Une vague de répression déferle en Tanzanie et fait craindre un retour aux années les plus sombres du pays. Plusieurs détracteurs du gouvernement ont été portés disparus, ces derniers mois.
Dimanche 8 septembre, un membre du parti d'opposition Chadema a été retrouvé mort, après avoir été enlevé par des hommes armés. Il s'agit d'Ali Mohamed Kibao, membre du secrétariat national de Chadema. Sa disparition, loin d'être un cas isolé, fait craindre un retour aux politiques répressives de l'ancien président John Magufuli, estiment les défenseurs des droits humains.
L'actuel chef de l'État, Samia Suluhu Hassan, a ordonné une enquête sur la mort d'Ali Kibao, mais l'opposition tanzanienne n'est pas convaincue.
Avant Ali Mohamed Kibao, il y a eu Dioniz Kipanya, un cadre de Chadema, porté disparu en juillet, dans la région de Rukwa, dans le sud-ouest de la Tanzanie. Un mois plus tard, trois autres leaders du parti d'opposition, ont été enlevés à Dar es Salaam, la capitale, et on est toujours sans nouvelles d'eux.
Cette vague de répression, la première depuis l'époque de John Magufuli, se serait soldée par la disparition de quatre-vingt-trois personnes, en sept mois, selon l'association nationale du barreau tanzanien, Tanganyika Law Society.
« Nous ne sommes pas du tout en sécurité »
Une situation dénoncée par John Mirema, le porte-parole du parti Chadema : « Nous ne sommes pas du tout en sécurité. Tout le monde est inquiet, y compris moi-même, je ne sais pas si je verrai demain. Chaque fois que les gens quittent la maison, ils doivent dire au revoir à leur famille parce qu'ils ne savent pas s'ils auront la chance de les revoir. Le régime de Magufuli est en train de revenir et à toute vitesse. Sous le régime de John Magufuli, nous avons vécu la même chose, mais maintenant, ces incidents se produisent partout dans le pays et, fait nouveau, il n'y a pas d'enquête, ni de chef d'accusation. Sous Magufuli, parfois, nous étions traduits devant la justice et on nous infligeait de fausses accusations, mais maintenant les gens disparaissent tout simplement et on ne peut pas trouver leurs corps ».
Dimanche, la présidente Samia Suluhu Hassan a déploré la mort d'Ali Mohamed Kibao et ordonné une enquête policière, mais l'opposition réclame une enquête indépendante, accusant cette même police d'être derrière la répression.
Par ailleurs, cette vague de répression intervient à l'approche des élections présidentielles et parlementaires en Tanzanie, en octobre 2025, les premières depuis la mort de John Magufuli.