Sénégal: Gestion des laboratoires médicaux - Un secteur, mille demandes !

4 Septembre 2024

Le secteur de la biologie demeure un pilier essentiel et incontournable du système de santé. Au Sénégal, si on s'accorde sur les performances notées ces derniers temps, avec la mise à disposition de personnes ressources qualifiées et les résultats rendus, il faut reconnaitre que beaucoup de laboratoires sont dans une situation de détresse pour manque d'intrants, cadre adapté d'exercice, mais aussi de disponibilité d'agents. D'où l'urgence de mieux travailler sur l'équité.

La pandémie à Covid 19 vécue au Sénégal a fini de mettre à nu la performance des laboratoires du pays. Seuls quelques-uns étaient à mesure de prendre en charge les analyses de Covid. Raison pour laquelle les autorités sanitaires ont décidé de mettre sur pied de grands laboratoires dans les 14 régions du Sénégal ainsi qu'au niveau des postes de santé.

Dans cette quête de maillage national, plusieurs facteurs sont en manque même si la quasi-totalité des structures de santé dispose d'un laboratoire présentement. Cependant, il faut faire remarquer que beaucoup de ces laboratoires sont en manque d'éléments vitaux comme les intrants et les ressources humaines qualifiées. Les malades passent de services d'orientation d'une structure sanitaire du public à une autre pour enfin finir dans le privé. Une situation qui appelle au rétablissement de l'équité puisque Dakar concentre les grands laboratoires et les analyses de pointe sont acheminées dans la capitale sénégalaise aussi.

Pour l'ancien directeur des laboratoires, le Pr Moctar Dièye, le Sénégal a besoin de laboratoires au-delà des épidémies mais également d'un programme qui va aider le pays à renforcer son système de laboratoire pour les analyses de routine parce que, dans 90% des cas, les laboratoires développent des activités de routine.

Certes, l'Etat a fait des efforts, mais le nombre de recrues dans la fonction publique doit être revu à la hausse. De l'avis du président des biologistes du Sénégal, Sékhou Cissé, le ratio des techniciens n'est pas respecté dans les laboratoires au Sénégal. Pour lui, il doit y avoir dans chaque laboratoire au moins deux techniciens pour la manipulation et la validation technique.

« Il y a certains tests comme celui EMMEL de la drépanocytose qui nécessite deux validations techniques pour pouvoir confirmer les résultats. Il faut respecter le ratio du personnel dans les laboratoires et essayer de faire tout pour pérenniser la formation continue pour la mise à jour des nouvelles techniques de routine » a-t-il fait savoir. En plus de régler les problèmes des infrastructures, les cadres qui abritent la manipulation sont vétustes et doivent être refaits.

L'aspect qualité des analyses

La direction des laboratoires a mené des inspections dans la majorité des laboratoires existants au Sénégal, du côté privé comme public. Selon le directeur sortant, le Professeur Dièye, le niveau des rendus est acceptable. Seulement, l'association des laboratoires du Sénégal estime que la performance ne peut pas être atteinte sans la qualité et le Sénégal a encore du chemin à parcourir avant d'y arriver. « On ne peut pas faire les analyses sans la qualité. Cette démarche permet de rendre aux normes les laboratoires pour l'atteinte des objectifs et pour une meilleure qualité des résultats.

Il faut essayer de recruter le maximum de personnels de laboratoire pour ouvrir des laboratoires dans les gros postes de santé afin d'éviter au patient de faire des kilomètres pour les réaliser, surtout quand il s'agit de bilan prénatal » a souligné M.Cissé. Il faut aussi faire remarquer que si Dakar est doté des plateaux sanitaires de dernière génération, surtout dans les hôpitaux de niveau 3 et les structures de référence, ceux qui sont dans les régions en souffrent vraiment. La plupart du matériel ne répond pas aux normes Iso, le cadre référentiel qui permet de minimiser les erreurs. Face à cette situation, l'association des biologistes du Sénégal invite l'Etat à donner aux structures sanitaires des automates.

Le ministère sur le développement de la biologie

Selon l'ancien ministre de la Santé et de l'action sociale Abdoulaye Diouf Sarr, le Sénégal reconnait l'importance et la place centrale du Laboratoire dans le dispositif sanitaire. « Le laboratoire de biologie médicale (LBM) est un élément central du système de santé. Toutefois, comme la plupart des pays africains, le Sénégal doit améliorer la prise en charge rapide de la maladie, qui dépend aussi de la disponibilité́ de services de laboratoire de qualité́. C'est dans cette optique que le gouvernement a mis en place, par Décret n° 2012-543 du 24 mai 2012 fixant la répartition des services de l'état, la Direction des Laboratoires pour faire face aux défis de ce sous-secteur », a fait remarquer la note conceptuelle pour la politique de développement du laboratoire au Sénégal.

Besoin de personnes ressources

Si les laboratoires demeurent les yeux du médecin pour poser le traitement, les personnes qui doivent effectuer ce travail sont en manque. D'après les statistiques de l'association des biologistes du Sénégal, les personnes recrutées dans le pays sont estimées à un total de 688 techniciens membres de l'union dont seulement 176 fonctionnaires étatiques et 34 bénéficiant des contacts du ministère de la Santé, selon leur dernier recensement. «Le chiffre est très infime par rapport au total de diplômés. Au Sénégal, nous avons 218 laboratoires dont 83 laboratoires privés» a-t-il fait savoir. Dans les structures périphériques, ce sont les aides-soignants ou aides-infirmiers qui font les manipulations ou encore les agents de la Croix rouge. Une situation qui va jouer sur la qualité des rendus.

Les maladies infectieuses, les grandes recrues

Les différents programmes qui concernent la prise en charge des maladies infectieuses comme le Programme national de la tuberculeuse PNT, le Conseil national de lutte contre le sida (Cnls) ont besoin des biologistes pour le suivi des malades dont l'état de santé doit être évalué dans le temps. Aujourd'hui, la majorité de leurs laboratoires ne sont pas fonctionnelles.

Les références prennent de l'ampleur, faute d'intrants ou de personnels de santé. La gratuité de cette prise en charge devient une autre charge pour le malade qui doit faire face à ces dépenses onéreuses. Dans les autres programmes comme le Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp), hépatite et autres, les coordonnateurs font recours à l'université pour la mise en place des stratégies.

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