La capitale camerounaise, Yaoundé, fait face à une crise sans précédent dans la gestion des déchets. Un échange de correspondances entre Célestine Ketcha Courtès, ministre de l'Habitat et du Développement urbain (Minhdu), et Luc Messi Atangana, maire de la ville, met en lumière l'incapacité du gouvernement à résoudre ce problème chronique d'insalubrité.
Dans une lettre datée du 3 septembre 2024, la ministre Ketcha Courtès rappelle au maire les actions urgentes demandées pour mettre fin à l'insalubrité persistante de Yaoundé. Cette correspondance fait suite à une réunion de crise tenue le 18 juillet 2024, où l'opération « Coup de poing, Yaoundé sans poubelles » avait été lancée. L'objectif était clair : débarrasser la ville de ses monticules d'ordures en urgence.
Les recommandations de la ministre comprenaient l'installation de plaques d'interdiction de dépôts d'ordures, la contractualisation d'avenants avec les entreprises Hysacam et Thychlof, et la révision des contrats en cours d'attribution pour une meilleure planification de la collecte. Cependant, la réponse du maire Messi Atangana révèle une réalité bien plus complexe.
Selon le maire, les entreprises de collecte font face à des obstacles majeurs dus à un manque de financement, entravant le fonctionnement régulier des camions. Il souligne l'insuffisance du budget municipal pour couvrir les coûts permanents liés à la gestion des déchets. "Le seul budget de la mairie de la ville de Yaoundé, déjà faible par rapport à l'ampleur des missions à accomplir, ne peut pas faire face aux charges d'enlèvement des ordures ménagères," déplore-t-il.
Messi Atangana appelle à un "déblocage spécial de fonds" par le gouvernement et à un assouplissement des procédures de sélection des entreprises. Il critique également la lenteur du recrutement de nouveaux opérateurs pour remplacer les contrats expirés d'Hysacam et Thychlof.
Pendant ce temps, la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) a lancé un appel d'offres international le 5 juin 2024 pour recruter quatre prestataires, avec un coût estimé à 61,8 milliards de FCFA. La date limite de remise des offres a été repoussée au 20 septembre 2024.
Cette situation chaotique persiste malgré les instructions du président Paul Biya, qui avait demandé au gouvernement de trouver une solution rapide et durable à la gestion des déchets dans son allocution du 31 décembre 2023.
À long terme, le gouvernement envisage des réformes importantes, comprenant la construction d'infrastructures modernes, l'accompagnement des collectivités territoriales décentralisées, la mobilisation de financements, et l'élaboration de nouvelles stratégies.
Cependant, alors que les autorités se renvoient la balle, Yaoundé continue de crouleR sous les ordures. Cette crise met en évidence les défis structurels auxquels font face les villes africaines en pleine croissance, où l'urbanisation rapide se heurte souvent à des infrastructures et des budgets inadéquats.
La résolution de cette crise nécessitera une coordination étroite entre les différents niveaux de gouvernement, un financement adéquat, et peut-être une refonte complète du système de gestion des déchets. En attendant, les habitants de Yaoundé continuent de subir les conséquences de cette impasse, avec des implications potentiellement graves pour la santé publique et l'environnement.