Congo-Kinshasa: 129 morts à la prison de Makala - Chronique d'une catastrophe prévisible

analyse

Et on reparle du centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa aussi connu sous le nom de prison centrale de Makala.

On se rappelle déjà qu'en 2017 quelque 4000 prisonniers s'étaient évadés du plus grand centre pénitencier de la capitale congolaise. Une enquête avait alors été ouverte dont on attend toujours les résultats 7 ans plus tard. Des investigations qui n'ont jamais débouché sur rien jusqu'à ce que survienne un autre évènement malheureux et autrement plus dramatique.

Dans la nuit du 1er au 2 septembre, 129 détenus selon les sources officielles ont en effet péri dans ce pénitencier par balles ou par étouffement dans les bousculades. C'est tout ce qu'on sait pour l'instant. Mais que s'est-il passé pour qu'on aboutisse à une telle tragédie ? Mystère et boule de gomme même si ce genre de drame était prévisible au regard de la capacité d'accueil de l'établissement.

Prévu initialement pour abriter 1500 détenus, en 1957 à une époque où Kinshasa ne comptait que 250 000 âmes contre d'environ 20 millions actuellement, de nos jours il n'y a pas moins de 15000 pensionnaires qui s'y entassent dans une surpopulation carcérale et une promiscuité indescriptible. Cette prison est habituée aux catastrophes silencieuses comme le démontre un rapport de la Fondation Bill Clinton pour la paix qui avait fait état en 2023 de 505 morts étalés sur toute l'année.

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Les associations de défense des droits humains ont beau multiplier les critiques, les condamnations, les appels, rien les conditions carcérales ne sont pas vraiment améliorées. Autant dire que c'était un cocktail qu'on savait explosif depuis longtemps qui a fini par péter cette maudite nuit du dimanche à lundi. Une tragédie qui a créé une véritable onde de choc dans la classe politique et dans la société congolaise où l'indignation est à son paroxysme.

Cette catastrophe est d'ailleurs en passe de devenir un problème politique dans la mesure où les opposants au président Félix Tshisekedi se sont emparés de l'affaire à l'image de Moïse Katumbi pour qui, rien ne peut justifier ce nouveau massacre. Prince Epenge de la plateforme Lamuka pour qui l'évènement tragique à Makala est inacceptable le bilan est probablement plus lourd que ce que le gouvernement avance nous exigeons une enquête indépendante pour situer les responsabilités pour éviter de futurs carnages ». C'est donc un véritable choeur d'indignation et de désapprobation qui monte de toutes les couches sociales.

Ce qu'il faut espérer c'est que des enquêtes sérieuses établissent les circonstances exactes du drame et qu'au besoin des sanctions à la hauteur de l'innommable soient prises s'il est établi qu'il y a eu des failles quelque part. Ce qu'il faut également espérer c'est ce qui vient d'arriver soit une sorte d'électrochoc qui réveille tout le monde à commencer par le locataire du palais de la nation et que des mesures vigoureuses soient prises pour restaurer Makala et le décongestionner en bâtissant une ou deux autres prisons dans la mesure où la situation est plus que jamais intenable dans cet établissement en quête d'humanisme.

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