En amont de la conférence sur le climat qui se tiendra cette année en Azerbaïdjan, les pays africains sont invités à débattre des solutions communes, alors que plus de capitaux continuent d'être mis à disposition pour la croissance des entreprises plutôt que pour répondre aux effets climatiques.
Les pays africains sont appelés à mobiliser 3000 milliards de dollars, d'ici à 2030 pour lutter contre les effets du changement climatique. Le commissaire à l'agriculture, au développement rural, à l'économie bleue et à l'environnement durable de la Commission de l'Union africaine (CEA), Josefa Correia Sacko, a rappelé ce défi à l'ouverture de la 12e Conférence sur le changement climatique et le développement en Afrique à Abidjan, en Côte d'Ivoire.
La secrétaire exécutive adjointe de la CEA, Hanan Morsy, a noté que les pays africains peinent à accéder aux financements climatiques nécessaires, précisant que seule une fraction des 1300 milliards de dollars estimés pour renforcer la résilience climatique mondiale a été mobilisée, malgré un engagement international de 100 milliards de dollars annuels pris en 2009. De plus, le financement mondial pour l'adaptation au climat est en déclin, loin de l'objectif de doublement fixé pour 2025. Ce défi survient alors que, depuis l'Accord de Paris, les grands groupes bancaires multinationaux ont financé des projets d'énergie fossile à hauteur de 6900 milliards de dollars.
Pendant ce temps, l'Afrique peine à mobiliser des ressources abordables. A l'exception de quelques pays comme l'Afrique du Sud et le Maroc, ainsi que des institutions comme la Banque africaine de développement (BAD), les émetteurs de titres d'emprunt du continent sont considérés comme risqués par les agences de notation, ce qui entraîne une exigence plus élevée sur les primes de risque. Hanan Morsy a appelé à l'innovation financière, en proposant des solutions qui n'aggravent pas la dette africaine.
Elle a évoqué la Zone de libre-échange continentale africaine comme un levier potentiel. La commissaire Josefa Correia Sacko a insisté sur la nécessité de privilégier les subventions plutôt que les prêts ou l'endettement. Anthony Nyong, de la BAD, a souligné l'importance de trouver un équilibre entre les investissements en adaptation et atténuation climatiques pour assurer un développement résilient en Afrique. La CCDA-XII permet aux acteurs africains de discuter de thèmes tels que le financement climatique, la croissance verte, et la coopération régionale avant le prochain sommet sur le climat à Bakou, en Azerbaïdjan.
Les enjeux pour le continent restent importants. Bien que quelques améliorations s'observent, le marché des financements verts en Afrique reste en retrait. De janvier à juillet, le continent a mobilisé 4,4 milliards de dollars dans le cadre des financements conformes aux normes ESG, comparativement aux 287,1 milliards de dollars à l'échelle mondiale ou aux 2100 milliards de dollars levés par les entreprises sur les marchés mondiaux des capitaux. Le défi du financement climatique en Afrique est considérable, mais il offre aussi une opportunité d'innover dans les mécanismes financiers et de renforcer la coopération internationale. Le succès de cette mobilisation sera crucial pour l'avenir du continent face aux défis climatiques.