La majorité des citoyens veulent que la police et les tribunaux fassent plus pour protéger les femmes et les filles contre la discrimination et le harcèlement.
Key findings
- Trois quarts (76%) des Béninois affirment que la violence contre les filles et les femmes n'est pas courante dans leur communauté, mais 24% disent le contraire.
- La majorité (56%) des Béninois pensent qu'il n'est « jamais justifié » qu'un homme batte sa femme si elle a fait quelque chose qu'il n'aime pas ou pense être mal. Cependant, plus de quatre répondants sur 10 (43%) estiment que ce type de violence est « parfois » ou « toujours » justifiée.
- Tandis que la grande partie des Béninois affirment que la discrimination et le harcèlement contre les femmes et filles ne sont pas fréquents, des minorités non négligeables pensent que ces traitements se produisent « souvent » ou « toujours » : o 20% disent que les élèves filles ou étudiantes sont victimes de discrimination, de harcèlement ou de demandes de faveurs sexuelles de la part de leurs enseignants. o 16% déclarent que les femmes sont harcelées sexuellement dans des lieux publics tels que les marchés, les rues ou les transports publics. o 13% affirment que les filles sont empêchées d'aller à l'école au détriment des garçons. o 19% disent que les femmes sont empêchées par leur conjoint ou d'autres membres de la famille d'occuper un emploi salarié.
- Plus de six Béninois sur 10 (64%) pensent qu'il est « quelque peu probable » ou « très probable » que les gens croient aux femmes et aux filles qui se plaignent d'être victimes de discrimination ou de harcèlement.
- Mais une majorité plus importante (77%) de répondants estiment que la police et les tribunaux devraient faire davantage pour protéger les femmes et les filles contre la discrimination et le harcèlement.
Au Bénin, la violence basée sur le genre (VBG) et les traitements discriminatoires envers les femmes demeurent des problèmes majeurs et répandus, malgré les efforts déployés par l'Etat et ses partenaires pour les anéantir. Selon le rapport national sur la mise en oeuvre du programme d'action de Beijing au Bénin, les femmes et les filles restent particulièrement vulnérables à diverses formes de violence (Ministère des Affaires Sociales et de la Microfinance, 2019).
Environ trois femmes sur 10 (27%) ayant entre 15 et 49 ans ont déjà subi des actes de violence dans leur vie. Un dixième (10%) des femmes disent avoir connu de violences sexuelles à un moment donné. Et le taux de femmes ayant, à un moment donné, subi des blessures dues à des actes de violence physique de la part de leur conjoint s'élève à 43% (Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique, 2019).
Aussi, les filles et les femmes continuent d'être victimes de harcèlement sexuel de la part de leurs enseignants et de leurs employeurs malgré que cela soit puni par la loi (Réseau des Femmes Leaders pour le Développement, 2020).
Malgré l'adoption de lois visant à protéger les femmes contre les violences, leur application reste limitée. Ainsi, de nombreuses victimes hésitent à porter plainte par peur de représailles, de stigmatisation ou par manque de confiance au système judiciaire. Pour preuve, l'enquête Afrobarometer du Round 9 réalisée en 2022 révèle que 65% des Béninois pensent qu'il est probable qu'une femme de leur communauté soit critiquée, harcelée ou humiliée par d'autres membres de la communauté si elle décide de se rendre à la police pour signaler un incident de violence fondée sur le sexe (Agbozo & Kounoudji, 2022).
La présente dépêche rend compte d'un module d'enquête spécial inclus dans le questionnaire d'Afrobarometer Round 10 au Bénin pour explorer les expériences et les perceptions des citoyens sur les violences basées sur le genre, le harcèlement et la discrimination envers les femmes.
La majorité des Béninois pensent qu'il n'est « jamais justifié » qu'un homme batte sa femme, que les violences basées sur le genre ne sont pas courantes, et que les discriminations et le harcèlement contre les femmes et les filles sont rares ou inexistants dans leurs communautés. Pourtant un nombre considérable de citoyens perçoivent fréquemment ces genres de comportement envers les femmes et les filles.
Les Béninois pensent dans leur majorité qu'il est probable que les femmes ou filles qui se plaignent d'être victimes de discrimination ou de harcèlement soient prises au sérieux dans leur pays. Toutefois, une majorité encore plus importante réclament davantage d'actions de la part de la police et des tribunaux en faveur de la protection des femmes contre ces violences.
Justine Gbaguidi Justine Gbaguidi est assistante de recherche à Innovante Recherche en Economie et Gouvernance, le partenaire national d'Afrobarometer au Bénin.
Pamela Agbozo Pamela Agbozo is an associate researcher at IREG
Louis Tomavo Louis Tomavo est assistant de recherche à l'IREG.