L'arrivée à Madagascar de toutes ces compagnies aériennes étrangères ne doit pas nous résigner à ne plus voir voler, ici et en Andafy, l'emblématique Air Madagascar. Il fut une époque où la compagnie de l'île-continent se posait à Paris, Rome, Zürich, Francfort, Marseille, Singapour, Bangkok, Milan, Guangzhou. Et bien sûr, les dessertes régionales : Saint-Denis, Port-Louis, Mahé, Nairobi, Johannesburg, Moroni, Dzaoudji.
Oui, «L'ambassadeur Air Madagascar» (Chronique VANF, 08 juillet 2002) : «le principal, le plus faible, le plus emblématique, ambassadeur de Madagascar : la compagnie nationale AIR MADAGASCAR». Le paradoxe insulaire veut que le terminal international d'Ivato soit une invite à la magie du voyage, mais qu'au-delà des mers, les couleurs d'Air Mad réveillent douloureusement le mal du pays.
Dans une de ses dernières compositions, Érick Manana, qui n'en finit d'ailleurs pas de revenir à Dago, pour aussitôt en repartir, ne chante pas autrement : «Vorombe tsara dia, miloko fotsy mena maitso iry, ampindramo izay elatrao aho hisidinako». Là-bas, la cohabitation des couleurs d'Air Madagascar, avec celles d'autres compagnies, véritablement globales, sur le tarmac d'un hub planétaire constitue un pied de nez permanent à notre «minusculité».
Et que «l'arbre du voyageur» ne voyage finalement qu'à flanc de vieux Boeing ou sur l'empennage de plus très juvéniles ATR, importe moins que cette présence têtue, désespérée, mais toujours sympathique. En Andafy, je ne débarque jamais d'Air Madagascar sans un pincement au coeur, tandis que les retrouvailles avec son fuselage blanc met un terme à mon exil».
Dix mois avant que la conférence des créanciers d'Air Madagascar accepte «l'effacement de la moitié des dettes de la Compagnie et le rééchelonnement du reste sur trois ans», le programme des vols de la semaine du 18 au 24 février 2002 égrenait encore certaines des escales du mythique «le réseau intérieur le plus dense du monde» : en Twin Otter, Morondava, Sainte-Marie, Mananjary, Manakara, Farafangana ; en ATR 42, Sambava, Antalaha, Maroantsetra.
Voyager «MD» n'est pas un banal transport: c'est une attitude de voyage, un culte national patriotique, dont le crédo «consommer gasy» se poursuit tout naturellement par son lot de canettes THB 33 cl, discrètement servies dans un sac vomitoire, maintenant collector, estampillé du logo d'avant rebranding. Air Madagascar n'est pas un avion, c'est notre ambassadeur itinérant.