pays. Nous ne sommes pas en train de reculer. Il y a des intellectuels qui ne s'adaptent pas aux choses endogènes et qui importent juste des théories. Tous ceux qui ont théorisé sur la démocratie se forcent à se mettre dans le carcan occidental.

Est-ce que cela est adapté à nos réalités africaines ? Ceux qui sont dans la puissance démocratique ont connu des révolutions. Ils ont connu des guerres afin de redresser leur nation. Si on ignore ces étapes pour aller à la démocratie électoraliste, on n'aurait pas soigné le mal. Pendant que le pays n'est pas développé et que l'éducation ne sied pas à nos réalités, cela ne peut pas marcher.

Vous avez travaillé sur la question sécuritaire au Sahel à travers le thème : « Géopolitique internationale et africaine : quelle stratégie pour endiguer les crises ? ». Avec le recul, quelle appréciation faites-vous de la crise sécuritaire au Burkina ?

Le mal est profond. Le mal caché dans la paix est encore pire que le mal dévoilé par la guerre. C'est le mal caché dans la paix durant toutes ces années qui s'est, un jour, manifesté de cette façon. Pour pouvoir comprendre cette crise, il faut s'intéresser à la cause. Et s'interroger sur la géopolitique actuelle. Nous assistons actuellement à un système que la nature connaît et qui a existé depuis la préhistoire.

C'est un système de roulement qui passe à travers les continents. Tôt ou tard, l'Afrique devrait connaître cela. Ce n'est pas que l'Afrique devait connaître le terrorisme. Elle ne pouvait pas éviter des crises. Car il les fallait pour venir casser des codes et fabriquer d'autres codes afin d'aller au développement. C'est cela l'humanité transformante.

L'Egypte pharaonique était une puissance mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas. La Grèce était une superpuissance à l'époque. Aujourd'hui, elle n'a plus les rênes du monde. Il y a eu de grandes puissances qui ont dirigé le monde. Actuellement, il y a de nouvelles puissances en Asie. Il y a des puissances aussi qui sont en train de perdre de leur superbe.

C'est l'exemple de la France qui a des relations tendues avec des pays africains. Une civilisation a un cycle. Cela a commencé en Afrique avec l'Egypte. Et tous les autres continents sont passés par là. La civilisation va recommencer là où elle avait débuté, à savoir l'Afrique. C'est ce qui fait que nous assistons à ces crises en Afrique.

Il y a des crises qui viendront défigurer le monde pour reconstituer les cartes géopolitiques. Cette démondification se démontre par une période de de-civilisation. Tuer les civilisations occidentales, c'est ce que nous sommes en train de vivre actuellement. Nous avons des leaders actuellement, bien sûr avec le courage du capitaine Ibrahim Traoré qui sont en train d'arrêter des choses avec l'ancien colon.

Le terrorisme que nous vivons rentre dans ce cadre de dé-civilisation. Il y aura ensuite, une phase de ré-civilisation. Nous allons nous mêmes recréer des codes et des façons de faire qui nous arrangent. Je pense que cela a déjà commencé. C'est cette phase qui va réveiller l'Afrique où on va s'affirmer. Il y aura enfin une phase de civilisation. Et en ce moment, l'Afrique, comme je l'ai prédit dans mon livre, deviendra la puissance planétaire.

Quelles sont, selon vous, les voies de résolution de cette crise que d'aucuns qualifient de multidimensionnelle ?

A l'époque, j'avais lancé l'effort civil pour la paix. C'était pour inciter les dirigeants à mettre en place une initiative comme les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Quand j'ai lancé cet appel, j'ai insisté pour qu'on ne dise pas effort de guerre. C'est une question de magnétisme naturel. L'hôpital attire des malades. Mère Theresa disait : « Marcher pour la paix, je suis pour.

