Le ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement a effectué une visite conjointe avec son homologue Bissau Guinéen Malam Sambou, ministre des ressources naturelles, à Sambangalou, localité située à environ 25 kilomètres de Kédougou, pour évaluer l'avancement des travaux du barrage de Sambangalou financé pour un montant de 399 millions d'Euros. Il a exprimé sa satisfaction quant à la collaboration entre les pays membres de l'Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Gambie (OMVG), tout en soulignant l'importance stratégique de cet ouvrage.
Le ministre a débuté son allocution en remerciant son homologue de Guinée-Bissau, Malan Sambou, ministre en charge des ressources naturelles et président du conseil des ministres de l'OMVG, pour sa visite et son engagement envers le projet. Il a rappelé que l'OMVG, aux côtés de l'Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS), est un acteur clé dans la gestion des ressources en eau dans la sous-région. Ces deux organismes sont des références mondiales, comme en témoigne l'intérêt manifesté par d'autres régions du monde, notamment lors du 10e Forum Mondial de l'Eau à Bali, en Indonésie.
Le barrage hydroélectrique de Sambangalou, en construction sous l'égide de l'OMVG, revêt une importance capitale pour les pays membres. Il permettra non seulement de stocker 3,7 milliards de mètres cubes d'eau, mais aussi de produire 128 mégawatts d'électricité, répartis entre les différents pays membres : 48 MW pour le Sénégal, 20 MW pour la Guinée, 14 MW pour la Gambie, et 18 MW pour la Guinée-Bissau.
« C'est énorme. Juste pour vous donner un exemple, on vient de nous dire tout à l'heure qu'un pays comme le Maroc, qui fait bien dans ce domaine, est en train de réaliser une vingtaine de barrages pour stocker de l'eau. Et cette vingtaine de barrages lui permettra de stocker 3 milliards de mètres cubes. Nous, ici au Sénégal, en Gambie, Guinée-Bissau et République de Guinée, rien que Sambangalu nous permet de stocker 3,7 milliards de mètres cubes d'eau. C'est très important », a laissé entendre le ministre. En outre, ce projet permettra d'irriguer 90 000 hectares de terres, dont 50 000 en Gambie et 40 000 au Sénégal, renforçant ainsi la sécurité alimentaire dans la région.
Les travaux exécutés à 31 % ; des retards préoccupants dans la réalisation des travaux
Malgré ces perspectives prometteuses, le ministre a fait part de son inquiétude concernant les retards accumulés dans l'exécution des travaux. «Initialement prévus pour durer 48 mois, les travaux ont été ralentis, principalement en raison de la démobilisation d'une des entreprises en charge du génie civil. Ce retard pourrait entraîner des conséquences financières importantes, notamment pour le Sénégal qui pourrait être contraint de commencer à rembourser les prêts liés au projet avant de pouvoir vendre l'électricité produite par le barrage », a-t-il précisé.
Face à cette situation, le ministre a annoncé qu'« une évaluation complète du chantier était en cours. Cet audit permettra de comprendre les raisons des retards et de prendre les mesures nécessaires pour relancer le projet. «Lorsque nous sommes arrivés, malheureusement le barrage était très ralenti dans les travaux, pour différentes raisons que nous sommes encore en train d'évaluer et d'auditer.
Parce que deux entreprises ont composé le groupement, Andritz Hydro qui s'occupe du volet hydromécanique ou de l'électricité et énergie, et Vinci qui est dans le génie civil. Pour des raisons liées à des décomptes antérieurs à notre arrivée, une des entreprises a démobilisé et est partie en laissant un petit personnel sur place. Elle n'a pas arrêté, mais a beaucoup démobilisé et réduit ses travaux», a déclaré le ministre. Il a également souligné l'importance de maintenir un dialogue ouvert avec les entreprises engagées dans le projet afin de trouver des solutions aux difficultés rencontrées.
Interpellé sur l'emploi et la protection de l'environnement, le ministre s'engage
Le ministre a également abordé les préoccupations liées à l'emploi, notamment les tensions survenues entre les jeunes de Kédougou et les responsables du chantier concernant le recrutement et les types de contrats proposés. Il a réaffirmé la détermination du gouvernement à créer des opportunités d'emploi pour les jeunes de la région, tout en garantissant des conditions de travail appropriées.
En ce qui concerne les impacts environnementaux du projet, le ministre a assuré que « toutes les mesures nécessaires avaient été prises pour minimiser les perturbations, y compris les compensations pour les populations déplacées ». Il a également évoqué les défis posés par les glissements de terrain observés sur le site du barrage, en soulignant que « des actions correctives étaient en cours pour prévenir de tels incidents à l'avenir ».
Le ministre a exprimé son optimisme quant à la capacité des parties prenantes à surmonter les défis actuels et à mener le projet de Sambangalou à son terme. Il a rappelé l'importance stratégique de cet ouvrage pour la région et a réitéré l'engagement du gouvernement sénégalais à poursuivre les travaux dans les meilleures conditions possibles. Les discussions avec les partenaires financiers et les entreprises impliquées se poursuivront dans les prochains jours pour garantir la reprise et l'achèvement du chantier.
Une réunion interministérielle extraordinaire de l'OMVG pour décrisper la situation
Le ministre de la Guinée-Bissau a exprimé sa gratitude envers son homologue sénégalais, lors de sa visite sur le site du barrage en construction à Sambangalou. Il a souligné l'importance de cette initiative pour visiter le projet, qu'il considère comme vital pour la région et la souveraineté des États membres de l'Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Gambie (OMVG).
« Je remercie mon collègue, mon ami et mon frère, le ministre, qui a eu l'initiative de m'inviter ici. Au départ, j'avais prévu de me rendre à Dakar uniquement pour installer le nouveau secrétaire général de l'OMVG. Cependant, il a été convenu de profiter de cette occasion pour visiter le projet de Sambangalou », a déclaré le ministre.
Cette visite fait suite à des discussions antérieures concernant les retards de paiement liés au projet. Lors d'une rencontre en Côte d'Ivoire, les deux ministres avaient abordé les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre du projet. Le ministre a exhorté son homologue à dialoguer avec le ministre des Finances pour résoudre ce problème, soulignant que ces retards de paiement affectent directement l'avancement des travaux.
« Ce projet revêt une très grande dimension et est crucial pour la population. Il est impératif de comprendre les causes des retards afin d'éviter de commettre les mêmes erreurs pour notre propre projet de barrage à Sambangalou », a-t-il ajouté.
Le ministre bissau-guinéen a également annoncé qu'une réunion extraordinaire du conseil des ministres de l'OMVG serait convoquée pour analyser les problèmes en cours et trouver des solutions rapides. Il a insisté sur l'urgence de démarrer le projet qui accuse déjà un an de retard.
« Nous devons identifier les causes de ces retards et nous assurer que des mesures correctives sont mises en place. Il est essentiel que nous avancions et que nous établissions un cadre de travail efficace pour tous les États membres », a-t-il conclu.
Cette visite souligne l'engagement des pays membres de l'OMVG à travailler ensemble pour surmonter les défis communs et garantir le succès des projets de développement de la région.