Ndyebo Lamani sera sur le tatami des Jeux paralympiques de Paris 2024 ce 6 septembre dans la catégorie des -73 kg J1, réservée aux non-voyants. Ce parajudoka sud-africain a 32 ans. C'est sa première participation dans un sport où il est l'un des rares représentants africains. Il s'est pris d'une passion absolue pour cette discipline dont il espère devenir le porte-étendard dans un pays où sa pratique demeure très confidentielle. Rencontre.
A Peddie, la petite ville de la province du Cap oriental où il a grandi, on a parfois pris Ndyebo Lamani pour un affabulateur. « Vous savez, je viens d'une zone rurale où personne ne connaissait ce sport, raconte-t-il. Là-bas, c'est le rugby et c'est tout. Je suis le premier athlète de là-bas à me qualifier à toutes ces compétitions, à voyager un peu partout. On croyait que je mentais, que j'étais fou. Des fois, j'ai dû montrer mon passeport, mes médailles, tout ça... Maintenant pour les gens là-bas, ma communauté, c'est une bonne chose, ils sont heureux et fiers ».
Depuis sa découverte du para-judo en 2010, Ndyebo Lamani s'est lancé à fond dans la compétition, repoussant à plus tard la recherche d'un emploi, malgré quelques formations dans l'informatique ou l'entrainement. « Passer au judo a été assez simple pour moi, assure-t-il. J'aimais déjà bien la lutte, et puis je suis quelqu'un qui apprend vite. Ce que j'ai aimé est que le judo est un sport qui demande de la discipline et qui permet de se faire des amis, j'ai rencontré plein de gens très différents. On combat, et après on est à nouveau copains. En revanche, ça n'a pas été facile de se qualifier, parce qu'on n'a pas trop d'argent et de moyens, donc il faut se débrouiller, trouver des sponsors pour aller aux compétitions ».
Ndyebo Lamani a déjà 32 ans, mais il est encore en plein développement estime son coach, Dirk Crafford, qui ne tarit pas d'éloges sur son implication : « Son point fort, c'est qu'il est très concentré sur ses objectifs, c'est un gros travailleur qui veut rendre son pays fier. Pour moi, il est encore jeune, il peut encore faire trois fois les Jeux ! S'il continue à progresser comme il le fait depuis quatre ans, il deviendra l'un des meilleurs. »
Dirk Crafford espère développer le para-judo au cours des quatre prochaines années, en repérant des combattants potentiels dans les nombreux centres pour déficients visuels du pays. Pour l'instant, seuls trois proposent ce sport, et il n'y en a même pas à Johannesburg.