Arrière-arrière-petite-fille du roi Mfumu Yakambu Kamanda Lumpungu et fondatrice de l'association aFreeKam, la princesse Ytal Yambo bena Lumpungu a organisé, le 1er septembre, à l'Africa Museum une cérémonie d'hommage à l'ancien roi Songye, 88 ans après son exécution tragique par l'administration coloniale belge.
Organisée dans le cadre de l'exposition temporaire « ReThinking Collections », dans lequel le collier du roi peut être vu, la cérémonie d'hommage a été notamment organisée, selon l'organisatrice, pour lever l'ordonnance coloniale qui a conduit à l'arrestation, à un procès inique et à la pendaison du roi Yakaumbu Kamanda Lumpungu.
« Nous sommes ici pour rendre hommage à un homme dont la force spirituelle et le pouvoir ancestral ont longtemps résisté à l'oppression jusque dans la mort. Cette ordonnance, cette condamnation, cette exécution, toutes ces injustices perpétrées contre lui sont autant de cicatrices qui marquent notre histoire collective », a indiqué la princesse Ytal Yambo bena Lumpungu dans son discours de circonstance.
Dénoncer une injustice
Pour la descendante du roi Yakaumbu, la cérémonie organisée le 1er septembre avait également pour but de dénoncer une injustice. Pour ce faire, elle a solennellement demandé à l'Etat congolais de condamner la Belgique afin de pouvoir enfin exiger au royaume de Belgique la réhabilitation d'un homme dont le nom et la mémoire ont été bafoués.
« Ayant été plus que patients, nos anciens ayant scrupuleusement respecté l'ordonnance du roi Albert II d'éviter de faire des vagues, il est temps que les deux parties prennent leurs responsabilités dans l'intérêt de tous. En mon nom propre et celui de la descendance bena Lumpungu, du peuple songye en particulier et congolais en général, j'exige que la vérité soit rétablie, que les archives soient ouvertes au lieu d'être éparpillées voire subtilisées, et que la lumière soit faite sur ce chapitre sombre de notre histoire commune, que la réhabilitation de mon aïeul, le roi Yakaumbu Kamanda Lumpungu soit rendue afin que, dans ce monde et dans l'autre, justice soit rendue très prochainement », a fait savoir Ytal Yambo bena Lumpungu.
Une véritable réhabilitation
Pour cette dernière, l'objectif n'est pas de réclamer une reconnaissance symbolique, mais plutôt une véritable réhabilitation qui inclut l'enseignement de la véritable histoire coloniale et de ses atrocités dans les écoles, menant à une réconciliation sincère, à des réparations effectives, et à un engagement authentique pour des relations bilatérales justes et équitables. « Le roi mérite que justice soit rendue afin de reposer en paix. Le roi mérite une sépulture de son rang afin de reposer en paix », a martelé la descendante du roi, précisant que le crime commis contre son aïeul ne restera pas impuni car son sang crie justice.
Yakaumbu Kamanda Lumpungu, explique-t-on, a marqué son peuple par une gestion socio-économique éclairée, une stratégie politique avisée et un engagement sans faille pour la protection et les intérêts de ses communautés.
« Sa relation complexe avec l'administration coloniale, marquée par son refus de soumission et sa revendication d'indépendance, lui valut la crainte et la haine des oppresseurs. Dès lors, la vendetta orchestrée par les colons culmina dans une pendaison publique, destinée à semer la terreur et effacer sa mémoire. Pourtant, loin de réussir, cet acte ignoble n'a fait que renforcer son statut de martyr et de symbole de résistance contre l'oppression coloniale ».