Algérie: Présidentielle - Et de deux pour Tebboune

8 Septembre 2024

On a assisté à une présidentielle "bis repetita',' le 7 septembre dernier en Algérie, avec un Abdelmadjid Tebboune en roue libre vers le Palais d'El Mouradia, pour la deuxième fois depuis qu'il est arrivé aux affaires en 2019 à la faveur de la démission forcée de son prédécesseur et valétudinaire Abdel Aziz Bouteflika.

Tebboune dont la réélection a été officiellement annoncée hier soir , a, en effet, écrabouillé ses deux supposés challengers, qui n'ont vu que du feu au terme de ce scrutin boycotté par près de la moitié du corps électoral algérien. C'est vrai qu'en terme de taux de participation qui était d'ailleurs le principal enjeu de cette présidentielle, on a évité la catastrophe de 2019.

Mais cette fois-ci encore, la légitimité du président réélu risque d'être remise en cause au regard de la faible affluence constatée devant les bureaux de vote partout en Algérie. Qu'à cela ne tienne ! Tebboune va continuer à diriger son pays envers et contre tout. Et en dehors de son âge (78 ans) qui, il faut le dire, est rédhibitoire pour cette haute fonction, rien a priori ne pourrait le contrarier, d'autant qu'il jouit de la confiance de la hiérarchie militaire et que les indicateurs macroéconomiques de l'Algérie sont au vert avec les prix du pétrole et du gaz naturel qui ont été dopés avec la poursuite de la guerre russo-ukrainienne.

Il ne faut pas totalement écarter les risques de révoltes populaires

Un quinquennat relativement tranquille donc en perspective pour "Tonton" Tebboune, même si, au regard de la sévérité implacable de son régime qui embastille, à tour de bras, les voix dissonantes, il ne faut pas totalement écarter les risques de révoltes populaires sous la houlette des jeunes exaspérés par le chômage et les petits boulots précaires.

Si cette fois-ci encore, les Algériens n'ont pas fait sortir le sortant par la voie des urnes, il n'est pas exclu, en revanche, qu'ils demandent sa démission en cours de mandat si le président réélu continue avec sa politique répressive dans un contexte de misère croissante et si ses compatriotes n'ont que la violence ou la traversée clandestine de la Méditerranée vers de supposés eldorados, comme solutions.

Pour conjurer le sort, le président Tebboune a déjà promis 450.000 nouveaux emplois et une hausse substantielle du salaire minimum, sans oublier le passage du simple au double du montant de l'allocation chômage mensuelle instituée en 2022. Il a également laissé entendre, pendant la campagne électorale, que des centaines de logements sociaux seront attribués aux plus démunis, et que les salaires des agents publics seront considérablement revalorisés.

Si on ajoute à toutes ces promesses mirobolantes, la lutte contre la corruption et la prévarication qui régnaient en maitres pendant le règne de son prédécesseur, on peut dire qu'il a toutes les chances de connaitre un destin politique bien meilleur à celui de ce dernier, qui a fini par quitter la scène par la plus petite des portes en 2019.

Tebboune devrait avoir l'intelligence politique de ne pas dormir sur ses lauriers

Beaucoup d'Algériens lui apportent également leur soutien en raison des tensions, de plus en plus, croissantes avec certains pays voisins, notamment avec le Mali et le Maroc et à cause de la fermeté qu'il affiche ouvertement vis-à-vis de ces derniers. Tout cela constitue donc des facteurs favorables sur lesquels "Tonton" Tebboune pourrait surfer pour s'imposer à ses compatriotes.

Mais il devrait avoir l'intelligence politique de ne pas dormir pour autant sur ses lauriers. Car, à la moindre exaspération du peuple, les choses pourraient partir en vrille, et le Hirak pourrait renaitre de ses cendres avec ses manifestations hebdomadaires qui pourraient être potentiellement déstabilisatrices et inarrêtables, le coronavirus qui avait éteint le mouvement en 2020 ayant été quasiment vaincu en Algérie.

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