La ville de Mbour pleure ses morts et espère retrouver ses disparus. Elle a connu encore des décès le week-end, suite au chavirement d'une pirogue transportant des candidats à l'émigration irrégulière vers les Îles Canaries, en Espagne.
Le drame s'est produit dans la journée du dimanche. Selon des informations recueillies par les premiers intervenants auprès des naufragés, une pirogue de retour d'une partie de pêche est tombée sur une embarcation renversée, entourée de personnes accrochées à des bidons d'essence et des corps sans vie.
Si les rescapés de l'odyssée macabre ont été pris en charge par l'hôpital Thierno Mamadou Mansour Barro de Grand Mbour, les corps sans vie ont fait l'objet d'identification. Il est dénombré, dans un premier temps, un nombre de quatre décès. Une collégienne en classe de quatrième est du décompte macabre.
La série macabre continue de plus belle. Une embarcation de la Marine nationale, visible du rivage, a mené toute la journée d'hier des recherches pour retrouver des disparus ou repêcher des corps sans vie. Des rescapés encore sous le choc et l'émotion ont du mal à raconter leur mésaventure. Une seule question est posée : «qui seront les prochaines victimes des sirènes dévoreuses de l'océan ?»
La mer engloutit encore et fait son plein. Le mal des passions dans l'agglomération mbouroise et le long du littoral et sur des kilomètres se résume à tenter l'exploit d'aller aux Canaries, au prix de sa vie. Des investigations menées ont permis de retenir que les candidats à l'émigration irrégulière sont recrutés dans toutes les couches de la société et de tous les âges. Les mobiles du voyage se résument à des questions économiques pour certains.
A l'opposé, à Mbour, des individus à l'abri du besoin se comptent dans le lot des candidats à l'émigration irrégulière. A titre d'exemple, un chef d'atelier avait déposé une somme de plusieurs centaines de milliers de francs CFA auprès d'un boutiquier, pour la dépense quotidienne pour des mois et des mois. Sur le plan social toujours, des écoliers ont quitté les classes pour tenter la périlleuse traversée de l'Atlantique. La seule explication recueillie est l'appât du gain.