Congo-Kinshasa: Affaire Seth Kikuni, Mike Mukebayi, Kabund et consorts - Le FCC crie à l'intolérance et au musellement de l'Opposition !

communiqué de presse

COMMUNIQUE DU FRONT COMMUN POUR LE CONGO SUR LA DEGRADATION CONTINUE DE LA SITUATION SECURITAIRE ET LES VIOLATIONS MASSIVES ET REPETEES DES DROITS HUMAINS EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Le Front Commun pour le Congo constate, avec forte indignation, la détérioration sans précédent de la situation sécuritaire en République Démocratique du Congo en général et, plus particulièrement, dans les provinces sous administration militaire, Nord-Kivu et Ituri, de même que dans la province du Maï-Ndombe et dans la ville de Kinshasa et sa périphérie.

Le FCC condamne avec véhémence les récentes tueries de masse à Kilwa (Haut Katanga) et à Kolwezi (Lualaba), planifiées et perpétrées par des éléments d'une branche des Forces de Défense et de Sécurité qui dépend directement de la Présidence de la République. Il exige qu'une enquête indépendante soit diligentée de toute urgence pour en déterminer les auteurs, co-auteurs et donneurs d'ordre, et qu'un procès public et équitable soit organisé, afin que ces derniers soient dûment sanctionnés.

Ces actes ignobles, qui ne cessent de se répéter depuis la tuerie des sympathisants des Bakata Katanga à Lubumbashi, il y a trois ans, et de celle, à Goma en 2023, de plusieurs dizaines d'adeptes d'une secte religieuse dénommée « Wazalendo », macabre prouesse, dans un cas comme dans l'autre, des éléments de la Garde Républicaine à ce jour impunis, parce que bénéficiant de la protection des autorités en place, constituent des crimes contre l'humanité. Ils ne peuvent pas demeurer, et ils ne demeureront pas impunis.

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Le FCC exprime sa profonde compassion aux compatriotes victimes de ces atrocités. Il s'indigne par ailleurs du silence assourdissant du Gouvernement sur ces actes de barbarie répétés, et de l'absence de toute action répressive à même d'en décourager la récidive. Un comportement qui est plus un aveu de culpabilité qu'une preuve d'inconscience ou d'incompétence.

Le FCC rappelle que, dans son communiqué du 06 Avril 2024, il avait dénoncé et condamné les menaces, intimidations, spoliations des biens, arrestations arbitraires, tentatives d'assassinat et assassinats dont sont victimes ses membres, singulièrement ses cadres, ainsi que d'autres compatriotes. Estimant avoir droit de vie et de mort sur tous les Congolais, et forts de leur impunité, le pouvoir et ses supplétifs ont, depuis lors, battu leur triste record en ce domaine. Après l'attaque, il y a un mois, de la résidence du Président de la République honoraire, Sénateur à vie et Autorité Morale du FCC, Joseph Kabila Kabange ; du saccage, le même jour et non loin de là, d'un immeuble appartenant à un compatriote, c'est une résidence de l'Ambassade de France qui a été investie, et les diplomates qui y habitent molestés, au mépris des privilèges et immunités consacrés dans la Convention de Vienne dont notre pays est pourtant partie.

Et, comme pour montrer leur toute puissance, et qu'ils n'ont peur de rien, pas même du sacré, la dernière victime en date de cette culture de violence et d'intimidation, instaurée par ou à la faveur des déficiences du pouvoir actuel, a été la Basilique Sainte-Marie de la Commune Kenya à Lubumbashi, qui a été complètement saccagée et dont plusieurs dizaines de fidèles ont été molestés et blessés le dimanche 25 Août dernier. Cible privilégiée de cette politique rétrograde, plusieurs camarades résistants, combattants de la liberté et autres compatriotes, de l'Opposition comme de la Société Civile, engagés contre la dictature ou exprimant tout simplement désenchantement et frustration face à des promesses de campagne jamais tenues, sont enlevés et détenus illégalement, pendant des semaines, voire des mois, par des services prétendument de sécurité, l'ANR et la DEMIAP, mais qui sont en fait devenus des services propagateurs d'insécurité.

D'autres camarades sont, pour leur part, portés disparus, obligés de s'exiler ou de vivre en clandestinité, dans des conditions inhumaines et loin de leurs familles.

C'est notamment le cas, depuis plusieurs mois de Me Gloria Senga, activiste des droits humains et une des leaders de la campagne « Tolembi Pasi » ; de Franck Diongo, Président du Parti Lumumbiste Progressiste ; des Députés national et provincial honoraire Daniel Safu et Mike Mukebayi, cadres du parti politique Ensemble pour la République. C'est aussi le cas, depuis plusieurs mois pour certains et quelques jours pour d'autres, du Pasteur Ngoy Mulunda Nyanga, Président Honoraire de la Commission Electorale Nationale Indépendante, des cadres et communicateurs du FCC Kahozi Bin Malisawa, Momo Mulapu, Papy Tamba, Claude Mashala et Pius Romain Roland Ngoy, pour ne citer que ceux-là. Le Front Commun pour le Congo dénonce cette volonté manifeste du régime en place de réduire ses membres, ainsi que toute autre voix dissidente au silence et, plus largement, d'empêcher l'exercice, par les Congolais, de leurs libertés fondamentales.

