Le neuvième Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) s'ouvre mercredi 4 septembre, pour mettre l'accent sur les partenariats économiques, le développement des infrastructures et la coopération entre la Chine et le continent africain. Le ministre des Affaires étrangères du Gabon, Régis Onanga Ndiaye a souligné que ce forum allait permettre d'ouvrir de nouveaux horizons dans le cadre de la lutte contre la pauvreté au Gabon et offrir de nouvelles perspectives de développement. Ce forum sur la coopération sino-africaine va aussi aborder le rôle de la Chine en tant que principal bailleur de fonds de l'Afrique, où de nombreux pays sont aux prises avec un endettement croissant.
Les échanges entre le Gabon et la Chine accélèrent à grande vitesse. En 2022, le volume a atteint 4,55 milliards de dollars, une augmentation d'environ 50% par rapport à l'année précédente. Quels sont les secteurs dans lesquels se développent le plus ces échanges et qu'est-ce qui explique cette forte croissance ?
La Chine et le Gabon sont de vieux amis et de vieux partenaires traditionnels. Au mois d'avril dernier, nous avons célébré les 50 ans de coopération bilatérale entre nos deux pays et en 50 ans, nous avons fait beaucoup de chemin, il y a eu beaucoup de croissance et aujourd'hui, il n'est pas surprenant que les choses continuent à progresser. La Chine est devenue, au fil des 15 dernières années, notre premier partenaire commercial. Et nous avons ensemble décidé d'élever notre coopération au rang de coopération stratégique gagnant-gagnant.
La Chine marque un intérêt plus croissant envers l'Afrique en général et envers le Gabon en particulier. Ce qu'il faut retenir, c'est que, au regard des besoins importants de nos populations, au regard des besoins de développement de notre pays, il était important que nous franchissions progressivement des paliers en matière de commerce, en matière de coopération bilatérale.
Quelle place le pétrole continue-t-il à occuper ? Et qu'en est-il du bois ?
Nous sommes un pays pétrolier depuis plus d'un demi-siècle et c'est notre première matière première, ce qui fait que l'ensemble des partenaires bilatéraux que nous avons s'intéressent à cette matière première, mais simplement dans la volonté de diversifier notre économie, il y a certes le pétrole, mais il y a en effet également le bois, puisque nous sommes parmi les trois premiers producteurs mondiaux de contreplaqué et il y a le manganèse, où nous sommes parmi les deux premiers producteurs mondiaux. Le pétrole reste important, mais à côté du pétrole, il y a d'autres matières premières qui font l'attrait des investisseurs étrangers dans l'économie gabonaise.
Nous avons invité nos amis investisseurs à venir sur place à Libreville et à transformer ce bois, afin que nous puissions produire des produits manufacturés et les mettre sur le marché, parce que simplement, nous avons une obligation de conjuguer la nécessité de développer le pays, de s'en prendre moyennement à la forêt. Mais également il y a les enjeux environnementaux, la biodiversité, le reboisement que nous devons préserver. Il s'agit donc pour nous de trouver l'équilibre qu'il faut afin que les espèces puissent être préservées. Mais en même temps, il y a les impératifs de développement pour le pays.
Sur la question de de l'endettement, pour certains pays, la dette vis-à-vis de la Chine est devenue un véritable fardeau financier. Est-ce que le Gabon surveille cela de près?
Je crois qu'il ne faut pas avoir peur de la dette et qu'il ne faut pas créer un grand débat autour de l'endettement, parce que tous les pays du monde sont endettés. Le plus important, ce n'est pas la dette. Le plus important, c'est ce qu'on fait de la dette, afin de la transformer en industrie avec des revenus subséquents. Le Gabon, vis-à-vis de la Chine, a une dette importante, c'est vrai. Mais depuis le 30 août, que ça soit au niveau de la dette bilatérale comme de la dette multilatérale, nous remplissons parfaitement nos engagements. Ce n'est donc pas un souci majeur pour nous. Le plus important, c'est de rembourser progressivement ou de payer les échéances qui sont dues en temps et en heure.
La phrase de Xi Jinping « small but beautiful projects » (de petits mais beaux projets, en français), c'est plus raisonnable, selon vous ?
Pour un pays comme le mien, ce dont nous avons le plus besoin, ce ne sont plus des constructions cosmétiques comme des beaux palais. Non. Nous travaillons avec la Chine pour que l'on ait des infrastructures de grande dimension, des ports, des grandes voies, y compris des voies d'intégration régionales. Voilà ce qui nous manque. Nous devons mettre l'accent sur les questions liées à l'énergie. Depuis l'arrivée des nouvelles autorités, nous tendons à accélérer le développement de notre pays.
Et pour l'accélérer, nous avons besoin, c'est vrai, des investisseurs et partenaires bilatéraux. Mais également, nous avons besoin de grandes industries dans le domaine de l'énergie, dans le domaine des ports, dans le domaine des routes, à la fois nationales, mais aussi des routes régionales qui nous permettent, comme ici en Chine ou ailleurs en Occident, de partir de Libreville pour Brazzaville, pour Malabo, jusqu'à Kinshasa ou jusqu'à Dar es Salam. C'est ça le développement que nous cherchons. Et la preuve est faite aujourd'hui que très peu de pays sont à même de nous apporter ce genre d'infrastructures. En tout cas, la Chine fait partie des premiers à pouvoir nous aider dans ce sens.
Sur les 15 dernières années, regardez les chiffres auprès des Nations unies, la Chine est devenue également un grand partenaire de paix, de sécurité et de développement. Auprès des pays africains, la contribution de la Chine dans les opérations de maintien de la paix, le soutien de la Chine dans le règlement pacifique des différends dans certaines régions de notre continent, tout cela compte. Et je crois que le gagnant dans cet environnement là, à chaque fois que la Chine nous apporte son aide, ce sont les populations qui en bénéficient, et on ne peut que s'en réjouir et s'en féliciter.