Près de 24 heures après la fermeture des bureaux de vote en Algérie, les résultats officiels de l'élection présidentielle étaient toujours attendus au moment où nous mettions sous presse.
Une attente sans suspense, car le déroulement de la campagne a laissé entrevoir un scrutin sous contrôle, totalement verrouillé, avec une victoire attendue du vétéran Abdelmadjid Tebboune, 78 ans, face aux 2 autres concurrents, de véritables poids plume sur l'échiquier politique. En effet, ni celui que les analystes ont étiqueté comme un laïc, le candidat Youssef Aouchiche du Front des forces socialistes, ni Abdellaali H. Cherif du Mouvement de la société pour la paix (MSP), réputé proche des islamistes, n'a perturbé le sommeil du président sortant. Sûr de l'emporter de nouveau après une première élection en 2019, il s'est très peu investi dans la campagne, n'ayant participé qu'à 4 rassemblements de ses partisans, et pour cause !
Principal bénéficiaire de l'Hirak, le mouvement de protestation nationale contre un 5e mandat de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika, le président Tebboune, avec le soutien de l'ex-parti unique qui a des réseaux ainsi que des moyens logistiques et financiers conséquents, ne redoutait qu'une chose : une grande abstention des Algériens à aller voter. Mais sa direction de campagne, et avant elle le gouvernement tout entier, veillait pour que l'abstention historique avec un taux record de 60,11 % en 2019 ne vienne pas entacher la victoire de leur champion. A l'arrivée, le verre est à moitié plein, car selon les chiffres communiqués par l'Autorité nationale indépendante des élections, le taux de participation était de 48,03 % à la fermeture des bureaux de vote hier.
L'abstention record de 2019 a donc été évitée, ce qui donne plus de crédibilité à la démocratie algérienne, à la recherche d'un second souffle depuis une bonne dizaine d'années. Mais la participation à ce scrutin des 24,5 millions d'électeurs, en majorité des jeunes, reste en deçà des attentes des organisateurs et du gouvernement. Pourtant, ils pensaient avoir trouvé la panacée en appelant à une présidentielle anticipée pour éviter aux candidats et aux électeurs la rudesse de l'hiver, peu propice aux jamborees politiques et aux sorties pour s'aligner devant les bureaux de vote. Du reste, les transports en commun, bus et tramways, étaient gratuits samedi, jour du scrutin. Mais il faut croire que cela n'a pas suffi à déplacer au moins 50 % des électeurs vers les urnes.
Des observateurs pointent du doigt "une campagne médiocre" des 2 candidats de l'opposition, qui n'ont pas eu les bons messages pour faire rêver les Algériens, ainsi que la trop grande assurance du candidat du système qui n'a pas beaucoup bouger pour aller à la rencontre de ses électeurs. Pourquoi cette inertie du candidat Tebboune ? La faute à son âge, à une mauvaise stratégie de campagne, la confiance au bilan de son premier quinquennat ? Peut-être bien tout cela à la fois.
En attendant les chiffres officiels pour valider cette victoire sans surprise ni suspense du président Abdelmadjid Tebboune, on peut s'interroger sur la qualité de son leadership faite d'un imperium emprunté. Pas de quoi en tirer des fruits qui tiennent la promesse des fleurs de l'Hirak, plus de pain et de liberté pour tous les Algériens !