Ile Maurice: Les réseaux sociaux peuvent-ils faire basculer les élections ?

2 Septembre 2024

TikTok, Facebook, Twitter... À l'aube de la campagne électorale, les éventuels et futurs candidats ont investi la toile. Chaque jour, des infos et des intox circulent librement. C'est un climat délétère et parfois toxique qui se manifeste, mais ce sera aux électeurs de prendre leurs décisions, au jour J. Justement, quel sera le rôle et l'impact des réseaux sociaux durant cette prochaine campagne ? La parole aux experts du domaine...

Pour les prochaines élections, les réseaux sociaux joueront un rôle crucial et pourraient même influencer le cours de la campagne. Omniprésents dans les stratégies politiques des futurs candidats, ces réseaux transforment leur façon de communiquer. Ils sont devenus de précieux outils pour atteindre les électeurs dans leur vie quotidienne et leur sphère privée, avec l'objectif de manipuler l'opinion publique à leur avantage. Mais ces plateformes reflètent-elles vraiment fidèlement l'électorat mauricien ? En tout cas, en 2014, le gouvernement actuel avait réussi à s'imposer sur ces plateformes, notamment grâce au slogan «Vire mam». C'étaient principalement les personnes dans la quarantaine, à cette époque, qui avaient bien saisi le concept, explique Hassenjee Ruhomally, ingénieur en informatique.

Il ajoute qu'à Maurice, trois réseaux sociaux dominent le paysage. «TikTok cible les jeunes de 18 à 25 ans. Facebook attire plutôt ceux de 45 ans et plus, tandis qu'Instagram est utilisé par ceux qui se situent entre ces deux tranches d'âge.» Finalement, chacun y trouve son compte d'une manière ou d'une autre. Cependant, avec l'augmentation du nombre d'internautes et de leurs commentaires, le gouvernement a mis en place des lois plus restrictives. «Il y a eu des arrestations, y compris celles de ma femme et de moi, simplement pour avoir exprimé notre opinion sur des sujets d'actualité. Même si la plupart des charges ont été abandonnées, cela a des conséquences : vous n'êtes pas libre de quitter le pays et les employés ou les personnes que vous croisez vous regardent différemment.»

La question demeure : les réseaux sociaux auront-ils un rôle décisif lors des prochaines élections ? Bien qu'Hassenjee Ruhomally soit certain qu'ils auront un impact, l'étendue de leur influence reste à voir. «À titre d'exemple, si les élections se déroulaient sur Facebook, on pourrait dire que Roshi Bhadain, du Reform Party, deviendrait Premier ministre car la majorité de ses partisans sont actifs sur les réseaux sociaux.» Aujourd'hui, les gens n'hésitent pas à partager leurs points de vue en ligne, mais beaucoup le font via de faux profils ou de façon anonyme. «Si la police commence à cibler certaines personnes, dispose-t-elle de suffisamment de ressources pour rester connectée et surveiller en permanence ? Il existe des groupes qui permettent l'utilisation de leurs plateformes sans identification préalable. La police pourrat-elle vraiment maintenir une vigilance constante à ce niveau ?»

De son côté, Harish Chundunsing, ancien journaliste très actif sur les réseaux sociaux, souligne que grâce à ces différentes plateformes, le citoyen lambda peut désormais s'exprimer. «Avant, il fallait se fier aux journaux et on n'avait pas voix au chapitre. Pour faire entendre nos opinions, nous écrivions une lettre au rédacteur en chef de temps en temps. Aujourd'hui, les gens s'expriment ouvertement.» Cela pourrait donc influencer les élections générales, bien plus qu'en 2014. «Les gens ont davantage accès à internet et avec un électorat plus jeune, ils seront mieux informés des outils disponibles. Le défi sera multiple car il y a tellement de médias pour s'exprimer.»

Il est également important de noter que le numérique et les réseaux sociaux offrent aux politiciens la possibilité de travailler leur notoriété. Il ne faut pas oublier que chaque parti dispose désormais d'une équipe dédiée à la communication numérique. «Je pense que les partis politiques mauriciens se sont adaptés à cette réalité et accordent une plus grande importance aux réseaux sociaux. Lors des conférences de presse, ils saluent même les internautes», avance Harish Chundunsing.

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