Afrique de l'Ouest: FOCAC 2024, quelle lecture ?

9 Septembre 2024
analyse

Le Forum de coopération Chine Afrique, appelé communément FOCAC, qui vient de s’achever à Beijing, a encore battu un record d’affluence. Toutefois, il faut signaler que l’appellation de ce sommet ne doit pas masquer une image forte de diversité des représentations du continent à ce grand banquet de la coopération, même si du point de vue de son format il ya la constance dans la pratique diplomatique qui veut le pays d’accueil du dernier sommet co-préside pour la transmission du témoin.

Cette année c’est le tour du Sénégal qui avait accueilli le dernier FOCAC, au centre de conférence Abdou Diouf de Diamniadio, coïncidant avec l’arrivée au pouvoir du Président Bassirou Diomaye Faye, qui par ailleurs avait été désigné par ses pairs de la CEDEAO pour diriger la médiation dans le cadre de la crise qui sévit en son sein, et qui est à l’origine de la création de la confédération des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES).

C’est dire qu’en plus des enjeux économiques, le portage des questions sécuritaires était hautement attendu en ce sens dans la zone Afrique de l’ouest, c’est devenu plus qu’une question politique simplement, mais un enjeu de développement. Du point de vue symbolique, la plupart des observateurs ont noté la présence du président du Mali le colonel Assimi Goita perçu une des rares fois en civil depuis son arrivée au pouvoir, mais aussi l’absence du Général  Abdourahamane Tiani du Niger et du capitaine Ibrahim Traoré du Burkina, tous deux représentés par leurs ministres des affaires étrangères.

Si au niveau des principales conclusions du sommet, la plupart des délégations ont manifesté une certaine satisfaction, il y a à n’en pas douter un intense travail diplomatique qui a été mené en amont pour prendre en charge les questions géopolitiques multilatérales et bilatérales en même temps.

C’est vrai qu’en matière d’échange commerciaux on peut noter un engagements côté chinois de hisser le volume des échanges à 300 milliards de dollars à l’horizon 2025, ce qui en soit est à la portée des partenaires pour deux raisons.

D’abord ce volume est resté important même en pleine période de Covid19, car entre 2028 et 2022 les échanges sino- africains sont passés de 120 milliards de dollars à 282 milliards.

Ensuite depuis 2019 la Chine a initié une nouvelle stratégie d’importation avec le CIIE (Exposition Internationale des Importations de Chine) qui est une porte ouverte sur les besoins du marché chinois avec toute ses opportunités qui peuvent intéresser les africains dont certains bénéficient de tarifs préférentiels en Chine. Reste à voir s’ils ont les capacités de production à la dimension dudit marché.

C’est dire donc, que le positionnement de la Chine en Afrique n’est pas à sens unique, il s’agit également de tirer profit d’une coopération exemplaire notamment dans les domaines de la modernisation de l’agriculture pour une souveraineté alimentaire, sans oublier l’impératif pour les africains, de se doter d’un secteur de la santé et des médicaments performant, imposé par l’expérience de la Covid 19.

Par ailleurs, la coopération en matière de technologies dans le domaine de la prévention des catastrophes, des énergies renouvelables et des systèmes de surveillance, n’a pas été en reste, de même que les questions de sécurité, de lutte contre le terrorisme et la cybercriminalité. C’est dire que l’édition du FOCAC 2024 reste collée aux questions de l’heure, tout en traçant les perspectives d’une coopération, qui a terme, va redessiner la carte géographique des partenariats au niveau continental.

Espérons seulement que cette coopération puisse déboucher sur des transferts de technologie aptes à booster la souveraineté économique et le développement durable des partenaires africains.

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