Ce qui va de soi va toujours mieux en le disant. Afin de permettre aux populations et autorités du Grand Nord-Kivu d'être au fait de l'apport de la MONUSCO dans le processus de retour de la paix en RDC, mais aussi d'aller à l'encontre des idées reçues, le bureau de Beni a lancé mardi 3 septembre une campagne de sensibilisation à l'endroit des différentes couches sociales dans la région, en collaboration avec l'Inspection provinciale de la territoriale et la mairie de la Beni.
Sont ciblées par cette campagne, qui va durer un mois, à travers les territoires de Beni et de Lubero, ainsi que celui de Butembo : les autorités politico-administratives, les institutions étatiques, les forces de sécurité et de défense, les acteurs de la société civile, y compris des organisations de femmes, de jeunes et des journalistes.
La campagne va porter sur la paix et la stabilisation, le mandat de la MONUSCO et le nouveau contexte de sa mise en oeuvre, toujours en appui aux autorités et partenaires. Car, pour la mission onusienne, « la collaboration aussi bien des populations, des autorités et des acteurs de la société civile est cruciale pour atteindre de meilleurs résultats », selon Abdourahamane Ganda, chef du bureau de la MONUSCO à Beni. De fait, sans cette collaboration des populations et des autorités, point de résultats tangibles.
A cause de la désinformation et de la manipulation, mais aussi de l'ignorance de certaines populations, les divers blocages et attaques envers la MONUSCO et les acteurs de protection ont incidemment un impact négatif sur la paix et le développement de la région.
C'est de tout cela dont il va être question tout au long de ce mois de septembre, à Beni-ville, Mavivi, Eringeti, Mamove, Mangina, Butembo, Lubero-centre, Musienene, Mangurejipa et autres, pour aider des citoyens comme Shukurani Munganga, représentant de la jeunesse dans la commune de Bungulu, ville de Beni, à « mieux comprendre ce que fait la MONUSCO ».
Il dit ceci : « Nous ne connaissons pas exactement le mandat de la MONUSCO. Parfois, ils arrivent dans nos quartiers, sensibilisent les autorités, mais rarement nous les jeunes ou même les 'gangiteurs' du milieu, vous savez ces jeunes gens parfois drogués et manipulés, qui posent souvent des problèmes. Beaucoup de jeunes sont dans l'ignorance, ce qui fait que quand il y a passage d'un convoi de la MONUSCO, certains jettent des cailloux et créent de l'insécurité dans la ville ».
Comme lui, ils sont nombreux à se demander « à quoi sert la MONUSCO ? » face aux attaques de civils qui continuent dans la partie orientale du pays par exemple. Les explications qui seront données s'appesantiront sur le fait qu'aussi bien la MONUSCO que les acteurs humanitaires présents en RDC sont là dans le seul but de sauver des vies et d'aider les autorités à mettre en place des politiques en faveur de l'éducation, de la santé, des libertés individuelles, du respect des droits humains, de la promotion des femmes et la restauration de l'autorité de l'Etat.
Jeanne-d'Arc Kayavia, membre de l'association des personnes vivant avec handicap dans la ville de Beni, dit sa joie d'avoir été associée à cette sensibilisation qui lui a permis de comprendre un peu mieux le rôle de la MONUSCO : « Grâce à cette formation, j'ai appris que tout ce qu'on dit sur la MONUSCO n'est pas vrai. Je viens de sortir de l'ignorance ; la MONUSCO n'est pas ce que l'on dit, ce sont des personnes comme nous, qui sont là pour nous aider. Je demande à la population de ne pas se fier aux fausses informations qu'on raconte sur la MONUSCO et qui sont ramassées par-ci, par-là ».
Pour rappel, la MONUSCO est présente dans le pays à l'invitation du gouvernement congolais. Elle accomplit sa mission dans le cadre fixé par le mandat qui est discuté entre le gouvernement congolais et le Conseil de sécurité des Nations Unies.
Le mandat actuel de la MONUSCO est encadré, pour une année, par la résolution 2717 du Conseil de sécurité de l'ONU datée du 20 décembre 2023. Cette résolution demande à la Mission : (1) de soutenir la protection des populations civiles menacées de violences physiques, en prenant toutes les mesures nécessaires pour assurer une protection efficace, rapide, dynamique et intégrée (POC) ; (2) de soutenir le Désarmement, la démobilisation, la réintégration et la stabilisation (DDR&S) ; (3) de soutenir la Réforme du secteur de sécurité (RSS).