La onzième session du Cadre permanent de concertation (CPC) des Trésors publics avec les spécialistes des valeurs du Trésor (SVT), ouverte le 3 septembre à Brazzaville, est consacrée aux défis du marché financier de la sous-région.
Près de 13 ans après sa création, le marché des valeurs du Trésor fait face à la baisse des souscriptions, à l'accumulation des arriérés, au manque de transparence des activités des Trésors publics.
Le marché des valeurs du Trésor de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac) attire de moins en moins d'investisseurs, alors que les États membres ont besoin de 1133 milliards FCFA dès ce troisième trimestre. Ce frémissement du marché financier domestique est attribué à la faible capacité des Trésors publics à rassurer les investisseurs, à respecter les échéances de remboursement et à communiquer avec le réseau des SVT, principalement des banques commerciales.
Le thème de la rencontre, « Développement des capacités organisationnelles et humaines et problématique de déontologie sur le marché des valeurs du Trésor de la Cémac », traduit pratiquement l'inquiétude du marché et la nécessité d'adopter des mesures correctives. Selon le gestionnaire de la cellule de règlement et de conservation des titres, Christian Rodrigue Otoly, qui est aussi le rapporteur du CPC-TP Cémac, tant que l'État émetteur n'honore pas ses engagements en termes de remboursement et de gestion budgétaire, les investisseurs vont difficilement se mobiliser sur le marché.
Le financier a également fustigé le manque de communication entre le Trésor émetteur et ses partenaires SVT. Ce type de marché des souscriptions exige de la transparence, retient-on. En clair, l'émetteur doit fournir régulièrement de la matière aux SVT pour mieux vendre la dette, en termes des situations économiques et financières de l'État (les données macroéconomiques et autres) ; d'animation du réseau des SVT, en donnant les informations sur les interventions de l'État sur le marché (programmes, calendriers) et de communication sur l'annonce des résultats ainsi que les notations financières.
« Un autre défi concerne la rationalisation des interventions de l'État, les sorties longues que prévues, la déconnexion avec les calendriers, les dépenses extrabudgétaires, les plans de trésorerie qui ne sont que des papiers dans les tiroirs, tout ça ne contribue pas à rassurer les investisseurs. Le renforcement des activités d'intermédiaire constitue également un défi à relever. Sur la trentaine des SVT, à peine deux qui arrivent à jouer véritablement le rôle d'intermédiaire », a indiqué Christian Rodrigue Otoly.
Des mesures drastiques attendues
Les autorités communautaires comptent mettre en place un nouveau cadre (infrastructurel, juridique et humain), avec un accompagnement de la Banque des États de l'Afrique centrale dans le souci de redynamiser le marché domestique. L'objectif est de renforcer l'attractivité du marché à l'international. Parmi les solutions envisagées figurent l'amélioration des politiques budgétaires, l'efficacité de la politique monétaire, la réforme de la fiscalité et le professionnalisme des acteurs du marché. « Nous devons promouvoir l'éthique financière à travers la formation des acteurs », a insisté le président du CPC-TP, Raymond Yoka Ikama.
À ces mesures, il faut ajouter la nécessité de moderniser le mode de gestion de la dette publique et d'assurer une gestion active de la trésorerie. Le compte unique du Trésor demeure la voie royale, estime un autre expert. Les Trésors sont invités à recourir à des souscriptions au taux d'intérêt faible et de maturité longue. La couverture des investissements publics par le recours au marché domestique représente un élément central de la stratégie de développement de la Cémac. Les pays membres ont besoin de ces ressources pour financer les projets sociaux et accélérer le développement de leurs économies.