En Côte d'Ivoire, des responsables d'organisations défendant la cause LGBTQ+, déplorent des dizaines de cas d'agressions verbales et physiques à caractère homophobes depuis la fin du mois d'août, alimentées par les réseaux sociaux. Le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) a appelé jeudi 5 septembre la population « à renoncer à l'usage de la violence dans l'expression de son désaccord », selon un communiqué. Le CNDH dit « croire fermement que la protection des droits des personnes LGBTQ peut et doit être menée » en « respectant les valeurs culturelles de la Côte d'Ivoire ».
« Non aux woubis », pouvait-on lire ces derniers jours sur les réseaux sociaux en Côte d'Ivoire, un terme qui désigne les personnes LGBTQ+. Selon des ONG locales, au moins une trentaine de cas d'agressions homophobes, physiques et verbales, ont été enregistrés ces derniers jours dans le pays, cinq plaintes contre X ont d'ailleurs été déposées pour « coups et blessures » ou « injures ».
Les activistes de la cause LGBTQ+ affirment être contraints de se cacher, craignant pour leur sécurité. L'un d'entre eux accepte de témoigner sous anonymat : « Certains ont été agressés, bafoués dans leur dignité parce qu'on les a mis nus. On reçoit des appels de menaces de mort. On nous recherche de partout. Il y a des photos et des logos des structures qui sont vulgarisées sur les réseaux sociaux. On a plus de vie. On est encore caché ».
L'homosexualité non pénalisée dans le pays
En Côte d'Ivoire, la loi ne pénalise pas l'homosexualité, contrairement à de nombreux pays africains. Interrogé sur ces agressions à l'issue d'un Conseil des ministres, le ministre porte-parole adjoint du gouvernement Mamadou Touré fait des clarifications : « Nous sommes dans un État de droit. Nul n'a le droit de se faire justice. Les lois ivoiriennes protègent tous les citoyens. La constitution et les différentes lois, notamment la loi sur le mariage, consacre le mariage entre deux personnes de sexes opposés. C'est-à-dire qu'en Côte d'Ivoire, c'est entre un homme et une femme ».
Fin 2021, la question de l'homosexualité avait surgi dans le débat public après de vifs échanges à l'Assemblée nationale. La mention de « l'orientation sexuelle » comme motif de discrimination avait été retirée du Code pénal.