Au Cameroun, les autorités espèrent une rentrée scolaire 2024/2025 apaisée, lundi 9 septembre, après des années de perturbations liées notamment à des revendications sociales des enseignants. Les multiples révendications et grèves ont été regroupées au sein du mouvement OTS (« On a trop supporté » ou « On a trop souffert »).
Au Cameroun, plus de 3 millions d'élèves du primaire et du secondaire reprennent le chemin des classes ce 9 septembre 2024, à la faveur de la rentrée scolaire 2024/2025. Une rentrée que le gouvernement espère un peu plus apaisée, après des années de troubles marquées entre autres par de multiples grèves des enseignants, rappelle notre correspondant à Yaoundé, Polycarpe Essomba.
Pour ce lundi de rentrée des classes, aucun syndicat enseignant n'a appelé à la grève. Les enseignants sont donc attendus à leurs postes respectifs, même si, avancent-ils, leurs revendications sont, pour l'essentiel, toujours d'actualité.
« Nous voulons donner une chance au gouvernement de faire montre de sa bonne foi dans la prise en compte de nos problèmes et surtout de leurs résolutions », déclare Tenkeng Samory Touré, porte-parole du mouvement OTS, qui évoque une sorte de trêve dans les opérations de blocus des enseignements. Le mouvement s'est spécialisé dans ces opérations ces deux dernières années, avec diverses actions, soutenues par un chapelet de revendications touchant aussi bien à leurs conditions de vie que de travail.
Un Forum national de l'éducation attendu de pied ferme
Très attendu, il y a l'élaboration du statut de l'enseignant. Ils espèrent qu'il sera discuté au cours du forum national de l'éducation, annoncé et promis par le gouvernement pour avril 2024, mais qui se fait toujours attendre. Pour les syndicats des enseignants, la date butoir raisonnable pour la tenue de ces assises, c'est fin décembre.
Au-delà de cette date, et si rien n'est fait, les syndicats et le mouvement OTS indiquent qu'ils pourraient être obligés de tomber à nouveau la craie.
Rentrée scolaire au Cameroun: la question sécuritaire scrutée dans les régions majoritairement anglophones À scruter également, au cours de cette rentrée scolaire, la situation dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, dans lesquelles l'éducation des enfants pâtit du contexte de crise sécuritaire qui y prévaut. Dans ces deux régions à majorité anglophone, les groupes séparatistes ont imposé un confinement pour les deux semaines à venir et de nombreux parents n'osent plus envoyer leurs enfants à l'école.
Des tensions au moment de la rentrée qui se répètent depuis 2016, au grand regret de Valentine Semma, président du syndicat des enseignants au Cameroun qui a fait paraitre un communiqué à ce sujet dans le week-end.
« Cela fait presque huit ans d'affilé que la crise a débuté dans les régions nord-ouest et sud-ouest du Cameroun, dans le cadre de la lutte pour la réforme du système éducatif et plus particulièrement celui du système éducatif anglais, affirme-t-il au micro de Welly Diallo. Depuis, les enseignants de ces deux régions ont fait l'objet de très sérieuses menaces. Nombre d'entre eux ont perdu la vie, ont été kidnappés. Un confinement nous a été imposé pour environ deux semaines. On n'est pas censé aller à l'école, les enfants doivent rester à la maison. Ils ne pourront commencer les cours qu'à partir du 2 octobre. C'est vraiment très perturbant pour nous, vraiment très très inquiétant pour nous. L'école devrait être un endroit libre. L'environnement scolaire, les apprenants, les enseignants, ne devraient être soumis à aucune forme de menaces ou préjudices ».
Différentes autorités locales ont assuré ces derniers jours que des dispositions ont été prises pour une rentrée scolaire effective et apaisée mais des craintes subsistent du fait notamment des activités et des incursions des miliciens indépendantistes.