La Banque de Maurice (BoM) se veut au-devant de l'actualité ces jours-ci avec quatre événements en une semaine, dont deux avec la présence du Premier ministre, Pravind Jugnauth, ce dernier accroissant sa visibilité ces dernières semaines sur tout le terrain - social, économique et politique - en marge des prochaines échéances électorales. Mais aussi avec la participation de deux invités de marque, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, et du secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Mathias Cormann.
Le Premier ministre sera ainsi, demain, à l'hôtel Le Méridien pour l'ouverture d'un symposium organisé par l'Association of African Central Banks, dont la présidence est assurée par le patron de la Banque centrale de la Zambie, Denny Kalyalya. Cette association, lancée en 1963 et regroupant les gouverneurs des banques centrales du continent africain, sera en assemblée générale à Maurice. Ils seront appelés à exposer les principaux enjeux auxquels leurs institutions sont aujourd'hui confrontées, plus particulièrement l'évolution du paysage financier en Afrique ces dernières années.
Pravind Jugnauth ne manquera pas sans doute d'utiliser cette plateforme pour se livrer à une opération de marketing de la juridiction mauricienne, grandement utilisée comme une tête de pont par les sociétés étrangères souhaitant investir en Afrique. Cela, alors que la route Inde-Maurice du secteur Global Business est sous pression avec les derniers amendements actés par New Delhi.
Autre présence du Premier ministre cette semaine, entre les inaugurations de logements sociaux, sera sa participation à la session protocolaire, le jeudi 5 septembre, qui sera rehaussée par la visite dans le pays du secrétaire général de l'OCDE, Mathias Cormann. À l'agenda: la signature d'un Country Programme pour Maurice, le lancement de l'examen de la stratégie d'investissements du pays ainsi que la signature des Letters of Exchange entre le secrétaire général de l'OCDE et le ministre des Finances, Renganaden Padayachy. Mathias Cormann, le cinquième patron de cette organisation, est l'ex-ministre des Finances de l'Australie. Il prône un développement économique basé sur une croissance inclusive, robuste, durable et résiliente. Il se présente aussi comme un défenseur de l'ouverture des marchés mondiaux et de libre-échange.
Mathias Cormann, secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques, fait aussi partie des invités de marque.
Au quatrième étage de l'United Docks et poursuivant sa visibilité médiatique, la BoM aménagera son Innovation Hub ce mercredi. Celui-ci servira de plateforme d'innovation et de nouvelles technologies pour le secteur bancaire. Il sera inauguré par le ministre des Finances. Auparavant, les gouverneurs des banques centrales avaient eu l'occasion d'assister, le 29 août, à un cours magistral à l'auditorium de la BoM sur le sujet «faussement simple», pour reprendre ses mots, de «la politique monétaire et la croissance économique».
C'était à l'issue de la signature de l'accord de principe signé entre la BoM et l'Institut d'émission des départements d'outre-mer. Selon le gouverneur de la BoM, Harvesh Seegolam, cet accord porte, entre autres, sur la stabilité financière, la modernisation des moyens de paiement, la contribution au débat économique, la cybersécurité, et la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Au-delà des questions d'intérêts qui couvrent cet accord de principe, le gouverneur de la BoM estime que le dossier le plus sensible demeure de loin la politique monétaire dont il a fait, selon lui, sa priorité depuis sa prise des fonctions en mars 2020. « Il était urgent de se pencher sur la modernisation du cadre de la politique monétaire qui était, à l'époque, devenu obsolète. Nous nous sommes attelés à créer un cadre de politique monétaire qui répond aux besoins, aux aspirations et au dynamisme d'une île Maurice moderne.» Et d'ajouter que le Fonds monétaire international a mentionné, dans son dernier rapport, le rôle joué par ce nouveau cadre de politique monétaire pour réduire les pressions inflationnistes.
L'intervention du patron de la Banque de France, livrée à huis clos, a été axée sur quatre volets : la question juridique avec le mandat des banques centrales opérant dans leur cadre légal respectif ; l'enjeu économique avec la théorique orthodoxe versus celle hétérodoxe ; le financement des investissements, et enfin, la question liée à la réconciliation d'objectifs à court et long termes.