La concertation régionale pour la lutte contre la corruption s'est tenue au 6ème étage de l'Hôtel de la Poste Antsiranana les 3 et 4 septembre derniers. Réunissant 80 personnes issues de différentes entités, à savoir la société civile, les acteurs du secteur privé, les autorités locales, les journalistes, les directeurs régionaux, ainsi que les leaders traditionnels, l'objectif était de recueillir l'avis de tous en vue d'un projet commun.
Bien entendu, diverses formes de corruption ont été abordées. Les participants sont entièrement convaincus que cette pratique est le facteur principal de la régression du pays. Non seulement elle favorise l'inégalité des chances, mais elle creuse également l'écart entre les riches et les pauvres.
De ce fait, des propositions ont été faites pour éradiquer ce fléau.
L'assistance, bien qu'engagée, est cependant persuadée qu'un atelier de 18 heures ne suffit pas. Les initiateurs souhaitent établir une perspective pour 2025-2030. La corruption est profondément enracinée tant dans les institutions publiques que dans la vie quotidienne. Elle est devenue un véritable sport national. Comment élaborer une nouvelle stratégie en deux jours ?
D'autre part, il semble que les décisions prises soient canalisées. Bien que les leaders traditionnels, en l'occurrence le Prince du Sakalava Bemazava de Sambirano, aient été présents, personne n'a osé solliciter leur avis. Autrement dit, l'aspect culturel n'a pas été pris en compte. Néanmoins, les journalistes locaux ont eu l'occasion de s'entretenir avec Rachid Tsiaraso IV pour obtenir son point de vue sur la corruption.
« Nos aïeux étaient contre la corruption. Ils avaient leurs propres préceptes, le Dina. En fait, c'était une règle régissant la société de leur époque. De nos jours, ce règlement est toujours respecté dans les villages. Certes, il y a des lois, mais elles sont souvent rédigées en langue étrangère, ce qui fait que les habitants ne comprennent pas. Ils considèrent que ces articles sont destinés aux élites... Personnellement, je trouve que le Dina est plus efficace », a ouvertement affirmé l'ampanjaka.
En effet, les valeurs et les morales occidentales sont souvent mal adaptées au contexte local. Par conséquent, les usages traditionnels s'effritent au profit de textes incompris.
En somme, il convient de dire que la concertation régionale était une bonne initiative de la part des responsables. Toutefois, la valeur traditionnelle de chaque région doit être reconnue. Dans le cas contraire, ce ne sera qu'une « théorie du changement ».