En marge de la journée internationale de la paix, célébrée le 21 septembre de chaque année, Radio Okapi a organisé, le 4 septembre à Kinshasa, une émission publique « Okapi Service » autour de la question de la désinformation et des dangers qu'elle fait peser sur la paix. Parmi les invités, des experts de l'information, des artistes ainsi que des associations de jeunes et d'étudiants. Tout cela suivi par un public attentif et curieux, sur le thème : « La désinformation : un fléau qui mine la paix ».
Dans un environnement national et international où la désinformation et la mésinformation font planer de réelles menaces pour la paix, pour la Division de la communication stratégique et de l'information publique de la MONUSCO il était nécessaire de célébrer la journée de la paix en attirant l'attention de l'opinion sur ces questions. « Chaque année, a rappelé Amadou Ba, directeur adjoint de la Radio Okapi, le monde entier observe la journée internationale de la paix, instaurée pour la première fois en 1981. Depuis lors, cette journée est devenue un symbole mondial de renforcement de la culture de la paix, de la prévention et de la résolution pacifique des conflits ».
Dans certains endroits du pays, du fait de fausses informations, la paix est menacée. Pour preuve : des Casques bleus accusés, à tort, d'aider des groupes rebelles ont été empêchés d'intervenir afin de sécuriser des personnes menacées par l'activisme de groupes armés. « La paix n'est pas un slogan, il faut la vivre au quotidien », a insisté M. Ba, ajoutant : « Vos contributions sont précieuses dans notre lutte contre la désinformation, la mésinformation et les discours de haine qui sont des obstacles majeurs à une paix durable en RDC ».
Les interventions des participants ont a rapidement tourné autour de la question de la régulation des réseaux sociaux. Ismaël, un auditeur, a déploré l'absence de toute régulation : « Nous avons les réseaux sociaux qu'on a laissés comme un orphelin de père et de mère. C'est comme s'il n'y avait pas l'État pour réguler la façon dont on peut diffuser l'information ».
« Okapi Service » étant une émission de débats, ce sont aussi des points de vue qui s'opposent. Ainsi, Adjayi Kodjo Ndukuma, professeur de droit numérique, a soutenu davantage l'éducation à la régulation. Pour lui, il est nécessaire que l'opinion sache comment vérifier les informations qui lui parviennent par les nombreux canaux de diffusion. « Il faut éduquer les gens à ne pas relayer de fausses informations pour interrompre le circuit du buzz », a souligné l'enseignant.
Des artistes étaient aussi de la partie, d'où la question : et l'art dans tout ça ? Pour le slameur Yekima De Bel Art, l'art peut aider à la lutte contre la désinformation. Il nous dit ici de quelle manière : « L'art est une puissance, un pouvoir. Nous sommes des ambassadeurs de valeurs mais il faut s'en rendre compte. Ce n'est qu'à travers le texte, l'art, la composition, que l'on peut inviter les gens à cultiver la culture de la paix », a-t-il argumenté. En effet, l'art, par sa capacité à toucher les coeurs et les esprits, peut jouer un rôle important dans la construction de la paix.
Ce numéro en public et en direct du magazine « Okapi Service » a permis de jeter un regard lucide sur les dangers que fit courir la propagation de fausses informations à la recherche de la paix dans le pays. Elle a mis en lumière le besoin d'actions concertées, impliquant tout à la fois décideurs, citoyens, artistes, jeunes, en somme les communautés d'une manière générale.
La journée internationale de la paix sera une occasion de plus de rappeler l'importance d'une information vérifiée et responsable pour le retour de la paix en RD Congo.