Ouganda: Mégaprojet pétrolier - Une ONG dénonce des atteintes aux populations et à l'environnement

Le lundi 2 septembre, l'ONG Climate Rights International a publié un rapport dénonçant de graves violations des droits humains et des atteintes environnementales associées au mégaprojet pétrolier en cours en Ouganda et en Tanzanie. Développé par les compagnies française TotalEnergies et chinoise CNOOC, ce projet est pointé du doigt pour ses expropriations brutales, ses violences sexuelles et sa pollution sévère.

Le rapport de CRI publié lundi 2 septembre expose un « catalogue de violations » graves, particulièrement sur le site de Kingfisher, l'un des deux sites de production pétrolière en Ouganda où CNOOC est l'opérateur. L'autre site, Tilenga, est géré par TotalEnergies. Ce projet, d'un investissement total de 10 milliards de dollars (environ neuf milliards d'euros), comprend le forage de plus de 400 puits et la construction du plus long oléoduc chauffé au monde, s'étendant sur 1.443 km entre le lac Albert en Ouganda et le port tanzanien de Tanga.

Selon le rapport, la population locale a été « expulsée de force, souvent avec peu ou pas de préavis » par l'armée ougandaise. Cette éviction a entraîné la destruction de bateaux de pêche, essentiels à leur subsistance. Les personnes expropriées ont souvent été contraintes d'accepter des compensations financières jugées « bien trop faibles » sous pression ou menace.

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Pollution et répression

En outre, le rapport révèle des actes de pollution délibérés. Des employés d'une société chinoise chargée du forage ont rapporté que leur superviseur leur avait ordonné de « vidanger les bassins d'eau contaminée directement dans le lac ou sur un terrain vague ».

Les autorités ougandaises, qui considèrent ce projet comme une source majeure de revenus, répriment toute critique. La région vit dans une atmosphère de « peur et d'intimidation ». En juin, un militant environnemental, Stephen Kwikiriza, a été arrêté et battu par des militaires. En août, 47 étudiants ont été arrêtés alors qu'ils se dirigeaient pour déposer une pétition au Parlement, après l'arrestation de quatre militants devant l'ambassade de Chine.

Faveurs sexuelles

CRI dit également avoir été informé de violences sexuelles. « Les femmes sont victimes de violences sexuelles perpétrées par des soldats, des cadres, et des employés de CNOOC », précise Linda Lakhdhir, responsable plaidoyer de Climate Rights International (CRI), dans un entretien avec notre journaliste Igor Strauss. Certaines femmes sont forcées d'accepter des relations sexuelles sous menace d'arrestation ou de confiscation de leurs biens. D'autres font état de demandes de « pots-de-vin » en échange d'emplois, avec des pressions pour offrir des faveurs sexuelles.

Linda Lakhdhir, responsable plaidoyer de Climate Rights International (CRI)

C'est pour cette raison que nous appelons les banques et les assurances à ne pas financer ce projet. C'est un véritable désastre pour les droits humains et c'est une bombe incompatible avec l'accord de Paris.

Igor Strauss Réponses des multinationales

En réponse à ces accusations, des procédures judiciaires sont en cours en France pour obtenir réparation des préjudices subis par les populations locales. Une action civile a été lancée par 26 Ougandais et cinq associations françaises et ougandaises, tandis qu'une plainte au pénal a été déposée par des associations telles que Darwin Climax Coalitions et Sea Shepherd France pour « climaticide ».

En réponse aux critiques, TotalEnergies a annoncé le lancement d'une « mission d'évaluation » en janvier pour réévaluer son programme de relocalisations et de compensations en Ouganda et en Tanzanie.

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