Le contrat pour la fabrication des cartes d'identité biométriques, qui avait été conclu entre l'Etat et les entreprises Afritech et Idemia, a été rompu.
Au mois de février, l'Inspection générale des finances avait alerté sur l'explosion du coût de ce projet, passé de 400 millions au départ à 1,2 milliard de dollars. Une dérive qui faisait redouter des cas de surfacturation et de corruption.
Le contrat avait été passé avec le consortium comprenant le leader français de la biométrie Idemia et l'entreprise africaine Afritech.
Ces deux entreprises étaient partenaires de l'Office national de l'identification de la population, l'Onip, chargé de la production des nouvelles cartes d'identité en RDC, un document absent depuis 1986.
Désormais, à la suite aussi de révélations dans la presse, le contrat signé entre l'Etat congolais et les entreprises Afritech et Idemia est annulé. Le site congolais Actualité.cd et Bloomberg précisent que le contrat a été rompu le 12 août par consentement mutuel.
Richard Ilunga est le directeur de l'Onip. Il explique qu'une commission a été mise en place pendant qu'il était suspendu de ses fonctions, de mars à juillet. C'est cette dernière qui a recommandé l'annulation du contrat.
"Quand je suis revenu de suspension, j'ai trouvé qu'il y avait une commission qui avait été mise en place et dont les recommandations étaient la résiliation de ce contrat. J'attends le rapport de cette commission pour vous donner un peu plus de précision", confie ce dernier à la Deutsche Welle. "Je n'ai pas formellement les raisons, donc je ne peux pas répondre à cette question directement, mais une chose est sûre : on m'a instruit par la haute hiérarchie de résilier le contrat, cela s'est fait à l'amiable entre les deux parties."
Les associations de lutte contre la corruption prônent plus de rigueur
L'annonce de la rupture de ce contrat a été bien accueillie du côté du Congo n'est pas à vendre, un consortium qui lutte contre la corruption en RDC.
Jean-Claude Mputu, qui en est le porte-parole, précise que c'était un contrat passé dans des conditions troubles et à ce jour, plusieurs questions demeurent :
"Comment un tel marché a pu être conclu ? Comment a-t-on pu en arriver à ça ? C'est là où il faut absolument respecter les règles de passation de marché public avec des appels d'offres transparents pour éviter ce genre de magouille et qu'on se retrouve dans ce genre de contrat où, très souvent, l'Etat est perdant et le peuple victime de nos dirigeants"
Plus de quarante ans sans carte d'identité
Un scandale qui est un coup dur pour les Congolais qui devront de nouveau attendre pour recevoir des cartes d'identité. Richard Ilunga, le directeur de l'Onip, affirme pourtant que les nouvelles cartes seront disponibles l'année prochaine, alors que le pays n'en a plus depuis près de quatre décennies.
"Le premier morceau, c'est celui qui va s'occuper des électeurs, c'est-à-dire des personnes qui ont été identifiées par la Céni (la Commission électorale nationale indépendante). Et c'est la plus grosse strate parce que le fichier de la Céni pèse près de 43 millions de personnes. Nous allons travailler sur ce fichier pour le mettre aux normes de l'Onip", explique M. Ilunga. Selon lui, "cela va se faire très vite, et nous comptons terminer surtout avec la base de données qui est au coeur du dispositif administratif de la République, avec l'octroi des cartes d'identité avant la fin 2025".
Un scandale financier de plus
Le dossier des cartes d'identité n'est malheureusement pas le seul du genre en RDC. Plusieurs dossiers ont été éclaboussés par des faits ou des soupçons de corruption. A cet effet, le Congo n'est pas à vendre recommande que des commissions soient mises en place pour vérifier tous les marchés conclus ces dernières années et annuler tous ceux qui sont entachés par des soupçons de corruption, tout en prônant plus de transparence.