Ile Maurice: Adieu championne

7 Septembre 2024

L'ancienne judokate Marie-Michèle Saint-Louis Durhone, double championne d'Afrique, nous a quittés tôt hier matin à l'âge de 55 ans, à l'issue d'une longue maladie.

C'était une héroïne, pour avoir marqué de son empreinte l'histoire du judo et du sport mauricien. Elle fut, en effet, la première judokate à être couronnée championne d'Afrique. C'était lors de l'édition de 1992, qui se tenait chez nous, au gymnase Pandit Sahadeo.

Elle concourait dans la catégorie des -72 kg. «Les Championnats se tenaient à Maurice. Je peux vous dire que la compétition était dure, très dure. Malgré cela, j'ai tracé mon chemin jusqu'à la finale. Je ne me rappelle pas le nom de mon adversaire, mais je me souviens que c'était une Sénégalaise, et elle était très forte.

Je me rappelle aussi avoir, à un moment donné, marqué un Yuko, sans réaliser que cela me donnait la victoire. Et là, juste après, l'arbitre me désigne vainqueure. Je n'ai pu contenir ma joie. J'ai sauté, j'ai crié. Sur le moment, tout s'est arrêté autour de moi.

Peu après, je me suis retrouvée dans les bras du DTN (Ndlr : Directeur technique national) de l'époque, Frédéric Feuillet, de l'entraîneur Joseph Mounawah, des autres membres du staff technique, des membres de ma famille et de mes amis. Tout le monde me félicitait. L'ambiance dans les gradins était immense. C'était juste formidable», nous confiait-elle dans un article qui lui était consacré à l'occasion de la célébration des 60 ans de L'express.

Six années plus tard, soit en 1998, elle savourait sa deuxième consécration continentale, cette fois dans la catégorie des -78 kg, au Sénégal. Marie-Michèle reste, à ce jour, l'unique Mauricienne à avoir réalisé l'exploit de remporter deux titres de championne d'Afrique. Elle a régné en maître dans sa catégorie, au niveau local, durant plus d'une décennie.

De 1993 à 2003, elle n'avait pas d'adversaire à sa mesure, même sur le plan régional, puisqu'elle remporta l'or aux éditions 1993, 1998 et 2003 des Jeux des îles de l'océan Indien.

Marie-Michèle Saint-Louis Durhone compte également une participation aux Jeux olympiques, ceux d'Atlanta en 1996. Après sa carrière d'athlète, elle s'est reconvertie en coach, partageant sa passion et guidant plusieurs judokas sur la voie du succès. Elle a entraîné la sélection nationale seniors et, jusqu'à récemment, celle des cadets. Elle était également en charge de l'école de judo de Beau-Bassin.

Avec le départ de Marie-Michèle Durhone, le judo mauricien perd une véritable passionnée, une coach dévouée et l'une de ses plus illustres championnes. Ses funérailles auront lieu ce samedi à 14h00, à l'église Sainte-Odile, à Camp Levieux. À son mari Ricardo, à sa fille Tracy, à sa famille et à ses nombreux amis, L'express présente ses sincères condoléances.

Palmarès

1991 Vice-championne d'Afrique (-72 kg)

1992 Championne d'Afrique (-72 kg)

1998 Championne d'Afrique (-78 kg)

JIOI : participation aux Jeux de 1990, 1993, 1998 et 2003

1990 : Médaille de bronze (+72 kg)

1993 : Médaille d'or (+72 kg)

1998 : Médaille d'or (+ 78 kg) et en open

2003 : Médaille d'or (+ 78 kg) et par équipe

Témoignages

Priscilla Chery, head coach de l'équipe nationale senior :«Je n'ai pas de mots pour exprimer ma tristesse»

Elle a été, avec Marie-Michèle Saint-Louis Durhone, les deux grandes dames du judo mauricien dans les années 90 et début 2000. Actuellement en France, Priscilla Chery était en pleurs lorsque nous lui avons parlé au téléphone : «Je n'ai pas de mots pour exprimer la tristesse que je ressens. Avec Marie-Michèle, on a vécu tellement d'aventures, dont les Jeux olympiques d'Atlanta. On a partagé de bons moments. Pas plus tard que la semaine dernière, je regardais les photos et cela a ravivé en moi des souvenirs. C'est vraiment difficile pour moi, puisqu'en l'espace de moins de deux jours, je perds deux amies. Hier, c'était Jennifer Antou et aujourd'hui (Ndlr : vendredi 6 septembre), Marie-Michèle.»*

Anom Petrapermal, coach de l'équipe nationale senior: «C'était une véritable passionnée»

«Je me rappelle encore ses débuts au collège Royal de Port- Louis. Très vite, elle a montré des aptitudes qui lui ont valu une place dans la sélection nationale en 1989. De là, elle a connu un très beau parcours, avec des consécrations régionales et continentales. On a travaillé pendant de nombreuses années ensemble, et ce que je retiens d'elle, c'est qu'elle était une véritable passionnée.»

David Prosper, membre du comité directeur de la FMJ: «Une grande dame du judo s'en est allée»

«Je garderai de Marie-Michèle le souvenir d'une femme forte, passionnée et dévouée à la cause du judo. Elle ne s'absentait que très rarement et même si elle était malade, elle laissait toujours sa passion primer. Au nom des membres du comité directeur de la FMJ et de la grande famille du judo mauricien, je présente mes sympathies à la famille de Marie-Michèle.»

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