Conseiller en droits humains et directeur régional des droits humains, de la promotion de la citoyenneté et de la paix des Cascades, Ibrahim Traoré, nous parle de l'importance du droit à la vie pour les citoyens. Il évoque la nécessité pour la société de protéger la femme contre les féminicides.
Que doit représenter le droit à la vie pour les citoyens ?
Le droit à la vie est l'un des droits les plus importants de toute Convention. Sans le droit à la vie, il n'est pas possible de jouir des autres droits de l'Homme. C'est à partir du droit à la vie que l'on peut se prévaloir des autres droits de l'Homme. Le droit à la vie doit donc représenter une sacralité pour les citoyens, car, comme on a l'habitude de le dire « la vie est sacrée ». Pour jouir de ses droits, il faut d'abord vivre.
Malheureusement, au Burkina, ce droit à la vie des femmes est de plus en plus remis en cause, au regard du nombre élevé des cas de féminicides. Quel est votre commentaire ?
Malgré les multiples efforts fournis par l'Etat et les autres acteurs, le droit à la vie des femmes est souvent violé. Cela fait suite à la plupart du temps aux violences domestiques subies par les femmes. Il s'agit notamment des violences basées sur le genre telles que les violences physiques (les coups et blessures etc.). Cela constitue naturellement le féminicide. Il affecte la cohésion sociale et le vivre-ensemble harmonieux des communautés.
Les organisations de défense des droits humains, les associations féminines ... multiplient les actions pour mettre fin à ces violences contre l'autre moitié du ciel. Malheureusement, elles semblent prêcher dans le désert. Pour vous, comment doit-on protéger les femmes contre ces atrocités ?
Toute personne doit avoir l'habitude et le courage de dénoncer tout acte de violence commis sur une femme ou une fille, quel que soit le type de violence. Car, c'est souvent le point de départ des féminicides. Il faut que les femmes soient sensibilisées à dénoncer tout acte de violence commis à leur endroit, car, le silence des victimes par peur de stigmatisation favorise la commission de ces actes. Aussi, il doit être mené des actions à l'endroit des hommes pour une sensibilisation de masse contre ces atrocités, rappeler nos valeurs sociales africaines notamment en matière de préservation de la vie en général et de l'interdiction de faire du mal à la femme en particulier, car elle est la mère de l'humanité.
Que préconisez-vous pour que le droit à la vie des femmes ne soit pas régulièrement violé au Burkina ?
Je préconiserai une éducation réussie des enfants, car tout commence par la base. Lorsque les enfants sont éduqués dès le bas âge à respecter et préserver la vie qui est sacrée, ils grandiront avec cette mentalité et pourront difficilement dévier vers le mauvais chemin. Les efforts pour protéger le droit à la vie des femmes doivent être fournis par toutes les couches sociales, tous doivent contribuer à cette lutte, car, c'est ensemble, unis, que nous pourrons y arriver. Ceci pourra se faire à travers des sensibilisations, des informations, des formations, des plaidoyers...