Marcher contre la guerre, je suis contre ». Nous ne sommes pas en situation de guerre. Ce sont des gens qui sont en train de nous imposer des crises et nous détruire. Nous luttons pour la paix. C'était mon credo. Les gens doivent savoir que nous sommes en situation de péril. Dans cette situation, la vérité démocratique ne compte plus. Tout ce qui compte, c'est la logique pour la victoire et la paix.

Si les gens se mettent cela dans la tête, on va arrêter les clivages. On doit s'unir pour pouvoir relever le défi de la paix. Ailleurs, vous n'allez pas voir un pays en situation de péril et les citoyens ne vont pas dans la même direction.

Qui doit donner le tempo de cette union ?

Je crois que cela est déjà donné. Les autorités ont déjà donné le tempo.

Bientôt neuf ans que le Burkina connaît cette crise, croyez-vous que les Burkinabè y ont tiré des leçons ?

Naturellement ! Actuellement, il y a de nombreux Burkinabè qui s'engagent d'une manière ou d'une autre. Il y a des bénévoles. Il y a de la mobilisation pour l'effort de paix. Les gens ont aussi compris qu'on ne peut pas être sous le joug occidental et penser qu'on va se développer. Ils ont compris que le développement ne viendra pas d'ailleurs.

On ne peut pas continuer à compter sur les intelligences et finances extérieures. Il y a tout un système endogène qui est en train de renaître. Nous sommes sur la bonne voie. Mais il faut arriver à capitaliser cette nouvelle façon de voir les choses, dans tous les domaines comme l'éducation, la santé, l'économie, etc. On doit tout révolutionner dans une nouvelle vision.

Pour résoudre la crise, il faut regarder sur tous les plans. Nous sommes en phase de reconstruire une nouvelle nation. Vouloir résoudre la crise que dans son aspect sécuritaire, ne va pas marcher. Avec les présidents de l'AES (Alliance des Etats du Sahel), il y a d'autres fronts qui sont ouverts comme l'offensive agricole et la mobilisation des fonds pour financer les économies.

Au-delà de tout, il faut se pencher un peu plus sur le volet civil. On peut gagner la guerre mais on peut ne pas gagner la paix. Vous allez gagner la guerre. Mais il y aura des crises qui peuvent survenir. Il y a des pays qui sont condamnés à faire la guerre. C'est le cas de la Somalie. Au Burkina, il faut impérativement résoudre la question du chômage. Plus de 2 millions de candidatures au concours de la Fonction publique pour environ 7 000 postes à pourvoir, c'est intenable. C'est une crise qui peut dépasser le terrorisme après. Dans tous les cas, c'est parmi les sans emplois que les terroristes vont toujours recruter.

La question de l'emploi vous tient à coeur ?

Je profite lancer cet appel au ministère en charge de la jeunesse. L'un des départements qui devrait bouger le plus actuellement, c'est ce ministère. Tout ce qu'on voit actuellement comme vision doit être accompagné par une jeunesse en ébullition. C'est déjà bien avec les Wayiyan qui soutiennent. Tous ces gens là doivent avoir un boulot.

Il faut les transformer en créateurs d'emplois ou trouver une autre solution. Les grandes révolutions ont tenté d'abord de résoudre la question du chômage. Quand vous arrivez à résoudre ce problème, tout le monde sera avec vous. La solution passe par une révolution du système éducatif. Si on ne quitte pas l'école de consommation du savoir vers l'école de création du savoir, on ne s'en sortira pas. Il faut former maintenant des créateurs de richesses et non des chercheurs d'emplois.

Il faut revoir l'économie. Je pense que cela a déjà commencé. Le milieu des affaires actuellement est en arrêt parce que le modèle économique ne sied pas. Regardez les jeunes qui ont été financés ; les choses ne marchent pas. Il faut mettre un bureau spécial pour écouter les entreprises qui sont en faillite ou qui ne s'en sortent pas afin de les relier. Il ne suffit pas de les poursuivre pour qu'elles remboursent leurs prêts. Il faut chercher à comprendre pourquoi elles n'arrivent pas à tenir. Il faut changer l'économie, le modèle bancaire et le mode de financement.

