Chaque année, le 30 août est marqué dans le monde entier, par la commémoration de la Journée internationale des personnes disparues. Une journée qui a été instituée le 21 décembre 2010, à la suite de l'adoption de la Convention internationale de protection des personnes contre les disparitions forcées par l'Assemblée générale des Nations Unies en 2006.
L’Edition 2024 conjointement organisée par le Comité international de la Croix rouge(Cicr)et la Commission nationale des droits de l’l’homme( Cndh), a été officiellement célébrée en Côte d’Ivoire dans la commune de Port-Bouët. Ce en présence des acteurs de haut niveau de l’action humanitaire, des Droits de l’homme, des autorités politiques et administratives et des familles de personnes disparues.
A l’occasion, Laurent Fellay, Chef des opérations délégation régionale d’Abidjan, citant Pierre Krähenbühl (Dg du Cicr) à propos des personnes disparues ce de leur famille a dit : « Il est impératif de faire face à cette tragédie et d'aider les familles de disparus à faire la lumière sur ce qu'il est advenu de leurs proches. Ne pas savoir si un être cher est mort ou vivant provoque une angoisse indicible, de la colère et un profond sentiment d'injustice, et empêche les proches de faire le deuil et de tourner la page »
Avant d’ajouter que « la célébration de la 5ème édition, de la journée internationale des personnes disparues nous permet de rappeler la tragédie individuelle derrière les quelques 71.000 cas de personnes disparues, dont plus de 15.000 cas, rien que pour les années 2023-2024, ce qui représente une augmentation de 75% par rapport au chiffre enregistré en 2019 (48.000), documentés par le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr), en Afrique. Malheureusement, il convient de noter que ces disparitions sont, pour la plupart, les conséquences humanitaires des conflits armés, des autres situations de violence et du phénomène migratoire, encore plus dommageable et plus persistant. »
Dans cet océan de désolation, a ajouté Laurent Fellay, le Cicr par le biais de son programme de Rétablissement de liens familiaux, parvient à redonner dans le meilleur des cas, un sourire pour les uns, ou une piste, sur la fin de parcours de leurs parents disparus, pour d’autres. « Le Cicr, par son action auprès des familles de personnes disparues, tente ainsi d’atténuer les souffrances et les angoisses découlant de l'incertitude de ne pas savoir ce qu'il est advenu de leurs proches et les accompagne face aux d défis administratifs, juridiques et économiques directement liés au fait que leur parent soit disparu, surtout si le statut juridique de la personne disparue n'est pas reconnu dans leur pays d’origine. », a -t-il poursuivi.
Belle tribune pour les familles des personnes disparues de faire des plaidoyers. Non sans exprimer leur gratitude aux organisateurs de la cérémonie.
« Au nom des familles de personnes disparues, je tiens à vous exprimer notre profonde gratitude pour votre présence à cette cinquième édition de la journée internationale dédiée aux personnes disparues, organisée par le Comité international de la Croix Rouge en collaboration avec le Conseil national des droits de l’homme. En cette journée de commémoration, nous souhaitons attirer l’attention sur nos angoisses et nos incertitudes. Nous avons besoin de votre soutien pour persévérer dans notre quête de réponses, en attendant l’aide divine. Nous voulons savoir : nos proches sont-ils vivants ? » a dit M. Sea Alain Stéphane leur porte-parole.
Aussi le porte-parole des familles n’a pas manqué d’ajouter qu’il est essentiel pour elles de connaître la vérité sur leur sort afin de pouvoir faire notre deuil.« Chaque disparition représente pour nous un être cher : un frère, une sœur, un parent, un enfant, un conjoint. Ces liens sont précieux et leur absence pèse lourdement sur nos cœurs. Nous reconnaissons que les disparitions et les pertes humaines sont des réalités tragiques dans le monde, mais il est important de souligner que chaque famille vit cette épreuve différemment. Certains d’entre nous souffrent profondément, au point d’en être affectés physiquement et psychologiquement, et certains passent de vie à trépas sans jamais avoir eu de nouvelles de leurs proches disparus. », a- t- il ajouté.
Madame Namizata Sangaré, la présidente du Cndh a dit que « le Conseil national des droits de l’Homme (Cndh) se réjouit de cette collaboration avec le Comité International de la Croix rouge (Cicr), à l’occasion de la 5éme Edition de la commémoration de la Journée internationale des personnes disparues. Cette journée vise non seulement à informer et sensibiliser les populations sur l'importance de la question des personnes disparues, mais aussi à appeler les États, les organisations nationales et internationales à poursuivre leurs efforts pour prévenir les disparitions et accompagner les familles. »
Elle a ajouté que le Cndh salue l’adhésion de la Côte d’Ivoire à la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, adoptée en 2006, à New York. « Par cette ratification entrée en vigueur depuis le 6 juillet 2024, l’Etat ivoirien témoigne de son engagement à respecter et à promouvoir les principes de ladite convention qui vise à prévenir les disparitions forcées et à garantir la protection des droits de l’homme », a- t- elle précisé.
Il est à préciser qu’au niveau du département requêtes et investigations du Cndh, cette entité a pu documenter dix cas de disparitions forcées, suite à la saisine de ses services par les populations. Cette urgence exhorte à explorer la possibilité de mettre en place un mécanisme national de recherche des personnes disparues.
Notons que la célébration vise non seulement à informer et sensibiliser sur l'importance de la question des personnes disparues, mais aussi à appeler les États et les organisations internationales à poursuivre leurs efforts pour prévenir les disparitions et traiter les conséquences qui en découlent pour les personnes concernées ainsi que leurs familles et proches.
Au cours des précédentes éditions, cette journée a permis non seulement de sensibiliser les autorités nationales à l'importance de la question des disparitions, mais aussi de donner aux familles de personnes disparues l'occasion d’interpeller sur leurs besoins.