La région de l'extrême -nord a les pieds dans l'eau. La situation a des conséquences sur la rentrée scolaire dans les localités sinistrées, comme dans le village de Domo.
« Il faut qu'on se dise les vérités, dans les zones rurales, l'effectivité de la rentrée scolaire sera difficile parce que certaines écoles sont occupées par les sinistrés pour un recasement et les parents ne sont pas aussi prêts pour que les enfants partent à l'école c'est une réalité sur le terrain parce que notre canton n'a pas souvent été très touché par les inondations mais cette fois, nous comptons 4 villages sur les 8 qui sont inondés comme chez moi à Domo, ceux qui habitent le village ne peuvent pas le quitter pour venir à l'école principale de Domo », explique Jean Claude Fort Lamy, conseiller municipal à Yagoua.
Dans le département du Mayo-danay, Yagoua la ville principale est coupée en deux. Selon les autorités locales en charge des enseignements secondaires et de l'éducation de base, près de 2000 élèves vont éprouver des difficultés à se rendre à l'école.
« Si nous devons nous comporter comme des êtres résilients comme on le faisait à notre époque, oui, il y aura rentrée scolaire, mais si nous pensons que les inondations annoncées et vécues par tout le département du mayo-danay constituent un obstacle, tout le monde va rester à la maison; pour nous la véritable question c'est même après les inondations quel va être l'état des infrastructures d'accueil donc il faut que nous réfléchissions à tout ça pour pouvoir permettre aux enfants dans cette partie du Cameroun de ne pas rater le train de la rentrée scolaire », d'après Mamadou Boukar Alifa, président de l'association pour le développement du Mayo-Danay.
Le gouvernement n'envisage pas de décaler la rentrée scolaire dans la région. Les élites ont eu recours aux jeunes volontaires pour transporter les élèves par pirogue vers leurs établissements scolaires. « Ça fait un peu peur à l'idée de penser que les jeunes vont aller à l'école alors que la route est coupée par les eaux, plusieurs vont se décourager on s'est dit quelles solutions nous pouvons mettre sur pied, nous avons pensé qu'on pourrait mettre les pirogues qui vont relier les villages inondés aux différents établissements scolaires; je me dis que ce sont des solutions qui peuvent fonctionner parfaitement », soutient Saninsana Vounsoumna, ingénieur des mines et ressortissant du département du mayo-danay.
« Les élèves sont nombreux, il faut un grand nombre de pirogues mais nous pensons que les personnes qui ont des véhicules peuvent aider les élèves à traverser mais il faut envisager dans le futur comment faire en sorte que l'eau soit rentable pour la population mais la solution des pirogues est limitée », nuance Jean Claude Fort Lamy, conseiller municipal de la ville de Yagoua,
La situation sanitaire inquiète aussi. « Depuis environ une ou deux semaines, avec les inondations il est à craindre l'apparition de certaines maladies hydriques, notamment le cholera ; pour l'instant le gros du travail c'est la charge des cas de paludisme, beaucoup ne parviennent à joindre l'hôpital parce qu'il y a des routes qui sont coupée ; presque le tiers des patients que nous recevons souffrent du paludisme », selon Pierre Laoussou est directeur de l'hôpital régional annexe de Yagoua.
8 600 maisons ont été détruites depuis le mois de juillet, à la suite des pluies diluviennes dans la région de l'extrême-nord. Le bilan dressé fin août par le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies au Cameroun fait état de 7 morts.