Même l'informel qui a été délaissé actuellement, c'est un gros problème. Il faut reformer l'administration et la politique. Avec tout ceci, on va gagner la guerre ainsi que la paix. Pour le moment, on n'a pas assez d'impacts sur le volet civil même si on constate qu'il est pris en compte actuellement. On n'a pas jusqu'à présent un gouvernement en ébullition. Il faut recadrer certains ministères.

La guerre semble se déporter au Sahel avec les récents évènements de Tinzawaten, au Nord du Mali. Quel commentaire vous inspirent les guerres en Ukraine et entre Israël et la Palestine ?

C'est vrai, on connaît le problème ; c'est l'Occident avec ses marchands d'armes. C'est une économie mondiale de la guerre. On crée des crises pour pouvoir vendre des armes. Si toutes les organisations internationales, notamment l'ONU (Organisation des Nations unies), l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) qui parlent de paix, si elles sont honnêtes, en une journée, on peut arrêter tout ce qui est crise dans ce monde.

Il y a une hypocrisie diplomatique mondiale. Si l'ONU ferme le robinet des armes et munitions, les guerres seront un lointain souvenir. Le problème, c'est que ce sont les mêmes marchands d'armes qui ont des lobbies auprès de ces organisations et des grandes puissances. Quand l'ONU s'installe dans un pays, c'est pour y durer des années. Regardez en République démocratique du Congo, pendant plus de vingt ans, elle a pu résoudre quelle crise ?

La MONUSCO avait pu réduire la capacité de nuisance du M23 et aujourd'hui, les autorités congolaises demandent à cette force de retarder son retrait...

Le M23 ou quoi, c'est la réalité qu'il faut dire. Pourquoi, actuellement, l'AES est en train de chasser tout ce qui est puissance extérieure ? Cette configuration dont vous parlez, à savoir la guerre en Ukraine et entre Israël et la Palestine, c'est un jeu mondial d'intérêts. On ne peut pas continuer à croire que c'est ce que l'OTAN et l'Occident disent, qui est la vérité. Actuellement, c'est la Russie qui permet à ces pays qui pensent leur propre développement à pouvoir avoir un peu de fierté. C'est quand même une puissance qui joue le rôle de contre-pouvoir au monde occidental.

Vous parlez tantôt de marchands d'armes. La Russie nous a toujours vendu aussi des armes. Qu'en dites-vous ?

C'est un jeu mondial d'intérêts. Actuellement, nous devons nous défendre. Naturellement, il nous faut des partenaires fiables. Si la Russie est un partenaire fiable, on ira avec elle. Je ne suis pas en train de vous parler de quitter un colon pour un autre. Je vous parle de partenaire stratégique. Si on a un partenaire qui peut nous aider à éradiquer notre mal, on y va. Les géants ne veulent pas s'affronter directement, et on trouve un terrain pour le faire.

Et le Sahel risque-t-il aussi de devenir ce terrain d'affrontements par procuration ?

Pourquoi le Sahel va devenir un autre terrain d'affrontements ? Non. Nous avons nos ambitions. Ce n'est pas l'avenir de la Russie ou des Etats-Unis ou de la France, qui nous importe. Je profite féliciter les dirigeants de l'AES qui se sont affirmés et qui donnent une vision claire d'où ils veulent aller. Le partenaire qui peut suivre cette vision, on y va. Celui qui ne peut pas, on ne pourra pas cheminer ensemble. Nous ne voulons pas être dans un protectionnisme rétrograde anti développement. Nous sommes dans une ouverture au monde où on se fera respecter maintenant. L'anti- impérialisme est une promotion de l'impérialisme. Développons-nous et travaillons. Oublions même ces puissances.

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