Sénégal: Fopica - Un réalisateur préconise un changement de format

Dakar — Le Fonds de promotion de l'industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica) doit changer de format et ne plus dépendre des financements de l'Etat, lequel doit garantir les projets des réalisateurs auprès des banques, a préconisé le cinéaste sénégalais Moe Sow.

"Le Fopica, c'est très bien, mais je pense qu'on doit changer de format, parce que ce qui est important aujourd'hui, ce n'est pas que l'Etat nous [cinéastes] donne de l'argent, il pourrait nous garantir auprès des banques", a proposé le cinéaste.

Sow est le réalisateur du film "1776 : Thierno Souleymane Baal et la révolution du Fouta", dont la sortie en salle est prévue le 6 septembre prochain.

Il estime que les réalisateurs et autres artistes doivent pouvoir bénéficier des mêmes prêts, à l'image de ce qui se fait par exemple pour le logement.

"Pour le cinéma, on doit pouvoir amener notre projet, nos scénarios, constituer un dossier et la banque peut embaucher des scénaristes qui vont lire et donner leur avis. La banque, avec la garantie de l'Etat, peut octroyer le prêt", a-t-il expliqué.

Il pense que "les banques doivent transposer les mêmes efforts qu'elles font dans d'autres domaines au niveau de l'art". Il déplore cependant qu"'on ne respecte pas malheureusement les domaines de l'art, qui est un secteur important".

Il juge "dommage qu'on n'ait plus une mentalité de rentier que de quelqu'un qui se dit : je peux me permettre investir dans les films pour gagner de l'argent".

"Il ne faut pas qu'on investisse dans les films en pensant que c'est du social, non ! C'est un business non seulement qui véhicule un message, mais qui peut amener beaucoup d'argent", souligne l'ancien chef de produit à l'équipementier allemand "Puma".

Moe Sow est convaincu que ce n'est pas avec des 50 ou 100 millions de francs CFA qu'on va faire des films. Selon lui, un film moyen coûte au moins deux à trois milliards de francs CFA.

"Les Sembène ont fait des films avec des milliards. Trente ans en arrière, on fait des films à 65 millions de francs CFA. Ce n'est pas normal, on devait dépasser ce stade", a fustigé le réalisateur.

Dans les années 70, 80, rappelle-t-il, le cinéma sénégalais était beaucoup plus important qu'il ne l'est aujourd'hui.

Il invite les businessmen à investir dans le cinéma, et l'Etat à garantir les réalisateurs qui ont de bons projets. Il s'agit de faire en sorte que la banque leur prêter de l'argent afin qu'ils puissent faire des films qui peuvent compétir à l'échelle internationale.

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