Dakar — Les quotidiens parvenus vendredi à l'APS se font principalement l'écho des querelles politiques à l'Assemblée nationale au sujet de la déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko, fixée au 11 septembre par la majorité des députés de l'opposition, date à laquelle s'oppose leurs collègues affiliés au pouvoir, qui dénoncent une violation du règlement intérieur de l'institution parlementaire.
"Controverse autour d'une date", affiche Le Soleil. "La majorité fait le forcing", souligne Sud Quotidien. La session extraordinaire de l'Assemblée nationale "à peine ouverte, jeudi 5 septembre, la majorité Benno met le pied sur l'accélérateur et décide de tenir les travaux de cette session en mode fast-track", écrit le journal.
Dans cet esprit, les députés de l'opposition, majoritaires, ont fixé la date de la déclaration de politique générale au 11 septembre prochain, "en porte-à-faux avec l'article 97 du règlement intérieur" de l'Assemblée nationale, lequel stipule que l'Assemblée nationale doit être informée "huit jours au moins avant la date retenue" pour le "grand oral" du chef du gouvernement, affirme Sud Quotidien.
"A chacun sa date", les députés du parti Pastef, au pouvoir, ayant décidé de leur côté que le chef du gouvernement va effectuer sa déclaration de politique générale le 13 septembre, observe Walfquotidien. Vox Populi évoque un "baroud d'honneur des députés de BBY", qui "veulent forcer le PM à tenir sa DPG le 11 septembre 2024".
En conséquence de ces désaccords, la "tension est à son paroxysme" à l'Assemblée nationale, selon Vox Populi. L'As constate que "la date du 11 septembre pour la tenue de la déclaration de politique générale suscite un tollé chez les députés qui s'accusent mutuellement". "Après le jeu, la ruse", titre ce journal, avant de pointer la persistance des désaccords entre les deux camps.
Le PM pourrait refuser de "se soumettre au diktat"
"Les membres du groupe Yewwi Askan Wi parlent d'une violation du règlement intérieur et ceux de Benno Bokk Yaakaar dénoncent des artifices du nouveau régime pour se soustraire [à] ses obligations constitutionnelles", écrit L'As.
"Une situation grosse de risque qui pourrait encore pousser le PM à refuser de se soumettre à un diktat du bureau de l'Assemblée [nationale]. Seulement, le chef de l'Etat veille au grain et se voit obligé au besoin de tordre le bras à son PM", explique le quotidien Kritik'.
Sauf que rien ne semble garanti, laisse entendre L'info. Le Premier ministre fera-t-il vraiment face aux députés, pour la traditionnelle déclaration de politique générale, s'interroge ce journal.
Source A conforte les doutes à ce sujet en signalant que les députés de Yewwi Askan Wi "prévoient de demander au Premier ministre de ne pas se présenter à l'Assemblée nationale à cette date".
Tribune, de son côté, estime que "le piège se referme sur le Premier ministre qui manoeuvre pour ne pas [aller à l'Assemblée nationale pour sa déclaration de politique générale]". "Sonko attendu le 11, mais les doutes persistent", ajoute Bès Bi Le jour. "La peur d'un 11 septembre", peut-on lire sur la manchette de ce journal.
Les prochaines législatives, "un enjeu majeur"
Il reste que la programmation de la déclaration de politique générale au 11 septembre constitue une "revanche" pour les députés de Benno Bokk Yaakaar, juge le quotidien Les Echos, selon lequel l'exécutif "voulait jouer avec le temps pour dissoudre l'institution parlementaire", à partir du 12 septembre.
Le Mandat estime que d'une manière générale, le peuple sénégalais est "victime de sa classe politique". "Les différents acteurs politiques qui incarnent les différentes institutions de la République ne s'entendent que sur leurs désaccords. Le peuple dans tout cela est étranglé par les problèmes du quotidien", écrit le journal.
"Après des débuts assez pacifiques, l'animosité et la discorde entre le régime sortant de Macky Sall et celui entrant du président Bassirou Diomaye Faye refont surface. Les élections législatives à venir constituent, sous ce rapport, "un enjeu majeur", analyse L'Observateur.
Enquête avertit contre les risques d'une "crise politico-juridique", en cas de dissolution de l'Assemblée nationale, avec des conséquences sur le processus législatif, le vote de la loi de finances et la déclaration de politique générale.