Rwanda: Le pays se rapproche d'un traité d'abandon des combustibles fossiles

L’usine de méthane KivuWatt sur le lac Kivu au Rwanda
4 Septembre 2024

KIGALI — Le Rwanda pourrait devenir le premier pays africain à adopter un traité international visant à éliminer progressivement les combustibles fossiles, affirment les militants à l'origine de l'initiative.

Le Traité de non-prolifération des combustibles fossiles , lancé par une coalition d'activistes, de scientifiques et de nations, vise à compléter l'Accord de Paris, qui, selon eux, se concentre principalement sur la réduction des émissions mais n'aborde pas directement la question de l'extraction des combustibles fossiles.

Des discussions sont déjà en cours avec le ministère de l'Environnement du pays, et les défenseurs de cette cause espèrent que le Rwanda deviendra le premier signataire en Afrique.

"L'Accord de Paris se concentre sur la réduction des émissions et n'aborde pas la problématique de l'extraction des combustibles fossiles"Seble Samuel, responsable des campagnes et du plaidoyer pour l'Afrique au sein de la coalition pour le traité

« Nous nous sommes inspirés de l'histoire du Rwanda dans sa défense des accords environnementaux multilatéraux », confie à SciDev.Net Seble Samuel, responsable des campagnes et du plaidoyer pour l'Afrique au sein de la coalition pour le traité.

« Nous espérons que le Rwanda poursuivra ce leadership en devenant la première nation africaine à rejoindre le bloc du traité », déclare-t-elle.

Bien que le Rwanda ne soit pas un producteur majeur de combustibles fossiles, le pays étudie actuellement l'utilisation du gaz méthane du lac Kivu pour la cuisine, l'industrie et l'alimentation des véhicules. Si le Rwanda adopte le traité, cela signalera son engagement à investir dans les énergies renouvelables.

Le traité a déjà recueilli le soutien de 13 pays, dont Antigua-et-Barbuda, la Colombie, Fidji, Nauru, la République des Îles Marshall, Niue, Palau, Samoa, les Îles Salomon, le Timor-Leste, Tonga, Tuvalu et Vanuatu.

En outre, plus de 2 500 organisations de la société civile et 77 dirigeants mondiaux et lauréats du prix Nobel ont approuvé le traité, témoignant d'un consensus mondial croissant sur la nécessité de mesures plus fortes contre le changement climatique.

Accord de Paris

Seble Samuel a souligné la nécessité d'un nouvel accord international pour compléter l'Accord de Paris afin de garantir que les températures moyennes mondiales n'augmentent pas de plus de deux degrés Celsius par rapport à l'époque préindustrielle.

« L'Accord de Paris se concentre sur la réduction des émissions et n'aborde pas la problématique de l'extraction des combustibles fossiles », dit-elle.

En conséquence, ajoute-elle, « il doit donc être complété par un nouvel accord international qui facilite une élimination équitable de tous les combustibles fossiles et propulse une transition énergétique mondiale et équitable pour tous ».

Le traité a reçu le soutien de diverses organisations à travers l'Afrique, notamment Power Shift Africa, un groupe de réflexion sur le climat et l'énergie qui coordonne plus de 1 000 organisations de la société civile.

Dean Bhebhe, responsable de campagne chez Power Shift Africa et coordinateur de la campagne Don't Gas Africa, a souligné le besoin urgent d'un mécanisme de gouvernance mondiale pour gérer l'élimination progressive des combustibles fossiles, en particulier dans les régions les plus touchées par le changement climatique.

Ce dernier rappelle que malgré des années d'investissement dans les combustibles fossiles, 600 millions de personnes en Afrique n'ont pas accès à l'énergie, et il a averti que ce chiffre devrait atteindre 720 millions d'ici 2030 si la trajectoire actuelle se poursuivait.

Dean Bhebhe a également souligné la nécessité d'un mécanisme de gouvernance mondiale pour gérer l'élimination progressive des combustibles fossiles et la transition vers les énergies renouvelables, en particulier pour les pays les plus touchés par le changement climatique.

« Nous avons besoin d'une meilleure gouvernance mondiale pour gérer l'élimination progressive des combustibles fossiles, déclare-t-il.

« Nous avons besoin d'un forum pour négocier l'élimination progressive de la production en fonction de la capacité des pays à assurer la transition de leurs économies et de leur responsabilité historique en matière d'émissions », ajoute cette même source.

Les scientifiques de l'Institut de l'environnement de Stockholm, principaux auteurs du rapport 2023 sur l'écart de production , ont également souligné la nécessité d'un mécanisme de gouvernance mondiale pour gérer l'élimination progressive des combustibles fossiles et la transition vers les énergies renouvelables.

« Les gouvernements, dans leur ensemble, prévoient toujours de produire en 2030 plus du double de la quantité de combustibles fossiles nécessaire pour limiter le réchauffement à 1,5°C », note le rapport.

« La persistance du déficit de production mondiale met en péril une transition énergétique bien gérée et équitable », indique le rapport.

Le Rwanda est considéré comme un pionnier potentiel en Afrique pour l'adoption du traité. Le pays a déjà fait preuve de leadership dans la lutte contre la crise du plastique et a interdit les sacs en plastique à usage unique en 2008. Il s'est fixé comme objectif ambitieux d'atteindre 60 % d'énergie renouvelable d'ici 2030.

 

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