Ils veulent savoir si leurs proches sont toujours en vie à la prison de Makala, trois jours après la tentative d'évasion qui s'est soldée par un bain de sang.
En République démocratique du Congo, une tentative d'évasion à la prison centrale de Kinshasa s'est soldée par la mort d'au moins 129 personnes dans la nuit de dimanche (01.09) à lundi.
Depuis, la sécurité reste renforcée autour du Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa. Les proches des détenus, venus leur rendre visite et s'assurer qu'ils sont vivants, se sont vu refuser l'accès à la prison de Makala.
Les habitants du quartier affirment qu'il y a parfois encore des tirs, comme ce mercredi matin (04.09) par exemple. Plusieurs familles ont ainsi préféré mettre leurs enfants en sécurité, dans un autre quartier de la ville, en attendant que la situation s'améliore. C'est le cas de cet habitant de Selembao qui préfère ne pas donner son nom.
Il assure que "des militaires tirent sans tenir compte qu'il y a un bébé, qu'il y a des enfants de moins de cinq ans. Des balles perdues tombent à l'improviste. J'ai essayé d'évacuer mes enfants pour les protéger. Nous sommes derrière la prison. Nous avons peur. Je ne veux pas perdre mes enfants".
Rentrée scolaire perturbée
La rentrée scolaire a eu lieu lundi (02.09), mais jusqu'à ce mercredi, il y a peu d'élèves présents dans les écoles voisines de la prison de Makala. Les salles de classe sont presque vides, comme l'explique la responsable d'une de ces écoles qui a préféré, elle aussi, ne pas se faire identifier.
Selon elle, "certains parents ont eu peur d'envoyer leurs enfants à l'école. Aujourd'hui, nous sommes mercredi. Il y a toujours la même situation parce que, vous allez l'entendre, il y a toujours des crépitements de balles. Les enfants ne viennent pas. Pas moyen d'avancer avec la matière prévue. C'est déjà une semaine de perdue. Que les autorités fassent tout pour rétablir l'ordre."
Déplacer la prison de Makala vers une zone inhabitée
Les quelques élèves présents en classe étudient dans la peur. Ils craignent d'être victimes d'une balle perdue tirée de la prison. Cet autre responsable d'une école, située dans les environs de Makala, parle aussi sous anonymat et il estime que la prison est tout simplement mal placée.
Il plaide pour "délocaliser la prison centrale de Makala. Notre ville-province de Kinshasa ne manque pas d'espace. Si nous allons vers le plateau de Bateke, nous trouverons des zones inhabitées. Ce serait idéal pour l'Etat congolais de construire une prison dans ce coin".
Le Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa, mieux connu sous le nom de prison centrale de Makala, a été construit en 1957 avec une capacité d'accueil de 1.500 détenus. Mais il en abrite aujourd'hui plus de 15.000, malgré les efforts de réduction du nombre de détenus réalisés par Constant Mutamba, ministre congolais de la Justice.