Afrique de l'Ouest: Alliance rébellions malienne et nigérienne - Attention à ne pas faire le jeu des terroristes !

analyse

« Une délégation du CSP conduite par son président, Alghabass Ag Intalla, a rencontré une mission du FPL du Niger dirigée par le commandant en chef Barka Taher Hamit du 25 au 29 août à Tin Zaoutine ».

C'est la révélation faite à notre confrère de l'AFP par le porte-parole du CSP, Mohamed Elmaouloud Ramadan.

Ainsi, le Cadre stratégique permanent (CSP), mouvement sécessionniste du Mali et le Front patriotique de libération (FPL), rébellion armée contre la junte nigérienne, sont en train d'opérer un rapprochement.

Pas besoin d'être un grand marabout du Sahel pour savoir que le choix de la localité pour signer ce pacte naissant n'est pas le fruit du hasard.

En effet, c'est à Tin Zaoutine, aux confins du septentrion malien, que les combattants du CSP ont infligé, en juillet, une lourde défaite aux Forces armées du Mali (FAMA) et à leurs alliés russes, les mercenaires du groupe Wagner, dont plusieurs éléments ont été tués et d'autres faits prisonniers.

Une bataille qui continue de faire couler beaucoup d'encre et de salive au regard de l'implication du renseignement militaire ukrainien aux côtés des rebelles.

En réaction, les FAMA ont mené des bombardements à l'aide de drones non loin de la frontière avec le voisin algérien qui s'en est offusqué la semaine dernière auprès du Conseil de sécurité de l'ONU et a appelé la communauté internationale à exiger des comptes aux responsables de cette opération aérienne.

Alors que l'on s'interroge de nouveau sur l'avenir du Nord-Mali avec l'engagement de l'Ukraine et les coups de menton répétés de l'Algérie, voilà qu'un nouvel acteur extérieur s'invite sur le terrain.

Certes, la forme et les contours de l'alliance entre le CSP et le FPL restent flous, mais les objectifs annoncés sont suffisamment limpides pour faire craindre des lendemains incertains.

En effet, selon un représentant du FPL, le but de cette coalition est l'assistance mutuelle et la défense des intérêts des deux alliés sur le plan international.

Mais quels intérêts communs cette alliance contre-nature a-t-elle à défendre ?

La question mérite d'être posée quand on sait que du côté du Mali, le CSP est en conflit armé avec le pouvoir central pour des velléités indépendantistes alors que le FPL, de création récente, exige la libération du président nigérien, Mohamed Bazoum, en détention depuis le coup d'Etat de juillet 2023, et le retour à l'ordre constitutionnel normal.

Dans un cas comme dans l'autre, rien, absolument rien, ne saurait justifier une telle recherche d'assistance mutuelle entre ces deux entités, soient-elles des rébellions contre leurs gouvernements respectifs.

Quand bien même, pour une raison ou une autre, chacune d'elles pourrait nourrir des ressentiments contre l'autorité centrale, cela relève avant tout de problèmes internes qui ne sauraient faire appel à une quelconque assistance étrangère.

A moins que le but ultime et inavoué de cet accord de Tin Zaoutine ne soit d'en rajouter à une situation déjà très préoccupante dans ce Sahel en proie à une insécurité endémique.

Attention donc à ne pas faire le jeu des groupes terroristes, face auxquels les armées malienne et nigérienne sont en difficulté ! Et si en plus de cela elles devaient ouvrir un autre front contre la coalition de rebelles, ce serait la stabilité de tous les Etats du Sahel qui en serait durement affectée.

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