Les victimes auraient été agressées sexuellement par d'autres détenus lors de la récente tentative d'évasion meurtrière. Depuis, elles n'ont bénéficié d'aucune aide.
En République démocratique du Congo, des dizaines de femmes détenues ont été violées dans la nuit de dimanche (01.09) à lundi, lors d'une tentative d'évasion survenue à la prison centrale de Makala, à Kinshasa, qui s'est soldée selon les autorités par au moins 129 morts.
Emmanuel Adu Cole, de la Fondation Bill Clinton pour la paix, affirme que "200 femmes sur le millier qui composent le pavillon des femmes" auraient été violées.
Les associations qui viennent en aide à ces détenues n'ont pas pu confirmer ce chiffre, mais admettent que beaucoup ont pu l'être.
Assaut sur le pavillon 9
Les hommes ont investi le pavillon 9, celui réservé aux femmes, au motif de les libérer, avant de violer un grand nombre d'entre elles, témoigne une des détenues qui a assisté à la scène.
"Ils ont dit qu'ils venaient nous libérer, nous les femmes, ils étaient en train de crier, de casser, quand ils sont entrés ici, confie-t-elle. Ils ont vu des jolies filles, ils ont commencé à les violer. Même les vieilles personnes, ils les ont violées. Beaucoup de femmes. Puis ils ont ravi tout ce qu'on avait comme biens, même les matelas sont partis. Nous dormons désormais par terre. C'est vraiment triste."
Dans le pavillon 9, les filles mineures cohabitent avec les adultes et un enfant de cinq ans, qui était avec sa mère, a été tué par une balle perdue, le jour de la tentative d'évasion.
Les hommes âgés de moins de 18 ans, à l'inverse des femmes, peuvent bénéficier du pavillon numéro dix, situé à l'écart de ceux des hommes majeurs.
Quatre jours après ce drame, ces femmes n'ont toujours reçu aucune aide et les preuves de ce qu'elles ont subi risquent de disparaître.
Surpopulation carcérale
Josephine Kitoko, présidente de l'ONG Filles et femmes pour la promotion, la protection et la défense des droits humains, et qui milite pour les droits des femmes détenues en milieu pénitentiaire, explique que "les survivantes des viols, ou de violence sexuelle, sont prises en charge dès le premier jour, ou dans les 72 heures qui suivent, mais nous avons déjà dépassé ce délai. Nous n'avons pas un accès facile pour voir ces femmes et parler avec elles, puisqu'il y a une instruction, donnée par le ministre, interdisant aux gens d'accéder à la prison."
Anny Modi, experte en genre en RDC, indique que la surpopulation carcérale à la prison de Makala augmente le risque de violences contre les femmes.
Elle exige "des réformes systématiques. Cet incident souligne la nécessité de réformes profondes dans le système pénitentiaire pour garantir la sécurité et les droits des détenus, en particulier les femmes."
Les femmes victimes de viols pourront porter plainte, mais en raison de l'absence d'accès aux victimes, les associations qui aident ces femmes craignent que les preuves soient effacées.