Malgré l'interdiction de la traite par la loi, des enfants continuent à être forcés à travailler comme domestiques ou encore dans les mines au Tchad. Considérée comme un crime, la traite des enfants se pratique encore dans de nombreux pays d'Afrique. Au Tchad, malgré les sensibilisations et recours menés par des associations de défense des droits de l'enfant, ce phénomène persiste, surtout dans la zone méridionale du pays.
En dépit de l'interdiction de cette pratique par la loi, de nombreux enfants sont encore vendus ou mis en gage par leurs parents pour être exploités comme domestiques, bouviers ou dans les mines d'or. Ces enfants sont souvent maltraités par leurs maîtres et leur enfance est ainsi volée.
Depuis 2002, l'Association pour la réinsertion des enfants et la défense des droits de l'Homme (Ared), à Koumra, dans la province du Mandoul, mène des actions contre cette pratique.
Le coordonnateur de l'Ared, Madjiyara Ngar Alkoua, rappelle que "il n'y a pas que les parents. Il y a des cas de déportation des enfants, d'enlèvement des enfants à l'insu des parents, des cas de suivisme des enfants, il y a des enfants qui sont exploités dans l'élevage qu'on appelle enfants chameliers et bouviers, des enfants qui sont tués pour prélever leurs organes. Il y a aussi des enfants victimes de mise en gage pour dette, il y a aussi le mariage forcé, il y a l'exploitation des enfants dans les mines d'or. Ces enfants sont déportés du Sud à travers des réseaux goupillés par des hommes en treillis".
Assurer le suivi des enfants victimes
L'Ared, au-delà de la sensibilisation et des dénonciations qu'elle mène, accompagne également les enfants récupérés dans un centre créé pour la cause.
"Nous les récupérons de la Centrafrique, du Niger, de la Libye, du Soudan pour les amener, les former et les réinsérer dans la vie active, précise Madjiyara Ngar Alkoua. Nous avons aussi une école où il se rendent le matin et après les classes, ils suivent des formations en couture et autres. Ceux qui acceptent, on les forme à différents métiers et on les réinsère. Après la formation, nous les accompagnons avec des kits et les réinsérons dans la vie active, assorti d'un suivi adéquat. Mais aussi, quand nous arrivons à identifier les présumés auteurs, nous les poursuivons en justice parce que nous avons des avocats collaborateurs avec qui nous travaillons."
La réponse de la justice
Les autorités judiciaires tchadiennes se disent préoccupées par la situation. Pour le juge au siège du tribunal de Koumra, Beksel Na-Assngar Venance, "la loi tchadienne est très stricte. Déjà, il y a la loi 12 portant sur la traite des personnes, il y a aussi les textes qui protègent les enfants, au-delà de tout, il y a aussi le code pénal avec pour chapeau la Constitution. C'est une infraction et ici au Tchad, c'est criminel. Quand un dossier de ce genre arrive à notre niveau, nous orientons beaucoup plus vers la cour criminelle. C'est toute la chaine qui est poursuivie, à commencer par les auteurs, les complices, parce que le message que nous voudrions passer, c'est qu'on ne veut plus qu'il y ait cette pratique, donc on embarque tout le monde et cela dissuade aussi ceux qui ont l'intention de la pratiquer".
Malgré tout, chaque année au Tchad, des centaines d'enfants sont victimes de ce fléau, privés de leurs droits fondamentaux et exploités de manière inhumaine.
Depuis sa création en 2002, l'Ared a pu ainsi prendre en charge et réinsérer plus de 700 enfants.