La Semaine du Pain aux Céréales Locales a officiellement été lancée hier, au Centre International du Commerce Extérieur du Sénégal (CICES), en partenariat avec la Fédération Nationale des Boulangers du Sénégal (FNBS) et le Conseil National des Employeurs du Sénégal (CNES).
Cet événement, prévu du 5 au 7 septembre, vise à promouvoir la consommation de pain fabriqué à partir de céréales locales comme le mil, le maïs et le fonio, dans un contexte où la souveraineté alimentaire devient une priorité nationale.
La Semaine du Pain aux Céréales Locales s'inscrit dans le cadre de l'initiative « Feed the Future Sénégal », soutenue par l'Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID). Ce programme ambitieux a pour objectif de renforcer l'incorporation des céréales locales dans la panification, un secteur traditionnellement dominé par l'utilisation de la farine de blé importée. L'initiative entend aussi apporter des solutions concrètes pour la substitution des importations tout en améliorant les rendements agricoles locaux.
Lors du lancement, le ministre de l'Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de l'Élevage (MASAE), Dr Mabouba Diagne, absent du territoire national, a salué par visio-conférence cette initiative. Selon lui, elle est en parfaite adéquation avec la vision du Chef de l'État qui prône une souveraineté alimentaire effective et non plus seulement théorique. Le gouvernement sénégalais entend, relève-t-il, réduire progressivement sa dépendance aux importations de blé, tout en valorisant les ressources locales.
L'un des messages forts de cette semaine est destiné aux consommateurs sénégalais : il est possible de consommer local en privilégiant des produits fabriqués au Sénégal. La diversité des déclinaisons de pain, qu'il s'agisse de pain au chocolat, au thon ou même au miel, prouve que nos céréales locales peuvent être valorisées dans des produits du quotidien.
La consommation de pain fabriqué à partir de mil, de maïs ou de fonio permet non seulement de soutenir l'économie locale, mais aussi de renforcer l'autosuffisance alimentaire du pays. C'est ce message qu'ont souhaité porter les boulangers et les promoteurs de cette initiative à travers les nombreux stands, comme celui du Centre National de Développement de la Nutrition (CNDN), présent lors de l'événement.
Pour les organisateurs, cette semaine du pain est l'occasion de sensibiliser les Sénégalais sur l'importance de ces céréales locales dans notre alimentation. En mettant en avant ces produits, le but est de montrer qu'il est possible de rompre avec une dépendance systématique au blé, et de bâtir un modèle alimentaire résilient face aux aléas du commerce mondial.
En parallèle de l'appel à consommer local, un second message important est adressé à l'État sénégalais. Les acteurs du secteur demandent à ce que les produits locaux bénéficient d'un régime fiscal plus favorable. Actuellement, la farine de blé importée bénéficie d'un taux de taxation de 0 %, alors que les farines locales restent taxées. Selon eux, « Ce déséquilibre freine l'émergence d'une véritable industrie locale de panification basée sur les céréales locales ». Pour les boulangers, si le pain est considéré comme un produit de première nécessité, il est incohérent de favoriser fiscalement les importations tout en taxant les produits nationaux.
Les boulangers appellent ainsi à une révision de la fiscalité sur les farines locales, afin que celles-ci bénéficient également d'une exonération de taxes. Cela permettrait de rendre le pain local plus accessible aux consommateurs sénégalais, tout en renforçant l'économie locale.
Pour réussir cette transition, une nouvelle politique agricole s'avère nécessaire, note-t-on. Les rendements actuels du mil et du maïs sont encore insuffisants pour assurer une production de masse à un coût abordable. Ainsi, le gouvernement est encouragé à investir dans des programmes agricoles permettant d'augmenter ces rendements, afin de rendre les céréales locales compétitives et accessibles.
La Fédération Nationale des Boulangers du Sénégal souligne également que la crise récurrente du pain, qui dure depuis plus de dix ans, doit prendre fin. Une solution réside dans la différenciation des types de pain sur le marché : un pain blanc, plus cher et non subventionné, et un pain local, subventionné, permettant à tous les ménages d'accéder à un pain à moindre coût. Cette mesure permettrait de stabiliser le marché et d'assurer une certaine justice sociale.
La Semaine du Pain aux Céréales Locales voudrait marquer ainsi une étape cruciale dans la promotion de la souveraineté alimentaire au Sénégal. Ce projet, porté par des acteurs du secteur public et privé, vise à changer durablement les habitudes de consommation en faveur des produits locaux.
Au-delà des défis fiscaux et agricoles, c'est une vision de développement durable et inclusif qui se dessine, où l'alimentation devient un pilier de la souveraineté nationale, ont-ils assuré. Et de conclure : «Alors que cette semaine de sensibilisation se déroule, il est temps pour l'État, les producteurs et les consommateurs de prendre conscience de l'importance de soutenir les produits locaux pour bâtir un avenir alimentaire stable, durable et véritablement souverain pour le Sénégal ».