Les enlèvements, arrestations et attaques violentes dont sont victimes les personnalités politiques du FCC et leurs biens relèvent en effet d'une politique délibérée et systématique, du pouvoir en place, visant à cibler et à museler les membres de cette famille politique, les empêchant ainsi de jouir des droits et d'exercer des libertés leur reconnus aux termes de la Constitution et de lois de la République.

Le Front Commun pour le Congo prévient les concepteurs de cette politique qu'elle viole notamment, les articles 17, 23, 29 et 30 de la Constitution du 18 février 2006. Il prévient aussi les exécutants de ladite politique que leurs actes portent atteinte aux engagements internationaux que la République Démocratique du Congo a contractés, particulièrement la Charte Africaine des droits de l'homme et des peuples en ses articles 6, 9, 10.2, 12.1 et 14 ; le Pacte international relatif aux droits civils et politiques en ses articles 9.1, 12.1, 17.1 et 19.1 ; ainsi que d'autres instruments régionaux et universels relatifs aux droits et libertés fondamentaux.

Le Front Commun pour le Congo exige donc la libération, immédiate et sans condition, de ses membres et de tous les opposants et acteurs de la Société Civile, victimes de l'intolérance politique, injustement arrêtés, emprisonnés ou détenus dans des cachots secrets. Il exige aussi l'arrêt de la traque, des menaces, des poursuites judiciaires et d'autres formes d'intimidation à l'endroit des journalistes, analystes et communicateurs politiques, aujourd'hui contraints à la clandestinité ou à l'exil, du fait de leurs opinions politiques.

Le FCC souligne que, faute de le faire, le Gouvernement sera tenu responsable de tout drame qui pourrait arriver à ces combattants de la démocratie et à leurs proches. Le FCC en profite pour rappeler au Gouvernement qu'il est responsable du respect des droits de l'homme en général et de la liberté d'expression en particulier et qu'il doit donc y veiller, en laissant vivre paisiblement les compatriotes qui, en exprimant leur opinion, ne font qu'exercer un droit inaliénable qui leur est reconnu par la Constitution.

Le Front Commun pour le Congo fait remarquer, par ailleurs, qu'en plus de leur illégalité, ces actes attentatoires aux libertés fondamentales qu'il décrie à nouveau ce jour, compromettent la tranquillité et la cohésion dont notre peuple a tant besoin, en ce moment précis où notre pays fait face à des nombreux défis qui menacent son existence et son avenir. Le Front Commun pour le Congo affirme qu'il ne lésinera donc sur aucun moyen pour porter devant les instances aussi bien nationales qu'internationales ces faits qui sont de nature à compromettre la paix et la stabilité en RDC, et partant, dans l'ensemble de la sous-région.

D'ores et déjà, le Front Commun pour le Congo prend à témoin l'opinion internationale, et singulièrement les diverses composantes de la Communauté internationale qui, comme tétanisées, sont jusque-là aphones et sans réaction face aux violations massives des droits humains par le régime en place, et à sa volonté non équivoque d'instaurer la pensée unique dans notre pays où, s'exprimer librement relève désormais de la témérité, tous ceux qui prennent la parole contre le régime dictatorial en place le faisant au péril de leur liberté, sinon de leur vie.

Le FCC attire tout particulièrement l'attention de l'Organisation des Nations Unies - singulièrement, des Etats membres permanents du Conseil de Sécurité, de l'Union Africaine, de la Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale et de la Communauté de développement de l'Afrique Australe, sur le risque que cette politique fait peser sur la paix et la cohésion nationale, ainsi que sur la paix et la sécurité dans la région. Ne rien faire, face à cette dangereuse dérive dictatoriale, serait gravement manquer à leur responsabilité de garants de la sécurité régionale et internationale, et faillir à leur devoir de prévenir les conflits.

En conclusion, le Front Commun pour le Congo souligne que la persécution de ses membres, ainsi que des autres opposants, ne constitue pas qu'un recul regrettable sur le chemin de la démocratie et de l'Etat de droit. Il est aussi et surtout le signe d'un pouvoir intolérant, prédateur, corrompu et corrupteur, sans vision, ni compétences et qui, face à son incapacité avérée de répondre aux attentes légitimes du peuple, pense compenser son déficit criant de légitimité en muselant toute opposition ou contradiction.

Loin d'être intimidé par ces actes qui témoignent de la lâcheté de leurs auteurs, le Front Commun pour le Congo est plus que déterminé à poursuivre avec vigueur sa résistance à la dictature ; son programme de sensibilisation de la population aux défis existentiels de notre temps ; son action de défense des libertés et droits fondamentaux des citoyens, de la cohésion nationale, du bienêtre des congolais, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de notre pays ; le tout, conformément aux prescrits de la Constitution et des lois du pays.

Le Front Commun pour le Congo rappelle à ce sujet que le serment fait par ses membres, de ne jamais trahir le Congo, et que partage la plupart de nos compatriotes, implique notamment un engagement irrévocable à défendre, à tout prix, la démocratie et l'Etat de droit.

Au regard de la situation qui prévaut aujourd'hui dans notre pays, pour le Front Commun pour le Congo et pour l'ensemble du peuple congolais, l'activation de l'article 64 de la Constitution de la République, loi suprême qui s'impose à tous, apparaît donc, de plus en plus, non pas comme une nécessité, mais plutôt comme une obligation et un devoir.

Fait et rendu public, le 29 août 2024

 

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