La famille de John Mick Martingale a retenu les services de Mes Sanjeev Teeluckdharry et Samad Golamaully, après son décès jugé troublant à la prison de Beau-Bassin.
Le cuisinier de 33 ans, habitant Curepipe, en détention provisoire pour trafic de cocaïne liquéfiée, a été retrouvé sans vie. Il se serait pendu dans sa cellule. La thèse du suicide ne semble toutefois pas plausible pour ses avocats, qui ont adressé une lettre au Directeur des poursuites publiques (DPP), Me Rashid Ahmine, au commissaire de police, Anil Kumar Dip, et au commissaire des prisons, Jagadisen Rungadoo.
Dans leur correspondance, Me Sanjeev Teeluckdharry explique que John Mick Martingale est apparu pour la dernière fois devant la cour d'assises le 5 septembre. Il n'avait montré aucun signe de dépression ou de tristesse qui aurait pu laisser penser à une tendance suicidaire. Au contraire, il semblait confiant quant à sa libération sous caution, d'autant plus que le bureau du DPP avait retiré sa demande de révision de mise en liberté sous caution.
Me Teeluckdharry relate que John Mick Martingale avait parlé à son père. Le défunt avait hâte de retrouver sa compagne, son fils mineur et ses parents. L'avocat demande au DPP d'ouvrir une enquête judiciaire. Il souligne qu'il est urgent que le lieu des faits soit protégé contre toute contamination et que les témoins pertinents, ainsi que les codétenus, soient interrogés et transférés dans une autre prison pour leur sécurité. Une enquête sérieuse doit être menée afin d'éviter toute dissimulation. Selon nos informations, sa compagne lui avait rendu visite le 6 septembre.
Dans une lettre adressée à la prison, Me Golamaully a formulé plusieurs demandes de clarification concernant les circonstances entourant la mort de son client. Parmi les questions soulevées, la famille souhaite obtenir des réponses précises sur les points suivants : quelle était la cellule dans laquelle John Mick Martingale aurait prétendument mis fin à ses jours ? Pourquoi a-t-il été transféré de sa cellule habituelle ? S'il était en détention solitaire, pourquoi n'était-il pas sous surveillance constante ? A-t-il laissé une note de suicide ? Avec quoi s'est-il pendu ? Quels agents pénitentiaires ont eu un conflit avec M. Martingale avant sa mort ? Qui étaient les agents en service le jour du transfert et du décès ? Pourquoi la famille n'a-t-elle pas été informée immédiatement après la découverte du corps ?
L'autopsie, pratiquée par le Dr Ananda Sunnassee, a conclu que le détenu est mort d'une asphyxie due à la pendaison.
Pour rappel, John Mick Martingale, qui travaillait à l'étranger, avait été arrêté en octobre 2022 après avoir été incriminé par deux passeuses ukrainiennes : Mariia Peresolkina, actrice et influenceuse de 26 ans, et Olena Levina, 30 ans. Cette affaire a connu plusieurs rebondissements en cour.
Le témoignage flou de l'enquêteur ainsi que la contradiction entre la valeur de la drogue déclarée par l'ancien enquêteur (Rs 1 200 000) et celle indiquée par le nouvel enquêteur (Rs 44 886 000) ont soulevé des questions. De plus, le manque de preuves concernant le risque de récidive, la manipulation des preuves, et l'ingérence avec les témoins et autres suspects ont également joué un rôle dans la décision d'accorder la liberté conditionnelle à John Mick Martingale.
Le DPP avait fait appel de sa libération sous caution, puis avait retiré son appel et déposé l'affaire principale devant la cour d'assises. John Mick Martingale avait de nouveau demandé sa libération sous caution, mais celle-ci avait été reportée. Lors de sa précédente comparution devant la cour d'assises, le juge avait déclaré qu'il envisagerait la libération du suspect le 7 octobre, en tenant compte de la décision de la Bail and Remand Court et du retrait de l'appel.
L'activiste Bruneau Laurette, dans un affidavit juré alors qu'il était détenu à Melrose, avait parlé d'une enquête concernant certains jeunes qui se réunissaient à Rivière-Noire lors de fêtes sous l'influence de la drogue. Bruneau Laurette avait mentionné, dans son affidavit, des jeunes qui dépensaient jusqu'à Rs 100 000 lors de fêtes privées à Rivière-Noire, dans un jeu communément appelé «la ligne blanche», et avait donné plusieurs initiales. Il avait annexé une photo affirmant que John Mick Martingale faisait partie du groupe. S'apprêtait-il à faire des révélations avant sa mort ? Le mystère plane.
Un portable retrouvé... les caméras hors service
Selon nos informations, les gardiens de la prison de Beau-Bassin avaient retrouvé un téléphone portable en possession de John Mick Martingale le matin, avant sa mort. Le téléphone a été saisi. De plus, nous apprenons qu'il occupait une cellule en compagnie de deux autres détenus mais, pour des raisons que l'on ignore encore, John Mick Martingale a été transféré juste avant sa mort vers une autre cellule qu'il a occupée seul.
Et les caméras de surveillance ? «Aucune ne marche», nous dit une source. Quid des marques sur le corps du défunt ? Alors que l'autopsie a conclu que le détenu est mort d'une asphyxie due à la pendaison, nos sources indiquent que John Mick Martingale portait plusieurs marques sur son corps et qui ne semblaient pas correspondre à des blessures causées par une pendaison.