Afrique: 9e sommet Chine-Afrique - Vous avez dit partenariat gagnant-gagnant ?

interview

Le siège de l'Union africaine (UA) s'est déporté à Pékin pour 72 heures. La capitale chinoise accueille en effet, du 4 au 6 septembre 2024, le 9e Forum de coopération Afrique-Chine (FOCAC) en présence d'une vingtaine de chefs d'Etat africains. Les mêmes qui souvent snobent les sommets de l'organisation panafricaine sont toujours prompts à aller à ces grands rendez-vous. Quand ce n'est pas avec la Chine, c'est avec la France, l'Union européenne, les Etats-Unis, le Japon, l'Inde, le Brésil, la Russie, la Turquie et que savons-nous encore, chacune de ces puissances, grandes ou moyennes, voulant son traditionnel tête-à-tête avec le continent.

L'objectif officiel de tous ces conclaves est le renforcement des relations entre ces pays ou regroupement de pays et le Berceau de l'humanité dans un partenariat qu'on dit toujours gagnant-gagnant. Mais y a-t-il toujours du gagnant-gagnant dans la coopération quand on sait que les relations internationales sont par essence un monde impitoyable où c'est souvent la raison du plus fort qui est la meilleure ? Qui plus est, quand l'Afrique est obligée de tendre la sébile pour les besoins de son développement. Un adage ne dit-il d'ailleurs pas que la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit ?

Les Chinois ont beau se présenter comme les vrais amis de l'Afrique, on se demande si ce n'est pas, avant tout, les intérêts qui priment.

Rendez-vous triannuel lancé en 2000, le FOCAC se tient cette année sous le thème «Unir nos forces pour faire avancer la modernisation et construire une communauté sino-africaine de haut niveau avec un avenir commun». Un thème assez pompeux comme c'est souvent le cas dans de pareilles enceintes, mais de façon concrète, l'Empire du milieu et ses partenaires africains discuteront de la coopération concernant les infrastructures, les énergies, l'éducation et le commerce.

Pékin serait actuellement le premier partenaire commercial de l'Afrique et, depuis de nombreuses années, ses échanges commerciaux avec le continent noir croissent de 17% par an en moyenne. Il sera également question sur les rives du Yangtsé de l'épineuse question de la dette. Entre 2000 et 2020, la Chine a prêté au continent l'équivalent de 140 milliards de dollars. Ce qui en fait son premier débiteur.

Pour certains observateurs, Pékin prête à tire-larigot, au point que certains emprunteurs se trouvent pratiquement pris à la gorge par cet «argent facile» craché par le Dragon asiatique.

Sans doute les Chinois pensent-ils au développement de l'Afrique, mais en se rasant chaque matin, Xi Jinping pense tout aussi à la pourvoyeuse de matières premières qu'est l'Afrique, qu'il s'agisse de pétrole, de bois ou de minerais, notamment les fameuses terres rares dont les grandes puissances ont besoin pour leur croissance technologique.

Dans un monde dominé par la superpuissance américaine, les Chinois jouent aussi quelque part une carte diplomatique dans ces relations avec les pays africains pour contrebalancer, dans une certaine mesure, le diktat américain et celui européen sur un certain nombre de sujets internationaux.

L'avantage avec les Chinois au moins, si c'en est un, c'est qu'ils ne se piquent pas de parler de démocratie, de droits de l'homme et autres, contrairement aux Occidentaux qui sont très regardants sur ces questions et qui, très facilement, tombent dans l'ingérence, ce que certains Etats, pour ne pas dire dirigeants, abhorrent au plus haut point.

Il faut espérer en tout cas que de ces retrouvailles sino-africaines sortent des décisions concrètes pour booster le développement du continent qui demeure, hélas, une simple réserve de matières premières, une arène où les pays riches s'étripent à qui mieux mieux dans un jeu d'intérêts où les sentiments n'ont pas toujours leur place.

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